Club du petit-déjeuner
Il n'y rien de plus vide que feuille blanche. C'est là, tout un néant qui s'offre à l'être. Un espace désolant et déroutant, sans la moindre trace d'espoir. Une feuille blanche, c'est silencieux. Assommant de possibilité, comme si l'infini s'abattait sur tes épaules. Tu te retrouves sans crier garde au pied de la Tour de Babel dont tu ne maitrises aucune langue.
La sienne finit par claquer.
Un soupir exténué puis le lourd poids du crâne qui s'écrase contre le bureau. "Putaaaain" échappe à sa gorge enrouée. Car il n'y aurait rien d'autre à dire. Rien que ce juron ne porterait dans ses sens. La rage - celle d'avoir était pris sur le fait, comme un noob. La colère - de cette impression d'injustice quand le couperet de la menace du classement est tombé. La peur. La peine. La haine.
Un marasme aspirant, dégoulinant de sentiments néfastes et sombres. Un marais qui s'incarne en cette double heure de retenue et attaque à coups de sabre avec la question de ce stupide essai qui lui pend au nez.
"Pourquoi et comment respectez les valeurs du classement fait de moi un être meilleur ?"
Les dents se choque et s'entrechoque, crissent : "Ok, breakfast club. " qu'il n'articule pas. Le visage face contre table, se détourne. La joue presse à défaut d'être pressé et le regard s'égare. Salle vide. À l'exemption faite et notable, de cet autre être dont la présence n'étonnerait nulle oreille attentive aux réputations.
-Hey sunshine ! est soudainement balancé sans entrain, ni énergie.
Et le corps se déplie - on jurerait entendre les articulations osseuses agoniser sous l'effort. Mollement, Billy s'extirpe de sa chaise pour parcourir les quelques mètres qui le sépare du brun. Il tire une chaise, la retourne et s'assoit ventre contre dossier face à son camarade.
-T'as quoi ? Montres ! qu'il demande sans ménagement.
Sans attendre de réponse la main du jeune fêtard a déjà retourné la feuille du brun.