La pluie d’étoiles filantes des Léonides était supposée être visible de nuit pour la presque totalité du mois de Novembre, mais ce soir était le moment où leur activité allait enfin atteindre son paroxysme.

C’était la première fois que Nova allait être en mesure de les voir, même si ce n’était pas la première fois que l’essaim de météoroïde était visible de là où il était. Il fallait dire que la vue qu’il avait à partir du petit appartement qu’il partageait à l’époque avec sa grand-mère à Kraków consistait plus d’un mur de briques que du ciel, et il n’y avait tout simplement aucune chance qu’elle l’aurait laissé sortir de la sorte à une heure pareille.

Et avant ça… Avant ça, il préférait ne pas y penser.

Nova avait passé des jours à tout planifier. Il s’était assuré de vérifier quand allait être le meilleur moment pour sortir du bâtiment sans qu’un des adultes ne remarque son absence. Au final, il avait décidé de se glisser en dehors des murs de Prisme juste après que le dîner ait commencé, se disant que dans le chaos général qui tendait à se produire autour de l’heure du repas, il y avait peu de chance qu’on lui porte attention. Pas que les gens aient l’habitude de le remarquer la majorité du temps, mais on n'était jamais trop prudent. Il avait même averti Angst qu’il n’allait pas être là ce soir, au cas où son ami se décide à venir dormir dans sa chambre avec lui.

Il avait passé une bonne partie du weekend qui venait de se terminer à réfléchir à où il allait bien pouvoir passer la nuit avait de se décider à aller dans la petite cabane qui se trouvait à l’orée de la forêt, espérant que personne d’autre ne s’y trouve déjà. Il avait même prévu un second emplacement au cas où un autre des pensionnaires de Prisme ait décidé de passer la soirée dans la cabane.

Dans son sac, il avait mit quelques snacks, une bouteille d’eau, et s’était revêtu son manteau le plus chaud afin de combattre le froid que les nuits de Novembre tendaient à apporter; il allait en avoir bien besoin, au vue de la condensation qu’il pouvait voir se former dans l’air à chacune de ses respirations. Il avait même apporté ses devoirs de la journée afin de passer le temps et apaiser le sentiment de culpabilité que sa petite excursion n’avait pas manqué de lui causer. Parce que si c’était une chose de sortir du périmètre de Prisme en plein jour quand il n’était pas supposé le faire, s’en était une autre de rester dehors toute la nuit alors qu’il savait que c’était contre les règles de l’orphelinat.

Quelque part dans un coin de sa tête, Nova savait que ce n’était pas une bonne idée. Et si jamais il se faisait prendre, non pas en dehors de sa chambre mais en dehors de l’orphelinat après le couvre-feu? Il n’y avait tout simplement aucune explication satisfaisante qu’il aurait été en mesure d’offrir afin d’éviter la punition qu’on allait sans doute lui donner.

Et normalement, la chose aurait été en mesure de l’en dissuader, sauf que voilà, il avait attendu durant des jours pour la voir, et rien ni personne n’aurait été en mesure de le convaincre de laisser tomber.

Ici, il était enfin loin de tout le monde, loin des complications, du stress, de l’incertitude. Ici, il pouvait presque prétendre que l’orphelinat, avec ses règles et son classement, n’existait plus le temps d’un instant.

Se saisissant de son téléphone, Nova déverrouilla ce dernier afin de vérifier l’heure. 20h48. Il avait encore une chance d’arriver à retourner aux dortoirs avant le couvre-feu s’il partait maintenant.

À la place, il remit son portable dans la poche de son manteau avant de poser ses bras sur le rebord de la fenêtre, son menton reposant au-dessus de ceux-ci et ses yeux rivés sur le ciel.