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 :: Après le rp :: Archives :: RPs archivés
De travers ft. Crow
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Lun 28 Déc - 13:42
Si Ruby pouvait y échapper, elle le ferait avec plaisir.

Mais esquiver ce moment, ça serait trop s’afficher. Ça serait prendre le risque de révéler de manière public son souhait le plus cher.

Faire brûler ces bouts de papier qui font si mal.

Alors elle vient. Et comme tous les autres pensionnaires de Prisme, elle découvre chaque semaine son classement. Le classement. Cette chose qu’elle hait par-dessus tout dans cet orphelinat. Comme d’habitude, elle attend derrière que les plus grands voient leur résultat. Car elle est trop petite, et Ruby n’a pas envie d’entrer dans la mêlée. Alors elle attend patiemment que le tableau se dégage, et qu’elle constate toujours la même chose. 23ème. Encore. Sa routine habituelle. Sa position varie entre 22ème et 24ème. Pas plus, pas moins. L’ancienne Emma se contente d’exister dans ce classement qui l’insupporte. L’ancienne Emma pourrait faire mieux, mille fois mieux. Elle le sait pertinemment. Mais elle n’en a pas envie. Alors elle continue d’exister dans ce classement qui ne fait pas sens à ses yeux d’enfants.

Devant elle, l’enfant regarde ses camarades s’exclamer de joie. Certains ont gagné quelques places, et affichent leur fierté face aux autres. Leurs efforts paient. Et Ruby pourrait les comprendre si elle ne détestait pas déjà de trop le concept même de ces nombres qui montent et qui baissent en permanence sans que personne n’ait jamais trop compris la grille de calcul. A côté de ceux-là, il y a ceux qui ont le visage fermé, triste, ceux qui ont perdu des places. Rares sont ceux qui ne sont pas affectés par ces changements de numéro. La majorité prend au sérieux cette compétition, au plus grand désarroi de la rouquine. Et enfin, il y a ceux qui pleurent. Ceux qui laissent échapper des larmes de tristesse, mais aussi des larmes de peur. Peur qui lui serre les entrailles alors que ce n’est pas la sienne. Peur qui ne devrait pas exister dans le cœur des orphelins.

Petit à petit, les gens se dispersent. Mais Ruby ne bouge pas. Elle en a envie, mais elle ne le fait pas. Parce que la rouquine sent ce regard sur elle. Ce regard qui ne la lâche pas depuis déjà un long moment. Ses yeux frénétiques n’ont pas mis longtemps à comprendre qu’elle était devenue l’objet d’intérêt d’un autre pensionnaire. Alors l’ancienne Emma a elle aussi fait ses petites recherches. Crow. 17 ans. 7ème année. Section criminologie et sciences politiques. Les informations de base. Après cette carte d’identité facile à trouver, la rouquine a exploité ses talents pour déceler. Elle a laissé ses yeux courir, observer, et déduire. Déduire que c’est un garçon plein d’assurance, mais probablement une fausse assurance. Qu’il donne à certains, là où il aimerait qu’on lui donne. Un gars qu’on déteste parfois, qu’on admire tantôt, ou qu’on ne comprend pas pour les autres.

Ruby elle-même n’est pas sûre d’avoir encore tout compris.

Mais il y a une chose dont elle est certaine. Il se laisse volontairement tomber dans le classement. Elle a guetté son nombre, et il ne fait que décroitre violemment depuis son arrivée, jusqu’à atteindre l’avant dernière place. A la différence des autres pensionnaires, il n’affiche aucune réaction particulière, si ce n’est peut être une légère satisfaction, comme s’il était fier de lui. L’ancienne Emma ne comprend pas. A quoi rime un tel geste dans un orphelinat où l’élitisme est encouragé.  Les secondes passent, et la rouquine ne bouge toujours pas. Elle aurait milles occasions de couper cet échange sans mot avec l’adolescent. Mais elle n’en a saisi aucune.

Bientôt, il ne reste plus qu’eux deux, l’un à côté de l’autre, les yeux rivés sur le classement. Alors, sans qu’elle ne se l’explique véritablement, l’enfant laisse échapper quelques mots.

Pourquoi tu fais exprès de te laisser tomber dans le classement ?

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Mar 29 Déc - 3:13
Regarde-moi te regarder.


Crow est un gardien à ses propres idées, figé devant le classement. Crow est un oiseau, ce jour-là, un oiseau de proie, qui contemple le festin humain qu’est le grondement organique de ces têtes rassemblées toutes au même endroit. En face du bureau de Mercury se joue la désopilante attraction d’un capitalisme d’intellects, d’idées. Crow en a presque l’envie de rire.

Mais Crow ne rit pas.
Crow ne bouge pas.

Les lèvres immobiles, il considère un résultat ni satisfaisant ni décevant. Un résultat, une donnée considérée, que Crow fixe, sans avoir quelque chose de particulier à en dénoter. Le fait est, le grand secret, c’est qu’il y a un labeur à mener.  Les lèvres immobiles, les yeux silencieux, pour ne rien exprimer, pour ne rien dévoiler, il reste là, les mains dans les poches, avec son tailleur serré, avec ses cheveux ramenés sur le côté, avec cette attitude faussement détachée d’une nonchalance travaillée. Au final, Crow n’est même plus sûr, dans ces moments-là, de mentir   ou d’être juste las, blasé. Il est là, parce que c’est ce qu’impliquent ses choix, c’est la trajectoire calculée de ses caps commandités récemment, et il se distingue sans vraiment le vouloir au milieu de ce putain de couloir, parce qu’il regarde le classement comme on regarde la tombe d’un inconnu.
Il ne sait pas. Il ne sait pas. Son cerveau chantonne.

Quarante neuvième, encore une fois, avec Castor allongé sous la ligne de son identité, de son score achevé. Le sourcil redressé, les lèvres immobiles, et le nez un peu en l’air, l’air d’en avoir rien à carrer. Il est presque onze heure, les gamins bouillonnent autour de lui, les plus vieux ont déjà commencés à s’éloigner, et ses yeux à lui ne lâchent pas le classement. On rit doucement, on s’écarte, on retourne vaquer à ses occupations, et Crow se demande si, à force de fixer le tableau, celui-ci ne pourrait pas prendre feu. Comme dans les romans de magie, comme dans les romans dans lesquels les protagonistes sont chanceux. Il se le demande, fort, et ses yeux finissent par se déloger de son nom qui ne veut rien dire, et il rencontre les yeux, trop clairs, d’un organisme aussi humain que lui.

Pendant un instant, rien qu’un instant, Crow ne sait plus s’il se sent vivant ou juste profondément fatigué.

Il lui sourit, doucement, comme il le fait, comme il est habitué à le faire, et le geste ne devrait prendre que quelques secondes, l’attention devrait se détourner rapidement, mais elle continue d’être là, d’exister, de se manifester dans sa vision, et il finit par la lâcher des yeux. Il n’a pas le temps, pas l’énergie pour ça. Mais il ne bouge pas, il reste là, avec ses mains dans ses poches et sa tête trop lourde et son crâne qui menace de crâmer. S’il se taisait, pour toujours, est-ce qu’il aurait l’opportunité de ne plus jamais avoir à penser ?

Il se sent si putain de fatigué. Il se sent épuisé, et lorsqu’elle ouvre la bouche, lorsqu’elle vient asséner une vérité que peut-être qu’il n’essaie pas assez de cacher, c’est comme une lame qui s’abat. Ça vient le trancher, tchac, quelque part au niveau de l’aorte.

« Heh. »

Son rire a claqué, sans joie, entre ses dents. Il sort la main de sa poche, la tend, la dépose sur le crâne, trop bien fait, de l’enfant. Petite débile, on survit mal quand on est trop brillant. N’est-ce pas ? Il se sent un peu triste, rien qu’un peu, parce qu’elle est clairement le genre trop intelligent, qui questionne trop, qui se fait mal, qui se fait heurter par la réalité. Ici, être un mouton, c’est plus facile.

« Parce que. »

Il lui sourit, en plissant les yeux, en se forçant doucement à récupérer cette douceur qu’il n’exhibe que trop rarement. Pourquoi mentir, pourquoi tromper, quand il est confronté aussi purement à une question directe ? Ses synapses titillent, il décide de ne pas trop danser sur la vérité. Pas trop. Juste assez, pour esquisser les contours de sa réalité.

« Je ne suis pas quelqu’un qui aime faire des efforts. »

Il pourrait s’arrêter là et s’en aller. Crow retire sa main de son crâne, pose les yeux sur son nom à elle, -Ruby-, et considère le classement. Le milieu. Le milieu simple, sans vraiment de distinction. De ce qu’il sait, elle n’est pas particulière. De ce qu’il sait, elle n’est pas tant à condamner. Ruby. Il choisit de retenir son nom, sa face, les informations. Qu’est-ce que Mercury aurait à lui dire sur elle ?

« Toi non plus, clairement. »

Détrompe-moi ? Les yeux de Crow brillent. Laisse-moi tomber, laisse-moi dormir, c’est ce qu’il voudrait dire, mais la conversation a déjà commencé.

« C’est dur à ce point de se battre contre un système que tu ne revendiques pas ? »

Il hasarde, il assume, il fait comme s’il se parlait à lui-même. Dans le pire des cas, lui murmure sa conscience, elle lui dira qu’il s’est trompé, et il fera comme si l’accident, la rencontre n’était pas survenue. Elle est une jeune pousse, il ne peut pas vraiment se permettre de s’accrocher.
Parce que peut-être qu’il ne pourra même pas la voir dépasser sa troisième année. Alors le plus facile, dans ces moments-là, c'est juste de tout lâcher, de se laisser submerger, de s'endormir sous la surface.

« Si j’étais toi, je me bougerais le cul, tu sais. Rien que pour avoir un peu plus d’Internet. C'est toujours utile, non ? »


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Mar 29 Déc - 22:25
La curiosité des enfants. Quel vilain défaut. Et malgré toute l’intelligence concentrée dans la tête de Ruby, elle ne peut pas échapper aux attraits qui caractérisent si bien l’innocence de l’enfance. Bien sûr, la question n’est pas anodine, et probablement qu’un enfant ordinaire ne l’aurait jamais posé comme ça. Mais si la rouquine est à Prisme aujourd’hui, c’est justement parce qu’elle n’est pas ordinaire. Pas assez. Pas comme ses frères et sœurs qu’elle a laissés. Alors la question s’est échappée, histoire de comprendre un peu mieux, de laisser tomber cette zone d’ombre qu’elle ne parvient pas à remplir depuis déjà plusieurs semaines. Faute possiblement à l’écart d’âge qui ne lui permet pas d’avoir beaucoup de contact avec Crow. Peut-être est-il nécessaire qu’elle entende la vérité de sa bouche, avec ses oreilles et non ses yeux comme à son habitude.

L’éclat de rire du garçon met mal à l’aise un instant l’ancienne Emma. Son rire est bizarre, et le geste qui suit d’autant plus. La main du plus âgé vient se poser sur son crâne, contre ses mèches rousses « Mais … ». Trop tard, le garçon lui adresse déjà son plus tendre sourire, du moins à son échelle. C’est étrange, car l’enfant ne l’a jamais vu comme ça, mais savait qu’il en était capable. Que ce sourire était toujours là, caché sous le genre qu’il se donne en public. Une demi réponse, pour l’instant, qui ne satisfait pas du tout Ruby. Une réponse digne des plus jeunes enfants, alors que c’est lui l’ainé ici. Une réponse qui n’est absolument pas digne de celui qu’il prétend être.

Heureusement, la réponse n’était pas complète.

Mais la nouvelle version satisfait encore moins l’ancienne Emma que précédemment.

Tu mens. Premier mot qu’elle parvient à lui répondre clairement de nouveau, avant de marmonner pour elle-même, à peine perceptible « Moi je ne fais pas d’effort ». Car c’est vrai, Ruby ne fait pas d’effort. Elle ne fera jamais d’effort pour ce foutu classement de malheur. Mais les yeux de l’enfant se relèvent doucement vers son interlocuteur quand il émet un premier jugement. Il a raison. Mais elle le fait pour une bonne raison. Une raison qu’il ne tarde pas à pointer du doigts. Cependant, l’enfant ne veut pas se laisser faire, elle ne veut pas le laisser la dominer. Elle doit montrer qu’elle aussi sait. Qu’elle aussi comprend.

Moi je ne fais pas d’effort. Toi tu fais des efforts, pour être le dernier. Ou presque le dernier.

Oui c’est dur de se battre contre ce système quand on a 11 ans, et qu’on n’a pas les armes pour se battre. Peut-elle véritablement se fier à Crow ? Lui révéler autrement que par des regards et un chiffre qu’elle n’approuve pas le système ? Pire, qu’elle hait de tout son cœur le système ? Est-il digne de confiance ? Tout un tas de questions auquel l’ainé a déjà trouvé ses réponses s’il lit au fond des yeux de Ruby. Mais ne pas le verbaliser, c’est se protéger, ou tout du moins de manière fictive. La rouquine est tendue, car elle sent qu’à tout moment elle peut perdre cette joute dangereuse dans laquelle elle s’est laissée entrainer par l’adolescent. Alors elle l’écoute, encore un peu, déblater des arguments sans sens. Que cherche-t-il au juste ? Une réaction ? Voir ce qu’elle déduit de ses paroles ? L’ancienne Emma n’est pas bien sure. Elle se contente de rester sur la même ligne de conduite depuis le début de cette conversation, espérant en révéler juste assez sur sa personnalité et ses intentions à son interlocuteur.

Non, avoir un peu plus d’internet ne sert à rien s’il ne sert qu’à couvrir d’illusion toutes nos espérances. L’enfant fait une pause. Oui, internet pourrait lui permettre de retrouver l’orphelinat, de communiquer avec ses frères et sœurs. Mais Prisme lui laisserait-il cette liberté ? Probablement que non.

Si les autres se battaient pour obtenir un peu plus d’internet, alors je comprendrais. Mais, pour la plupart, ils ne se battent pas pour ça. Ils se battent pour ne pas tomber dans l’échelle sociale. Pour ne pas être stigmatiser par cet endroit. Ils se battent pour conserver une image. Et ce combat les plonge dans un cercle infernal, parsemé de peur et de tristesse. Beaucoup de peur. Mais surtout beaucoup de tristesse.

Doucement, Ruby relève le bras et laisse ses doigts glisser contre la feuille blanche affichant le classement de tous les élèves. Son nom apparait bien vite, accompagné de celui des autres. De ceux avec qui elle devrait se battre. Pas de ceux que contre qui elle doit se battre. Elle revoit encore les larmes de certains s’écouler un peu plus tôt. Son cœur se serre. Ça n’a aucun sens. Quand son bras retombe mollement contre son corps, elle murmure.

Tu crois que te laisser crouler volontairement dans le classement est la bonne solution ? Tu penses que je devrais faire la même chose ? Pour me faire comprendre ?

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Mer 6 Jan - 5:35
Pas de bonnes réponses.
Elle refuse les compliments, lui retourne les politesses en lui placardant ses mensonges dans la gueule et dans l’esprit de Crow, ça fait poc poc poc poc. Comme des petites bulles qu’on lui éclate contre la rétine et il la fixe, il la fixe en se demandant pourquoi est-ce qu’elle fait ça, pourquoi est-ce qu’elle lui impose que ce soit aussi compliqué, pourquoi est-ce qu’elle ne peut pas être comme tous les gamins de son âge et se la fermer et hocher de la tête en souriant doucement, en étant impressionnée. Il déteste l’idée, il veut se frapper, il veut fermer les yeux, il veut arrêter de penser, et elle vise trop juste, elle vise trop correctement et Crow déteste ne pas assumer, déteste ne pas affronter, ne pas owner son truc.

Il est fatigué.
Si putain de fatigué.

Alors il soupire. Il soupire, avec ses muscles qui se bandent et ses mâchoires qui se crispent et il pose les yeux sur elle et il en a perdu son sourire, et il inspire, lentement.  

« Right. Sorry, you’re right. Internet, ici, c’est un peu une carotte. J’aurais du considérer que tu le savais. »

Est-ce que c’est grave d’être le dernier ? Ou d’essayer ? Est-ce que c’est grave de faire des efforts pour atteindre l’objectif qu’il s’est visé ? Est-ce que c’est grave de marcher derrière une carotte ? Il veut savoir. Il veut savoir et il se sent un peu stupide, les prunelles étrécies, accrochées sur le plafond, sur ce plafond qu’il fixe, un peu perdu dans sa tête. Il se demande si c’est grave, si ça le rend lâche, si ça le rend nul, minable, si ça le rend trop humain, trop à la botte de l’orphelinat. Il se pose tout un tas de question, mais ça fait un bout de temps qu’il se les pose, et il ne pensait simplement pas que ce serait une gamine rousse de onze ans qui viendrait appuyer contre ses cordes et lui ferait se sentir comme un idiot, à revisiter ses crises existentielles.
Putain.

Crow soupire, Crow secoue ses plumes, affiche un sourire, et mord ses lèvres, moqueur, pour mieux la considérer. Il a pas vraiment besoin de paniquer, ou de s’inquiéter : elle refuse le système et ne représente pas une opposition directe à ce qu’il est, ce qu’il représente. Si jamais il y a quoique ce soit qui se passe, quoique ce soit qui se manifeste ou le dérange, il peut toujours lui retourner le bras, lui plaquer le crâne contre le mur, s’exclamer qu’elle le fait chier, ce sera terminé. Crow considère ses options, appréhende les possibilités, avant d’ouvrir la bouche.


« Chérie, sweetie. Tu fais ce que tu veux. Ce dont ne se rendent pas compte les gens ici, parce qu’ils sont fucking terrifiés par le classement, c’est qu’ils sont actually libre de faire ce qu’ils veulent. Être le dernier, être le premier, c’est juste une question de choix, et c’est l’une des plus grandes libertés qu’on a. Si tu ne t’es pas encore rendu compte que tu as l’opportunité de faire tout ce que tu veux ici, Ruby, alors laisse-moi te donner un conseil. »

En deux pas, il est sur elle. Les doigts contre sa gorge, à lui relever le menton, et il la couve du regard, il la submerge complètement.

« Dans la vie, si tu n’es pas capable de te plier aux règles, alors plie les règles. C’est pas plus compliqué que ça. »

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Lun 11 Jan - 16:45
La rouquine sent ses dents se serrer dans sa mâchoire sans qu’elle ne parvienne véritablement à le contrôler. Bien sûr qu’internet est un outil formidable. Sur le papier, il lui permettrait en quelques clics de retrouver son orphelinat, de contacter quelqu’un là-bas qui pourrait venir le chercher. Mais Ruby ne se fait aucune illusion sur la question. Prisme ne la laissera pas faire. L’information doit être filtrée d’une quelconque manière, de sorte à ce qu’aucun enfant n’essaie de repartir des grands murs de l’orphelinat. Avoir internet, ça ne lui servirait à rien. Elle ne peut compter que sur elle-même, ses connaissances et son esprit d’observation et de réflexion. Et peut-être aussi sur certaines interactions sociales.

Ruby ne peut s’empêcher de guetter dans le long couloir que personne ne les regarde. La conversation prend un tout autre ton, et si quelqu’un venait à les serrer, cela serait quelque peu problématique pour se justifier. Avec son air innocent et ses grands yeux verts, l’ancienne Emma pourrait éventuellement faire croire qu’elle n’avait pas compris l’objet réel de sa conversation avec Crow. Mais se serait alors l’adolescent qui prendrait tout sur le dos. La rouquine n’a aucune idée de ce qui lui arriverait si l’administration découvrait qu’il couvait en son esprit des idées rebelles. Et même si ce garçon ne lui inspire pas vraiment confiance, elle ne peut pas non plus le jeter dans la gueule du loup.

La façon dont il la regarde est troublante. Elle ne sait pas où se mettre. Elle n’arrive pas à savoir ce qu’il pense. Ça la dérange, beaucoup. Elle qui n’a habituellement aucun mal à découvrir les arrières pensés des gens à son égard se retrouve bien embêtée face à un type comme Crow. Ses yeux la dérangent, beaucoup. L’ancienne Emma sait qu’à tout moment, la discussion peut prendre une autre tournure. Il a l’ascendant, tout du moins à première vue, a bien des niveaux. Physiquement, mais aussi de part son âge. Il couve une maturité, un vécu, que Ruby n’a pas. Et ça lui jouera peut-être des tours si elle n’y fait pas suffisamment attention. Elle serre de nouveau la mâchoire, attendant qu’il se remette à parler. Après tout, il en sait peut-être plus qu’elle, plus qu’il ne veut bien le dire. Peut-être a-t-il trouvé un moyen ? Peut-être que crouler dans le classement est la porte de sortie de cet enfer ? L’ancienne Emma ne juge pas, elle veut juste savoir.

Seulement, elle peine à cacher la déception dans son regard lorsqu’il lui répond enfin. Ce n’est pas concret. Ce n’est pas une réponse. C’est trop flou. C’est trop vague. Ça crispe encore un peu plus l’enfant qui a l’impression d’être prise pour une imbécile. Il fait le malin, mais il n’a pas de solutions. Et c’est bien de ça dont a besoin la rouquine. De solutions.

Tu….

L’enfant n’arrive pas à en dire plus que, sans prévenir, les doigts de l’adolescent se glissent sur son cou, puis sur son menton pour la forcer à relever le regard. Il la dépasse facilement de trois têtes, et se retrouver ainsi en contreplongée par rapport à lui à un côté terrifiant. Ses yeux semblent animer d’une lueur étrange, mais Ruby se force à continuer de soutenir son regard. Peut-être croit-il lui faire peur, mais c’est louper. D’un geste vif, la rouquine envoie valser son bras avant de reculer d’un pas, la colère dans les yeux.

Arrête de te moquer de moi ! On n’est pas libre ici ! Personne n’est libre ! Parce que si on était vraiment libre, et bah on aurait pas été obligé de venir ici ! Certains sont peut-être heureux ici, et c’est tant mieux pour eux. Mais il y en a plein des comme moi. Des enfants qu’on a arraché à leur famille ! Moi je veux ma famille !

Les yeux brillants de rage et de détermination, Ruby ne s’arrête pas et reprend tout aussi vite.

Plier les règles, c’est facile à dire. Je ne fais que ça, essayer de plier les règles ! Mais je n’y arrive pas ! Ils disent qu’on est tous des surdoués, qu’on est meilleur que les autres, plus exceptionnel ! Mais c’est faux ! On est tous des enfants, et ils le savent ! Ils savent qu’on est que des enfants et qu’on peut rien faire contre eux, contre leur système horrible !

L’enfant reprend son souffle tant bien que mal, emportée par ses propres mots. Crow n’a rien fait pour mériter sa colère. Mais là tout de suite, il fait office d’exécutoire pour l’ancienne Emma, terrorisée.

Je veux vraiment plier les règles, mais je ne trouve pas de solutions. Alors je te le redemande Crow. Comment faire pour plier les règles ?

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Mar 9 Fév - 23:09
Un sterling pour chaque putain


« C’est bon, t’as fini de chialer, pissarde ? »


Il a attendu, patiemment, qu’elle ait fermé la bouche, qu’il ait la possibilité d’en placer une. Il est capable d’entendre ce qu’elle a dit. En soi, ce n’est pas comme si elle avait tort. Le problème, c’est qu’elle a une vision beaucoup trop cadrée du problème, et que ça lui fout la haine, à Crow, de voir une gamine si brillante se gourer à ce point. Elle n’a pas tort, elle n’a juste pas raison, et il se sent exaspéré, il se sent furieux de l’entendre se lamenter sur le nœud du problème. En soi, c’est hyper arrogant de sa part, à la gamine, de chialer et d’être en mode « prouve moi que tu as raison, Crow ». C’est super arrogant et à défaut d’être violent avec ses mains, avec ses poings, il a envie de la claquer avec ses mots, avec ses dents. Alors il l’a lâché, il l’a laissé se pavaner dans sa petite colère puérile, et là maintenant, il est le rapace qui se dandine furieusement au dessus de son festin de honte. Débile, débile, murmurent ses synapses, et il rit, il rit froidement, en secouant la tête, en la considérant.

Au final, il entend qu’elle a peur, qu’elle a mal, mais le problème, c’est qu’elle n’est pas la seule.

« Ou tu veux prendre encore cinq minutes pour me faire un power point sur comment la pauvre gamine que tu es est blanchie et nourrie ? Putain ta mère, Ruby. T’es en santé, t’as un putain de toit, et le gouvernement britannique paie pour payer le papier cul avec lequel tu t’essuies aux toilettes. Les subventions de monsieur madame tout le monde qui n’ont pas la chance de ne pas pouvoir payer leurs taxes pour que leur gamin aille à la public school, bah ça passe dans la bouffe que tu te tapes à la cantine. Tu veux un exemple de choix de liberté que tu as ? Te plaindre de ta putain de condition d’enfant blanche privilégié, pour commencer. Chiale. Chiale, parce que c’est tellement triste, putain, tu te rends compte ? Tu dois faire en sorte d’avoir des bonnes notes. Non franchement, c’est le pire des systèmes, imagine tu vivrais à Nairobi, dans un putain de ghetto du Kibéra, à ouvrir les cuisses pour un mec à qui on t’a marié dès le moment où tu as eu tes premières règles. »

Il crache, il gronde, il siffle : il est le spectacle d’une infamie ironique et furieuse.

« Ou, pardon, c’est trop extrême ? Allez, revenons au Royaume-Unis. Franchement, qu’est-ce que c’est terrible que de devoir supporter la pression sociale d’un système éducatif strict quand franchement, tu pourrais faire partie de la population qui n’a pas le droit aux allocations, rien que pour prendre cet exemple. Imagine, ma puce, que tes parents fasse partie de la classe sociale qui doivent faire la queue aux charités parce qu’ils font partie de ceux qui ont le droit au salaire minimum mais surtout, surtout, aux heures supp et aux taxes et aux congés vacances annulés parce que monsieur leur patron a besoin qu’ils bossent plus. Imagine, putain, qu’est-ce que c’est terrible d’avoir à porter un putain d’uniforme, d’étudier dans une bibliothèque où te sont fournis du savoir gratuitement, des livres à emprunter, des radiateurs, des putains de chaises pour ton cul. Tu sais ce que c’est, la liberté, Ruby ? C’est décider de se plaindre d’une situation plutôt que de fermer sa gueule et d’essayer de trouver comment s’y adapter. C’est ta liberté, c’est celle que t’as choisi, et si j’étais toi, j’arrêterai de me plaindre au sujet de ma famille parce que certains ici n’en ont même pas ! »

Voilà, il l’a dit. Les joues rouges, le cerveau malmené, il réalise pour la première fois depuis longtemps que rien n’a changé. Qu’il est quand même le même gamin qu’autrefois. Qu’il reste ce truc sans parents à qui s’accrocher. Qu’il reste cette chose molle qui les regarde sans bouger, ces morveux qui ont des gens de chair à qui ressembler. Il reste Cecil, et Cecil, il est tout seul.

« Soit. »

Il a enfoncé les mains dans ses poches, sèchement, et il se détourne, encore furieux.

« T’as le droit de trouver que le système de la carotte sert à putain de rien. Mais garde tes chialeries pour ceux qui ont le temps et l’énergie. Si t’es pas capable d’apprécier la chance que t’as, t’es juste conne. Conne, immature, et tu vas crever, broyée par le système. T’es faible. »

Il est méprisant, méprisable, et il a envie d’aller s’enfuir dans une cabine de toilette, et de se cramer les poumons. De se les cramer jusqu’à ce que la nicotine ne fasse plus effet, jusqu’à ce qu’il se donne la permission de pleurer. Plus de satisfaction, plus de fierté, rien que cette frustration qui lui hérisse les plumes.

« Si tu l’es pas, tu fermes ta gueule, tu récupères le plus de cordes à ton arc, tu étudies, tu apprends, et tu défonces le système quand tu en as l’opportunité. C’est pas autrement qu’on change le monde. Ça commence en se changeant soi même. »

Il inspire, il inspire et commence à s’éloigner, en levant la main. Il est énervé, il est énervé, et honnêtement, il a essayé de la blesser. Ce que Cecil, ce que Crow a appris, ces dernières années, c'est qu'il n'y a pas de vrais apprentissages sans douleur.

« Soit. Sayonara. »

Et le truc, c'est que Crow est doué pour blesser.


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HRP : Crow sait parler aux enfants de 11 ans, obviously.
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Dim 21 Fév - 21:57
A bout.

Ruby a besoin d’aide. Voilà ce que veulent dire au fond tous les mots qu’elle vient de lancer au plus âgé. Elle a beau se démener, avancer, courir à travers les couloirs étouffants de Prisme, après plus d’un an elle n’a toujours pas trouvé la solution. La rouquine observe, cherche à se trouver des alliés, et peut être innocemment a-t-elle espéré en trouver un en la personne de Crow. Ce gars un peu étrange, qui attire les regards, mais qui semble animé par des intentions similaires aux siennes.

Mais ses petits poings se serrent douloureusement lorsque l’adolescent aux cheveux de jais lui répond finalement. Ses propos sont extrêmement durs, trop violents pour une enfant de onze ans. Elle comprend où il va, elle comprend ce qu’il cherche à faire. Et ça la met en colère. Mais surtout, ça lui fait mal au cœur. Ça la rend triste. Ses ongles se plantent dans la paume de sa main, incapable de s’arrêter ou de se contrôler. L’ancienne Emma tente de soutenir le regard du garçon, mais c’est difficile. Parce que ce qu’il dit est abject. Tout la dégoute. Utiliser le sort de jeunes filles au Kenya pour tenter de l’intimider, c’est bas. Mais parler de famille, ça elle ne le supporte pas. Elle ne peut pas le laisser dire tout et n’importe quoi. Ça l’énerve trop.

Son cœur bouillonne.

Lorsqu’il s’éloigne, dos à la jeune fille, elle se met à faire une chose complètement insensée. Parce qu’après tout, elle a onze ans. Ruby se met d’un seul coup à courir dans sa direction puis, d’un bond, elle saute dans son dos pour le faire tomber à la renverse. La rouquine n’en a plus rien à faire qu’il se fasse mal. Elle s’en contrefiche. Elle veut juste qu’il comprenne. Qu’il comprenne qu’on ne peut pas simplement lui dire ce genre de chose et tourner les talons. Elle n’est pas une violente, mais c’est trop difficile à contenir pour l’orpheline. Tant bien que mal, elle le tourne sur le dos puis s’assoit sur son torse, ses mains bloquant de manière illusoire ses épaules. Le visage dévoré par la colère et le chagrin, elle se met à hurler.

Ne parle plus jamais de mes parents t’entends ! Tu ne sais rien de moi, tu n’as pas le droit de me faire la morale avec tes grands discours de privilégiés, t’as pas le droit !!!

C’est décousu, ça n’a pas forcément de sens, mais Ruby n’arrive plus à s’arrêter. Tout est confus dans son esprit.

Mon père a frappé ma mère a mort avec une bouteille d’alcool, puis il est mort à son tour. J’ai tout vu, absolument tout ! Tu sais pas ce que ça fait, de voir ses parents s’entretuer, et d’en avoir des souvenirs si vagues que j’arrive à m’en demander si je n’aurais pas pu les en empêcher, alors que j’avais trois ans !!!

Ses poings se resserrent encore un peu plus sur l’uniforme de Crow, les yeux dévorés par la rage, elle continue à hurler.

J’ai plus de parents !!! Et toi non plus, tu n’as plus de parents, sinon tu ne m’aurais pas crié dessus comme ça quand j’ai parlé de famille !!! Pourquoi tu veux pas me comprendre alors que tu sais pertinemment ce que j’essaie de te dire ?!

Le souffle haletant, Ruby peine à poursuivre.

Mais…il y a des gens qui se sont occupés de moi après ça. Ils m’ont aidé, ils m’ont sauvé. C’est eux ma famille maintenant. Et c’est pour eux que je me bats ! C’est pour eux que je veux retrouver ma liberté ! Je veux les revoir, je veux les prendre dans mes bras et leur dire que je les aime. Je les aime…

La voix tremblotante, des larmes finissent par s’écrouler sur le jeune homme, s’échappant des yeux bleu verts de l’enfant paniquée.

J’ai cru que tu pourrais m’aider…que peut-être je pourrais te faire confiance. J’ai cru que tu pourrais me comprendre. J’étais sincère…

Les larmes redoublent, encore un peu plus, les épaules secouées par des soubresauts, l’ancienne Emma craque littéralement sous le poids de la colère.

Et toi tu…tu te moques de moi… tu fais semblant de ne pas comprendre. Pourquoi… pourquoi tu ne veux pas me comprendre ?


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