Mercury n'avait pas d'enfants, et pourtant elle en avait des dizaines.

De toute sorte, des grands, des petits, des énervants, des gentils.

Elle ne pouvait se targuer de n'être proche de la plupart, mais elle en connaissait à tous leur prénom ou leur véritable nom, quelques unes de leurs habitudes, souvent, leurs friandises préférées. Ce n'était pas pour autant qu'elle leur offrait à l'un ou à l'autre bonbons ou patacitrouilles, il fallait admettre qu'elle était volontiers plus proche des petits.

La première fois qu'elle avait posé les yeux sur Fairy, elle avait compris avoir envie de protéger ce petit bout de chou. Vouloir la faire sortir le plus vite possible de cet orphelinat qui ne donnait pas aux enfants de très bonnes idées.

En soit, Mercury ne pouvait rien faire contre le système, elle savait qu'elle n'était qu'un pion remplaçable. Certains professeurs avaient pour désir d'arrêter le classement, elle balayait cette demande comme si elle la lassait, mais. Au fond, Mercury savait que c'était une bonne réflexion, c'était juste que même du haut de son siège de Directrice, elle ne pouvait rien faire.

Et pourtant, il y avait eu le cas Autumn, Backup, les investisseurs auraient dû se dire que ce n'était pas une si bonne idée que de parier avec une vie humaine. Mercury était fatiguée, pour être honnête, mais faisait ce qu'elle pouvait. Si elle pouvait au moins garder un précieux œil sur Fairy, revoir le visage de sa sœur disparue en la croisant, écouter son rire de petite rire, elle était en partie pardonnée.

Et pourtant, Mercury n'avait jamais songé à avoir d'enfants. Si elle avait eu quelques connaissances, quelques liaisons, ce n'était jamais une question qui l'avait trop préoccupé. Et parfois, quand le hasard vous tient, la question vous tombe dessus.

Daisy partageait sa chambre avec un autre élève, mais elle avait déjà vérifié et elle n'y était pas. L'été, le bruit ambiant régnant dans l'orphelinat se calmait, comme une mélodie dont le son baissait catégoriquement et on pouvait presque le croire en sommeil. Se souvenant des appétances de sa nièce pour la botanique, la directrice de Prisme monta rapidement les escaliers, prête à faire toutes les pièces ou parties du jardin pour la retrouver.

Et elle était par là, la petite, elle entendait distinctement sa voix. Elle devait lui parler, elle savait que c'était presque bon, presque.

N'était-elle pas sa seule famille, après tout ?

M. se rapprocha de Fairy, souriante, les cheveux légèrement ébouriffés. Elle était loin cette image austère qu'elle se donnait auprès des autres élèves, sa veste était légèrement ouverte, on sentait l'été. Son tailleur noir descendait jusqu'à ses genoux.

« Bonjour Daisy. C'est moi. Comment vas-tu aujourd'hui ? »