| Invité Dim 1 Nov - 18:07 Ambiance sereine et douce. Il fait sombre, presque nuit et seules les lueurs de la lune viennent perturber la noirceur des ténèbres. Monde ou le l’irréel devient réel dans un silence d’or. Quelle heure était-il ? Cela n’était d’aucune importance. Il faisait tout simplement nuit et pour une fois, rien ne semblait vouloir perturber le sommeil des résidents des lieux. Pas un chat dans les couloirs, ni même dans le bureau de la directrice. Rien non plus dans le réfectoire, ni même à l’extérieur. Les chères petites têtes blondes de Prisme reposaient paisiblement leurs cellules grises, profitant de quelques heures de repos dans un rythme de vie intensif. Car ici, il fallait compter sur l’activité et le gout du travail bien fait, encore et encore, sans le moindre répit. Comme une usine en pleine production, il semblait que Prisme avait prit le goût à l’industrialisation et à la fin de chaque année, elle sortait de ses fours un lot de petits génies qui se rependraient dans la société comme on épand du fumier sur un enclos en pleine croissance. Car c’était bien ce qu’ils étaient ; le fertilisant de cette civilisation, les enfants de Prisme. Mais malgré tout l’intérêt qu’on leur portait, étaient-ils heureux, les orphelins ?
Kind se retrouva dans son sommeil, balayant d’un coup tout doute. Personne ne peut être heureux sans amour et ici, s’il y avait bien une chose qui n’existait pas, c’était ce sentiment. Se lever, manger, travailler, se coucher. Une boucle infernale à un rythme robotique. Une cadence endiablée pour ingérer des connaissances, encore et encore. Heureusement, Kind n’était pas de ce monde. Pièce rapportée, elle se contentait de mener une existence plus calme, à l’écart des autres, dans ce havre de paix qu’était la bibliothèque. Ah, qu’elle aimait cet endroit. Loin de la cohue, loin des ambitions des plus jeunes ; et pourtant si proche de tout. En poussant les portes des lieux, chaque matin, elle avait l’impression de revivre. Ici, pas de notes, pas de classement, juste des livres, de la culture dans son plus simple appareil. Tout allait bien. Enfin… Tout allait bien jusqu’à ce qu’elle ne découvre Thorntue Ninja dans sa réserve quelques jours plus tôt ; depuis, elle priait le ciel pour que le sauvageon ne revienne plus mettre les pieds dans la bibliothèque. Pire, il lui arrivait même de verrouiller la réserve a clé pour être certaine de ne pas le découvrir dedans à son retour. Une angoisse de croiser à nouveau cette chevelure de feu. Du feu. Il serait bien capable de mettre le feu à son petit paradis, ce saligaud sadique ! Quelle horrible idée. Elle pouvait déjà sentir l’odeur désagréable de la fumée alors que ses livres s’évaporaient dans des volutes de fumées. Il fit tout d’un coup beaucoup plus chaud. Mais… « Bordel de merde, il a foutu l’feu ! » Se redressant d’un bond dans son lit, Kind s’exclama, les yeux écarquillés et les cheveux en bataille. Elle n’avait pas rêvé ? Il y avait vraiment le feu ? Quittant son lit à la vitesse de l’éclair, attrapant une lampe de poche et ignorant ses pantoufles bien chaudes, la jeune femme se précipita hors de sa chambre, ouvrant la porte à la volée.
Avant de hurler à l’horreur, elle voulait être sûre de ce qu’elle ressentait au plus profond d’elle. Courant à en perdre haleine avec pour seule lumière sa petite lampe de poche -qui ne lui aurait clairement pas sauvé la vie si elle avait voulu l’utiliser pour échapper à quoi que ce soit- ignorant si elle pouvait attirer l’attention en courant ainsi à une telle heure, elle tenta d’être la plus rapide possible. D’ailleurs, elle aurait pu y arriver rapidement, si au détour d’un couloir, elle n’avait pas heurté un mur. Depuis quand y en avait-il un ici d’ailleurs ? « Aie ! » Après un léger couinement et quelques pas en arrière, Kind éclaira la bâtisse qu’elle venait de heurter pour y voir plus clair. Il s’avéra qu’il s’agissait plutôt d’un être humain -enfin, ça, ça restait encore à prouver- qui lui faisait face. « Par-pardon ? » Ouais parce que pour le coup, elle n’était pas persuadée que ce soit à elle de présenter des excuses, mais tout de même. |