Emmitouflé dans son long manteau de laine, Knight regardait les étoiles. Non qu’il était rêveur; il n’avait rien de mieux à faire. Son téléphone était resté dans son sac, lui-même laissé une demi-heure plus tôt dans sa chambre. Après cette histoire avec la cantatrice, le garçon nécessitait un moment de solitude. Ainsi, seul en compagnie de son joint, il savourait le silence que lui offrait la nuit froide. Cette quiétude contrastait avec l’heure précédente.
Au souvenir de la soirée, l’adolescent soupira de ressentiment. En l’espace d’une dizaine de minutes, la salle commune s’était transformée en un zoo. Les élèves, tous plus puérils les uns que les autres, jouèrent aux animaux stupides. Oh, lançons des tomates pour le simple plaisir d’être mesquins. Castor se trouvait rebelle, toujours là pour épater la galerie avec ses idées absurdes. Néanmoins, Knight ne s’étonnait plus du dernier de classe. Tant de conneries dans un seul être le désolait, mais il n’affirmait pas être surpris. D’un autre côté, le reste de l’assistance ne se révéla pas plus raisonnable aux yeux de l’Écossais. Les encouragements de certains - comme ceux de Muninn - l’exaspéraient tout autant. Oui, la cantatrice chantait faux. Même derrière sa musique, il entendait l’effroyable spectacle. Toutefois, cela ne pardonnait pas l’irrespect des autres. Encore deux ans et Knight serait libéré de ce calvaire.
Pour une énième fois, il porta le pétard à sa bouche, inspirant un bon coup. L’adolescent laissa échapper lentement la fumée entre ses lèvres entrouvertes. Elle s’éleva doucement au-dessus de sa tête jusqu’à disparaître ne laissant qu’un souvenir olfactif. Finalement, Knight laissa le reste brûler doucement entre ses doigts gantés de cuir.
Le temps passa tranquillement. Le jeune homme s'appréta à entrer lorsque la porte du toit claqua derrière lui.
“ Maelstrom, tu peux garder tes reproches pour un autre jour. Non, je n’irai pas m’excuser aux autres pour toute réaction que tu juges excessive. Nos collègues sont des crétins insolents qui ont la vivacité d’une plante verte. Ils ont autant d’esprit qu’un escargot grillant au soleil. Je passe par dessus le cas de Castor. La liste des insultes serait beaucoup trop longue pour exprimer toute l’impertinence que le mec apporte à ma vie. “
Étrangement, un silence lui répondit. Maelstrom rétorquait toujours. Ainsi, Knight se retourna. Devant lui, Billy.
“ Oh fuck. T’es beaucoup trop moche pour être Maelstrom. Oublie ce que je t’ai dit.”
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Dim 27 Déc - 14:30
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Faut croire que Sartre n'était pas mytho. Qu'à force de se frotter à autrui, on finit par développer une sorte d'aversion. Démangeaison sociale. Ça brûle l'Autre, ça agace... Débile. Pas méritant ; et de cette jalousie dans laquelle se noie le jeune Billy. On le pense petit papillon, butinant au gré de ses soirées, on l'ignore introverti. Comme un viel insecte de bibliothèque qui se nourrit de récits qui se raconte à lui même, mensonge éhonté. Faut dire que c'est facile d'être Billy : orphelin fêtard dont l'avenir sera mondain quitte à être grandiose, tout au mieux, il gagnera un ou deux prix de pilotage. Le Billy héritier aux parents oubliés et au rêve d'étoiles s'assagit et ne se montrera point.
Sauf parfois.
Des inspirations divines aux allures d'épiphanies, un joint sur les étoiles, les mains sous les jambes, les pieds qui battent la terre. Billy s'oublie, Balthazar se souvient. Ce soir, il en besoin.
Des ses oreilles massacrés, à son ego balayé. Rien n'y personne ne lui a sourit, cet idiot de Castor... Comment peut-il être... Si cool. À croire qu'il est mieux Billy que Billy ne peut l'espérer l'être. Mieux vaut laisser couler et ne pas agir en belle épine, se contrôler sois-même c'est pas pour les losers.
Les pas défilent, les escaliers gobés par la cavalcade. Voilà la porte qui s'ouvre et le vent frais épouse son corps. Inspiration, on renferme la porte. Mais son nid est envahi, habité par un coucou gris des moins jouases. C'est ce débile de boomer qui l'a insulté un peu plus tôt dans la soirée. Fidèle lui-même, le voilà qui accueillent Billy avec des simagrées. Billy ne répond pas de suite, interloqué par la présence du sombre oiseau et par la batôn lumineux qui meurt doucement en creux de ses lèvres. Il fronce les sourcils.
-Ouais déso cendrillon, c'est pas ton prince qu'il crâche en mâchant ses mots Me dis que tu m'a tapé dans ma planque ?
Sans attendre de réponse, Billy s'élance sur le toit, de cette drôle de démarche qu'il dénonce ses années de classique. Si il y a un oiseau sur ce toit, c'est bien lui. Ses ailes découvre une vielle tôle exposant aux yeux du coucou, deux pieds solidement plantés dans des vieux pots en terre cuite, à à leur pied trois sachets intacts d'herbe séchée.
Billy souffle, il se saisit d'un paquet et commence à effriter son or vert. Puis d'un mouvement de menton, il désigne la porte du toit.
Cendrillon. Ce qu’il détestait cette référence à la con. En vérité, il détestait toute référence à des pseudo histoires de royauté ou de noblesse. Depuis deux ans, les quolibets fusaient sur son passage, sans même le connaître vraiment. On ne s’arrêtait qu’à la façade; à cette perception de riche héritier, bourgeois, élitiste et arrogant. Selon ses camarades, la faute était sienne. Knight le méprisant. Knight le snob. Et bien, fuck la plèbe impubère. Fuck Billy et son renvoi à cette orpheline devenant princesse.
L’Écossais observa le garçon s’avancer. Tout ce swag l’irritait. Il en était parfois jaloux de l’aisance de Billy d’attirer l’attention. Cette facilité à organiser des soirées. Pire, que les gens y aillent malgré ses nombreux écarts. Knight détestait qu’on lui pardonne facilement son impétuosité, car l’unique explication “C’est Billy” suffisait. L’adolescent ne l’avouera jamais, mais oui, il enviait qu’on pardonne au blond et pas à lui.
Puis, Maelstrom l’avait aimé. Durant trois semaines, elle soupira au passage du beau blond. Brrr.
“ Calme tes hormones. J’ai rien à faire de ta came. J’ai rien à faire de toi.” grommela-t-il derrière son foulard.
À son tour, il traversa le toit afin de rejoindre la porte. Ses bottines Chelsea claquèrent lentement sur la surface d’ardoise. Knight jeta un dernier regard à Billy lorsqu’ils se croisèrent. Plus il s’approchait de l’entrée, plus ses sourcils se froncèrent. Aucune lumière ne filtrait de l’ouverture.
“ Non, sérieux. “
La main sur la poignée, il secoua la porte. Des jurons s’échappèrent de ses lèvres gercées.
“ T’as fermé la porte.” Une insulte informulée flotta un instant. “ On t’as jamais dit de pas fermer la porte après 21h ? ”
Pour bien faire, Knight récupéra le petit bloc de bois désormais à quelques centimètres de son endroit initial. Il refit marche arrière et colla le butoir contre le torse du blond.
“ Mate, t’es une plaie ce soir. “
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Mar 29 Déc - 2:09
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Les bruits se succèdent, et ne se ressemblent pas. Il y d'abord ses pas, trop forcés pour être tout à fait naturels. Puis le cliquetis caractéristique de la poignée... Deux fois. Encore.
Et Billy fronce les sourcils, comprenant trop rapidement.Fuck pense t'il sans profondeur, avant de laisser aller ses épaules et de tendre le visage vers le ciel étoilé. L'autre, fidèle à lui même, s'agite, insulte, panique. Sa colère est légitime sans doute, mais passe tellement au dessus de Billy. Ce dernier tarde pas à sortir son briquet et à allumer le stick interdit : sa seule réponse à l'entrée fracassante de l'autre dans sa zone de confort, sera un crachat de fumée sur son visage.
Billy s'éloigne de Cendrillon, et s'avance vers le bord. De là, haut, il aperçoit les cimes d'arbres - impossible de descendre sans se briser une jambe, il est pas tarzan, ni thorn. Soupir. Grosse tafe.
-J'imagines que personne ne te sait ici, cendrillon ? qu'il balance tout en pensant son colocataire. Kid connait les habitudes d'oiseaux de nuit de Billy, il s'inquiétera sans doute qu'au matin... Et fuck bis.
Alors quoi ? La règle voudrait que Billy transforme cette soirée en exeption sous les étoiles, que les deux garçons se confient pour découvrir qu'ils sont pas si différents... Mais Billy a le mal du pays, ce soir. Il voulait être seul, il voulait être Balty, pas Billy. Il voulait s'oublier sous les étoiles... Un regard vers celles-ci, et un doigt levé tout indiqué à une puissance qu'il doit bien exister.
Billy s'assoit, sans demander son reste. Grosse taffe, toux froissée.
-Pas de tel, non plus ? Rien ?
Il hausse les épaules et s'écroule sur le dos, fatigué d'être Billy. Dieu sait qu'il ne veut pas taper la discut ce soir. Dieu sait à quel point, il prie bêtement pour que l'autre fasse la connerie d'essayer de sauter du toit. Grosse taff, et la bienséance le rattrape, son bras se tord dans un drôle d'angle droit vers l'autre. Un joint en guise de calumet de la paix. Parce-que c'est ce que l'univers cherche à lui faire faire, non ? À s'aligner sur l'autre, à se rendre sympa et avenant. Il est comme ça Billy, il est cool.
-Maelstrom, c'est cette fille ? Brunette ? Mignonne ? Toujours dans les dernières à rester en fin de soirée ? Bonne danseuse, ouais... Billy sourit un instant, comme si un souvenir frappait son esprit C'est ta meuf ?
Évidemment personne ne savait qu’il était sur le toit. On s’en doutait, mais on ne viendrait pas le déranger pour l’unique raison qu’il souhaitait avoir la paix. Pas de tel, pas de message laissé derrière, rien. Tout ça, pour ne pas être dérangé. Tout ça, pour oublier, quelques minutes, qu’il habitait dans un orphelinat de dégénérés immatures. Knight souhaitait se morfondre sans qu’on l’emmerde. Et Billy l’emmerdait. Le blond s’installa comme si l’espace lui appartenait. Mais non. Ce soir, le toit était son royaume gelé. Pas celui de Billy, ni a aucun autre. Le sien, merde.
Tel un enfant, Knight offrit un doigt d’honneur au garçon dos à lui. Malheureusement, sa colère ne résoudrait rien dans l’immédiat. Dans l’immédiat, la porte resterait close. Knight ne pouvait se résoudre à pousser Billy en bas du toit. Contrairement à son humeur, l’adolescent n’était pas assassin.
“ Fuck it “ grommela-t-il en allant prendre place à côté de son aîné.
Du bout des doigts, il récupéra le joint tendu, Inspire, garde, expire. Puis, le rendit à son propriétaire.
“ J’ai tout laissé derrière. J’déteste discuter de la gestion de mes émotions avec les autres. J’préfère qu’on me laisse tranquille. “
Las, sa main glissa dans sa longue chevelure auburn. Depuis un temps, il n’arrivait plus à rester détaché du monde. Tout le dérangeait. Des conneries de Castor aux reniflements constants de Brixton en cours de botanique. Muninn et ses ragots. Angst, ce gamin de deuxième qui jouait les diables de Tasmanie pour aucune raison. Thorn qui se voulait rebelle sans vraiment l’assumer. Crow… nah, lui, Knight le blairait pas depuis son arrivée.
Soudain, il s’étouffa avec sa propre respiration.
“ WTF… Ma meuf ? “
Jusque là, il écoutait Billy d’une oreille inattentive, hochant simplement la tête à la description sommaire de sa meilleure amie.
“ Wait… Non, on est pas ensemble. On est pas un couple. Maelstrom a plus bavé sur ton cas que sur le mien. “
Oh shit. Ooooh shit. Maelstrom allait le trucider. Elle le ferait lentement, pour bien le faire souffrir.
“ Enfin, elle n’a plus le béguin sur toi. C’était l’année dernière. Uniquement durant deux ou trois semaines. Parce qu’elle t’avais vu danser. ”
Ta gueule Knight pensa-t-il. Il devait arrêter de parler, parce qu’autrement, il ferait mieux de sauter lui-même en bas du toit.
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Lun 4 Jan - 2:07
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Il y avait cette idée absurde qui circulait ; que pour être le bro ultime, il fallait avoir accès à une forme de sagesse. Un recul sur l'existence quasi mystique. Un perchoir d'oiseau-monde si éloigné de ses propres démons que le bro ultime serait capable de déceler tout paradoxe adolescent.
Total bulshit aurait rétorqué Billy, écrasé par ses inconvenances sentimentales. Pourtant dichotomie de l'être : le Billy qui voulait être, possédait cette qualité fantasmée. Aiguisée par ses soirées et par ses paraîtres. Un Sam défiguré par son interdit faisait toujours son boulot... Épaule. Oreille. Réceptacle à vomi. Ça fait voler de vouloir être le bro ultime. C'est p'et en ça qu'il est un drôle d'oiseau... Le paradoxe n'avait nul bessoin de hauteur pour être visible, un petit saut aurait suffit même.
Cendrillon se voulait discrète, pourtant ses mots semait plus de traces que milles et une chaussures. Son paradoxe était criant... Comme un appel à l'aide à Billy, si Balthazar voulait bien l'être. Soupir. Grosse taffe.
Le blond ricana à face à la détresse de Knight. Il n'avait jamais vraiment compris. Ce désespoir affolant qu'avait ses pairs face à l'affection. Peut-être parce-qu'il n'en saisissait à priori nul aboutissant ?
-Bien sûr. ricana t'il l'arrogance coincée sous les paupières. Il se savait pourtant destiné à l'amour. Il n'était pas idiot, ni aveugle et l'exigence des mondanités de son avenir pliait déjà son coeur. À vrai dire aussi étouffant le classement soit-il, le blond savait qu'il ne représentait rien... Que la vie d'ailleurs se résumait bien plus à la sociabilité qu'à la véritable excellence. Divine comédie... Et en ça, bel oiseau tricheur et menteur, il était bel et premier. Si facile de les berner, si facile d'être Billy qui savait ce qu'il voulait. Ce qu'il devait avoir. Billy expira longuement, puis fixa le ciel : mélancolie sous couvert.
-Si t'es pas dessus, ça veut dire qu'elle est dispo. Faudrait que je tentes un move. Je l'aime bien. continua t'il le sourire aux lèvres, la langue claquante.
C'était vrai en un sens, il appréciait vraiment la présence de Maelstrom, du peu qu'il en connaissait. Ils étaient similaires en beaucoup de point. Un coup de tonnerre apprécie toujours une bonne tempête. Elle était presque trop idéale au bras du Billy qu'il construisait.
-Et toi ? Pas de princesse en détresse à sauver ? reprit t'il en tendant la fin de son bâtonnet maudit.
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