C'était un peu compliqué. Un drôle de quelque chose lui compressait la poitrine et ne voulait en partir.

C'était officiel, il l'avait vu. C'était marqué noir sur blanc sur le tableau à côté de la porte de la directrice. Le pire, c'était qu'il avait entendu des enfants en parler en passant à côté de lui, discrètement, le ton très bas. Ils ne l'avaient pas regardé dans les yeux, mais il avait très bien compris « et puis tant mieux, Huginn il est cool ». Thorn s'était retenu de leur foutre son poing dans la figure, à la place, il avait couru à l'extérieur pour se défouler.

Il était quatrième.

Il y avait un tel bordel dans son cœur que l'air du jardin semblait être la solution. Dans la forêt, il était seul, alors il se mit à crier de toutes ses forces. Contre le classement, contre les autres, contre la directrice. Enfin, il donna un violent coup contre un tronc d'arbre, ce qui, à défaut de le faire bouger, n'eut pour effet que le faire grimacer de douleur. Une larme perla dans ses yeux, mais il l'essuya vite fait, se mordant la lèvre.

Thorn s'était assis contre le tronc d'arbre lorsque le chat arriva.

C'était un chat noir qu'il connaissait bien, et pour cause, il le nourrissait. Une drôle de bête qui devait avoir vécu à l'extérieur depuis toujours. Il lui avait donné quelques coups de patte au début, comme s'il n'était pas prêt à se laisser faire, et au lieu de chasser la bête, Thorn s'était reconnu en cette drôle de bestiole. Elle consolait son cœur quand ça n'allait pas, c'était la seule présence non hostile à la ronde.

Le Chat – il n'avait pas de nom, c'était juste le Chat – fit le dos rond et se frotta contre lui, se mettant à ronronner. Le rouquin esquissa un léger sourire, puis bredouilla un truc comme « de toute façon on s'en fout, hein, de leur foutu classement ? » Les poils du Chat étaient un peu rêches mais il restait agréable à caresser. « J'ai pas de bouffe pour l'instant, déso. Je reviendrais ce soir avec du thon. »

Il ne parut pas lui en vouloir, c'était au moins ça et Thorn put se perdre dans les poils du chat. Il ne se rendit compte qu'il n'était pas seul quand la bête détala soudainement. Le rouquin se releva soudainement, alerte, essuyant toutes traces de larmes.