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 :: Etages supérieurs :: Le toit :: La serre
Elle aurait bien aimé vivre. # Angst
Antigone
Gentil fantôme
Antigone
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Antigone
Ven 11 Déc - 20:09
Elle pense qu'elle va mourir, qu'elle est jeune et qu'elle aussi, elle aurait bien aimé vivre. Mais il n'y a rien à faire. Elle s'appelle Antigone et il va falloir qu'elle joue son rôle jusqu'au bout...

Elle tenait le livre entre ses deux mains.

La fragile pièce de théâtre avait été lue tant et tant qu'elle s'effilochait et s'abîmait, la couverture plastifiée lui tombait entre les doigts. Elle connaissait sans doute cette pièce par cœur, aurait pu citer de tête les dialogues de Créon, d'Hemon ou des autres personnages qui étaient chers à son cœur.

Elle n'aimait pas Antigone.

Elle la trouvait difficile d'accès, même si elle comprenait son combat. Elle ne comprenait pas pourquoi on lui avait donné comme pseudonyme le nom de cette fille comme s'il fallait la nommer d'une certaine façon et pas d'une autre. On aurait très bien pu l'appeler Jocaste, ou même Phèdre, ça n'aurait pas changé la face du monde.

Pour eux peut-être, pour elle complètement.

Ses doigts étaient maigres et blancs, ses joues n'étaient pas creuses, pas comme avant, ses cheveux tombaient sur son visage en cascade. Ils étaient d'un noir qu'aurait envie Blanche-Neige elle-même. Lorsqu'elle effleurait les pages du livre, celles qui étaient jaunies et dont l'encre était si noire, son regard se faisait plus perçant. Elle plissait alors ses petits yeux et se forçait à lire l'intégralité des lignes, même si le ciel était menaçant, même si un gros nuage noir donnant l'impression qu'il était plus tard.

Il était en réalité tard, Antigone n'avait pas vu le temps passer. Mais debout au milieu des plantes, elle lisait. Debout, comme une belle plante qui n'avait pas assez vécu et qui était enfermée là. Ses doigts s'agrippaient fermement au papier comme si  s'agissait de sa vie.

« La vie est une eau que les jeunes gens laissent couler sans le savoir, entre leurs doigts ouverts. Ferme tes mains, ferme tes mains, vite. Retiens-là. »

Sa voix buta sur ces mots précis et Antigone ferma le livre comme si quelque chose avait fait écho en elle, des paroles précises, un mot, un souvenir. Elle s'assit brusquement sur le sol, bien blanche pour aller bien, mais en même temps, pouvait-elle réellement être plus blanche que ce qu'elle était au naturel ?

La vie. Antigone était en plein dialogue mental sur la vie, la mort, et que savait-elle encore. Aurait-elle pu sauver son frère si elle était partie plus tôt, si elle avait fui et dénoncé ses parents ? Serait-elle ici en ce moment à se morfondre ou aurait-elle intégrer une famille heureuse qui l'aimerait ?

Ces « si » n'étaient pas suffisants, elle aurait dû le faire. Elle sentait encore les odeurs nauséabondes et en rêvait la nuit. Parfois, quand elle parlait, échangeait dans le casier de Angst, elle se disait que celui-ci aurait pu être son petit frère. Sans doute le sien aurait-il été encore plus petit, mais il aurait dû avoir à peu près son âge, pensait-elle.

Anja serra ses genoux, puis rangea le livre dans sa sacoche. Les serres n'étant couvertes que partiellement, elle commençait à sentir de grosses gouttes lui tomber sur la tête.

Elles se mêlèrent à ses larmes, lui permettant de se lâcher en paix, sans bruit, avec douleur ou douceur, ses mains tentèrent d'attraper le sol, mais elles ne touchèrent que la terre, la boue des bacs, une matière molle et granuleuse.

Un gémissement sortit de sa bouche, un peu comme le bruit d'un fantôme.
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Angst
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Angst
Sam 12 Déc - 18:35

Angst essayait chaque jour de se montrer courageux.
A travers les livres, il voyageait dans le monde entier, résolvait les plus grandes énigmes de l'Histoire et bravait sans cesse la mort. Il se rêvait aventurier et écrivain, comme Jack London et Peter Freuchen. C'était facile, et palpitant à la fois.
Dans la vraie vie, c'était plus délicat.

Le frisson qui courait le long de son échine n'était en rien agréable, le nœud qui lui nouait les entrailles était beaucoup trop serré, son cœur, trop affolé, et les larmes lui montaient bien trop facilement aux yeux. Dans la vraie vie, Angst détestait avoir peur.
Mais comment pourrait-il espérer prendre un jour la relève de Jack et Peter, s'il était incapable de surmonter ses propres peurs ? A quoi bon rêver des déserts, des glaciers et des volcans, si ce qui se cachait derrière une porte suffisait à l'effrayer ? Pour l'heure, Angst n'avait pas besoin de courir le monde pour tenter de se montrer brave. Il lui suffisait de regarder autour de lui.

De temps à autres donc, quand la journée s'était bien passée, qu'il se sentait globalement bien, Angst prenait son courage à deux mains et partait à la nuit tombée en quête d'éventuels fantômes inconnus. « Connais ton ennemi et connais-toi toi-même, tu vaincras cent fois sans péril. » disait-on, et il s'appliquait à répertorier soigneusement tous les fantômes, malgré sa peur, malgré sa faiblesse.
Les jours ne cessaient de raccourcir et les nuits, de rallonger, à son grand dam, mais cela lui permettait au moins de pouvoir faire son inventaire tôt dans la soirée. Le garçon prit une minute pour réfléchir aux lieux qu'il n'avait jamais fréquenté de nuit. Le grenier ? Le gymnase ? Sur le bord du toit, le Guetteur devait déjà être en place, fidèle à son poste. Peut-être devait-il vérifier le reste du toit et les serres ?

Comment aurait-il pu savoir ce qui l'attendait là-bas ?

En écoutant les signes, peut-être : son malaise grandissant tandis qu'il montait les marches, la pluie qui se mit à marteler le toit du bâtiment alors qu'il s'en approchait, bruit doux et dissuasif à la fois. Il songea à faire demi-tour, un bref instant, avant de se sermonner – un peu de pluie n'avait jamais tué personne, il fallait qu'il cesse de se trouver des excuses. Il ôta sa casquette, ébouriffa un peu ses cheveux bruns avant de renfoncer fermement l'accessoire sur son crâne.

Dans la pénombre, sa main trouva la poignée de la porte de la serre, s'y arrêta un instant.
Angst prit une profonde inspiration. La poignée était branlante, visiblement mal fixée, nota-t-il alors qu'il ouvrait la porte dans un grincement.
Il stoppa net son mouvement  lorsqu'un gémissement lui parvint.
Il resta là, à écouter, le cœur battant.

« C'est sûrement le vent. Juste le vent. Entre là dedans et magne toi d'en finir. » s’exhorta-t-il intérieurement, joignant le geste à la pensée.

Il fit quelques pas à l'intérieur de la serre, prudents et silencieux, couverts par le clapotement de la pluie sur le toit de verre et sur les plantes. Il lui semblait entendre quelqu'un pleurer – mais ce n'était que l'averse et la nuit et le vent qui s'amusaient avec son imagination, il le savait et il ne fallait pas qu'il y prête attention. Il devait rester concentré sur sa tâche, vérifier entièrement la pièce. Il contourna un grand ficus...

Rien n'aurait pu le préparer à un tel spectacle.

La créature était pâle et spectrale, avec de longs cheveux noirs et dégoulinants de pluie, et les mains noires qui grattaient la terre comme avec désespoir.
Son cœur s'arrêta, tout s'arrêta. « La Pleureuse » nota la partie encore active de son cerveau.
Il ne paniqua pas, pas tout de suite. Avec un sang froid étonnant, Angst réalisa simplement que la seule chose à faire était de partir d'ici le plus vite possible.
Il tourna les talons et courut jusqu'à la porte. Mais sa précipitation scella son destin, et il se produisit ce qui se produit seulement dans les livres : il tira trop fort sur la poignée, et celle-ci lui resta dans la main. De l'autre côté de la porte, il entendit le fracas métallique de l'autre poignée qui tombait au sol.

Avec effroi, Angst constata qu'il venait de s'enfermer, avec le fantôme, à l'intérieur de la serre.

Là, il paniqua.

Il cria, tambourina quelques secondes à la porte, mais cessa très vite car dans l'immédiat, la seule chose à laquelle il aspirait désespérément, c'était se soustraire à la vue du fantôme. Il se cacha sous un établi encombré près de la porte, au milieu des pots et des sacs de terreaux, les jambes recroquevillées contre sa poitrine et ses bras serrant ses genoux de toutes ses forces. Les larmes lui montèrent aux yeux, tandis qu'il essayait farouchement de se convaincre que la Pleureuse n'était peut-être pas dangereuse et ne se contenterait peut-être que de gémir sans bouger de sa place.
Peut-être.

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Antigone
Mer 16 Déc - 19:01
Non.

En entendant tirer sur la porte, en entendant les mouvements vers le fond de la serre, Antigone comprit qu'elle n'était pas seule.

Elle si concentrée quand elle lisait des livres, elle comprit qu'elle n'était seule, elle le vit directement comme elle comprit qui venait d'arriver dans les serres.

Antigone se tut soudainement, mit une main devant sa bouche pour étouffer ce cri qui n'aurait jamais dû sortir de là. Elle essuya les quelques larmes qui avaient coulé, tenta de se relever. Elle essaya de voir qui était entré et ne pouvait plus sortir.

Oh, Anja n'avait pas peur de ceux qui étaient orphelins à Prisme. Elle était amie avec Georges, et Georges la protégeait de tout, contre vent et marées. Son admiration pour lui était telle qu'elle n'avait pas peur des rencontres...tant qu'il ne fallait pas parler.

Ce n'était pas qu'Antigone était timide, c'était qu'elle était renfermée. Elle avait une peur franche de sortir de ses petites habitudes et affronter le monde semblait être quelque chose dont elle n'était pas capable de suite. Lorsqu'elle comprit que c'était Angst, elle regretta immédiatement de ne pas pouvoir se rendre transparente ou se transformer en petit tas de boue. Il était maintenant dans son champ de vision, donc elle le voyait s'affoler, perdre tout contact avec la réalité et courir dans tous les sens pour...aller se cacher ?

Antigone resta là, immobile sans trop savoir quoi faire. Elle l'aimait bien, Angst, en plus, elle se sentait un peu coupable de le voir là à avoir peur d'elle. Elle pourrait bien se relever les cheveux, peut-être, mais elle avait laissé les chouchous empruntés à Georges dans sa chambre avec ses affaires sales de sport.

Elle leva une main un peu implorante et ouvrit la bouche. À ce moment, Anja avait oublié dans quel état elle s'était précédemment mise, elle ne pensait plus à son frère ni à ce qui l'avait amenée ici. Sans doute cela la rattraperait-elle dès qu'elle n'était plus en mouvement, en attendant, la priorité était pour Angst.

« Angst ? », implora-t-elle presque.

Elle fit quelques pas vers lui mais ne voulut pas s'avancer trop car elle savait qu'il avait peur, qu'il était terrifié et qu'il ne la croirait pas. C'était tout le temps la même chose.

« Angst ? Je ne suis pas un fantôme. Je suis une élève, comme toi. Parle-moi, s'il te plaît. On s'est vu pendant la soirée cinéma, même si tu as eu peur. Je m'appelle Antigone et je suis gentille. Je crois. »

Elle se mit à genoux, prête à montrer sa bonne volonté : oh, oui, elle ne lui voulait aucun mal.

« Tu vas te salir... »
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Mer 30 Déc - 23:48
Le surnom d'Angst résonna dans la serre, juste avant d'être balayé par le vent glacial et noyé par la pluie. Un froid glacial s'insinua en lui, qui n'avait rien à voir avec le mauvais temps.

Le fantôme connaît ton nom, souffla sa peur.

Angst releva la tête, pour s'apercevoir que l'apparition s'était rapprochée de lui. Depuis sa cachette il n'en voyait que les jambes, longues et noires comme deux morceaux de fusain. L'horrible sensation de n'être qu'une bête piégée au fond d'un terrier inconnu le saisit à la gorge.

Angst avait lu suffisamment de mémoires de guerre pour savoir qu'il n'y avait que deux actions possibles lorsqu'on était acculé : attaquer ou fuir. Attaquer ? Impossible, stupide. Restait la fuite. Mais comment ? Le garçon cessa de respirer et, en quelques battements de cœur, son cerveau se mit en ébullition et évalua ses maigres possibilités.

Alors qu'une petite pensée sournoise insinuait que tenter de passer par le velux pour atteindre le toit était peut-être la meilleure idée qu'il aurait, la Pleureuse intervint de nouveau.

La Pleureuse parla. Et Angst écouta, sans parvenir à entendre.
Son cerveau était comme engourdi par la peur – que disait-elle ? Être élève n'excluait pas d'être un fantôme. Le Noyé aussi était un élève, après tout... La soirée cinéma ? Celle de Shining ? Les souvenirs commencèrent à se frayer un chemin jusqu'à la surface... Antigone ?

Le fantôme s'agenouilla.

« Tu vas te salir...
- Ne m'approche pas ! »

Le cri s'était faufilé par sa gorge étranglée et s'était rué hors de lui, comme un animal paniqué. Simultanément, au fond de lui, la raison cherchait toujours à se faire entendre et à bâillonner la peur : Antigone, Antigone, répétait-elle. Tu la connais. Souviens-toi.
Non non non, même cette Antigone n'est pas si effrayante. C'est la Pleureuse.
C'est Antigone. 29ème au classement. Une élève, comme toi.
Le garçon était déchiré entre deux courants contraires. Il aurait voulu écouter la raison, la voix du rationnel, et cesser d'avoir peur.

Mais s'il en était capable, on ne l'aurait pas surnommé Angst.

Incapable de trancher, il jeta ses doutes hors de lui. Les mots suivirent le même chemin que les précédents : ils jaillirent à leur tour, à toute vitesse, angoissés.

« Prouve-le moi ! Prouve que t'es pas un fantôme et que t'es qu'une élève ! Une foutue élève terrifiante dans un foutu orphelinat pour tarés ! Prouve-le ! Prouve-le une fois pour toute parce que j'en peux plus ! »

Les paroles d'Angst restèrent en suspension un instant, entre le clapotis de la pluie et le sifflement du vent, avant de lui revenir en pleine figure – horribles. Méritait-elle ces blâmes ? Non, bien sûr.
Il cacha son visage contre ses genoux. Il aurait voulu disparaître.

« Pardon. Pardon. »

Il sanglotait, à présent. De colère, surtout, parce qu'il en avait tellement marre, de la peur. Le seul taré ici, c'était lui, il le savait.
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Antigone
Dim 10 Jan - 18:06
 Ne m'approche pas ! 

Le cri de Angst résonna dans son cœur et la fille s'arrêta, la main tendue vers Angst. Elle aurait très bien pu être un vrai spectre que ça aurait été parfaitement crédible.

Le rideau s'était ouvert et la scène s'était figée. Il y avait d'un côté ce jeune garçon et d'un autre, cette fille à la frange trop longue qui semblait s'être figée dans le temps. Antigone cessa d'être immobile et remit son bras le long de son corps.

Elle semblait réfléchir à quelque chose qui n'était pas évident. Que faisait un humain que ne faisait pas un fantôme ? Pendant un instant, Antigone avait pensé au sang, le sang qui coulait dans ses veines et qui était absent de celles des fantômes, vides et mornes.

Mais elle ne souhaitait pas faire peur à Angst qui semblait plus effrayé qu'autre chose. Elle ne bougeait pas, mais ses yeux s'agitaient dans ses orbites pour trouver une idée acceptable à l'égard du garçon. Dans un coin, elle vit son sac, jeté là-bas quand elle en avait retiré la pièce de théâtre. Si elle le fouillait bien, elle devrait trouver quelque chose d'utile.

« Attends. Ne cours pas, tu vas te faire mal si tu tombes. », dit-elle très doucement, tout en reculant en arrière jusqu'à son sac, ne lâchant guère Angst du regard.

Comme elle l'avait dit, elle ne souhaitait pas que le jeune homme se fasse du mal, tente de s'échapper, s'acharne sur la clanche jusqu'à la casser. Elle prit le sac, puis revint vers Angst où elle fouilla et en sortit un miroir de poche. Ce dernier devait sûrement appartenir à Muninn, d'ailleurs, il était normalement avec un petit kit de maquillage de poche, dont elle se servait parfois, très discrètement, juste avant de se doucher, pour voir de quoi elle avait l'air avec ça. Enfin, très consciencieusement, elle enlevait toute trace de blush ou de fond de teint.

Angst pleurait, elle n'avait que trop de peu de temps. Elle aurait tellement envie de le réconforter, de le prendre dans ses bras et lui chanter une berceuse en polonais, mais il lui faudrait une preuve d'abord, une preuve pour le calmer.

Anja souffla sur le miroir et une fine buée apparut. Prudemment, elle se rapprocha du petit garçon et le lui tendit.

« Ne...ne pleure pas. Si j'étais un fantôme, il n'y aurait rien eu, pas de souffle. Parce que je ne suis pas morte, tu sais. »

Elle avait posé un genou à terre, avait fait se refermer la main de Angst sur le miroir de poche, très prudemment. Sa bouche s'ouvrit légèrement et en sortit un léger chant en polonais, une chanson qu'elle chantait à ses frères et sœurs quand elle était encore là-bas. Une chanson qu'elle avait entendu une passante chanter à son enfant, une berceuse pour apaiser les âmes. C'était joli, ce n'était pas long, sa main droite se posa sur la joue de Angst, et lorsqu'elle eut fini :

« Shhh...tout va bien... »
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Jeu 11 Fév - 11:47

Angst entendit vaguement la jeune fille lui dire de ne pas courir, ou bien de ne pas tomber, il n'en savait trop rien. Ses sanglots étaient encore trop fracassants, trop accaparants.
Quand il releva enfin la tête, ce fut pour constater que la jeune fille était allée récupérer son sac. Elle était occupée à chercher quelque chose à l'intérieur. Il distingua un œil noir entre deux mèches sombres, qui ne cessa de le fixer durant toute l'opération.
Intrigué, Angst se demandait confusément ce que l'autre pouvait bien rechercher. Ses sanglots s'apaisèrent un peu.
Peut-être voulait-elle mettre la main sur des documents au nom d'Antigone, des copies ou des papiers d'identité quelconques pour prouver ses dires ? Une part de lui, bornée, s'obstinait à penser que ce ne serait pas suffisant – il avait regardé Sixième sens avec ses parents, il avait bien vu que les fantômes, inconscients de leur sort, conservaient des objets de leur vivant. Tout le monde le savait. Un bout de papier ne prouverait rien.
Mais elle sortit un petit miroir. Que s'apprêtait-elle à faire, cette fille aux cheveux noirs qu'il trouvait si terrifiante et qui faisait pourtant tout pour exaucer sa demande ?
Elle souffla sur la glace. Très lentement, elle approcha ensuite l'objet de lui. Angst essuya ses yeux d'un revers de sa manche pour y voir plus clairement.

Un voile gris obstruait la surface réfléchissante.
La preuve d'un souffle.

La respiration encore irrégulière, Angst gardait le regard rivé sur le petit miroir recouvert de buée. Avant même qu'il n'ait le temps de penser à remettre en cause l'existence de l'objet en question, la jeune fille le lui posa dans la main. Il se crispa, un bref instant. Elle fit replier ses doigts sur le petit miroir : il était léger, froid, humide et terreux. Concret.

Un chant s’éleva doucement entre eux, aux intonations douces et marquées à la fois. Une langue slave ? C’était moins rocailleux que sa langue natale, et pourtant, elle lui rappelait un peu l’Autriche. C’était une berceuse, de celles qu’on pense gravées en nous même quand c’est la première fois qu’on les entend : universelle et nostalgique.

C’était Antigone qui chantait. Elle ne chantait pas fort et pourtant, sa voix parvenait à couvrir le souffle du vent, le martèlement de la pluie.

C’était la main d’Antigone, posée sur sa joue. Elle était probablement glacée mais en cet instant précis Angst ne le sentait pas, pas plus que le froid, la peur et le chagrin.

« C’était joli » dit-il d’une voix éraillée lorsqu’elle eut fini de chanter.

Mais sitôt la berceuse achevée, les ténèbres reprirent leurs droits : le vent se fit entendre de nouveau, la nuit devint plus noire, et la culpabilité broya de nouveau le cœur du garçon.
C’était Antigone qui  se tenait devant lui. Une élève, comme lui, de toute évidence  aussi triste et angoissée que lui. Et il avait fallu qu’elle lui présente un miroir pour qu’il se rende compte de leur similitude ? La bonne blague.
Les larmes se remirent à couler au fur et à mesure de son laïus :

« Je suis désolé. T’as rien fait et moi… moi j’ai été horrible. Pas juste ce soir, tout le temps. J’suis toujours blessant, alors que tu fais rien de mal… Et en plus j’suis vraiment trop con, j’ai… j’ai cassé la poignée de la porte. »

Lorsque cette conclusion tomba, pathétique, comme la cerise sur le gâteau, Angst éclata en sanglots de nouveau.

Il s’écarta légèrement pour essuyer comme il pouvait ses larmes, mais elles coulaient sans discontinuer. Elles coulaient comme si elles ne devaient plus jamais cesser de couler, comme si la malédiction de la Pleureuse pesait maintenant sur lui.
Pourtant, quelque chose avait réussi à l’apaiser, un peu plus tôt.

« Tu peux… tu peux chanter encore, s’il te plait ? » hoqueta-t-il.
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Antigone
Jeu 4 Mar - 21:48

Cette chanson, elle la chantait à ses frères et sœurs, quand ils étaient seuls dans cette petite pièce. Ce n'était pas une chanson qui racontait grand chose, juste une comptine qui les calmait et les aidait à retrouver le sommeil.

Angst en avait bien besoin, de retrouver le sommeil, il avait des cernes qui aurait pu faire concurrence à ceux qui avaient mis leur âme aux enchères pour monter dans le classement.

Antigone (non, Anja) eut un sourire tendre, presque maternel à l'égard du garçonnet. Maintenant qu'il avait compris qu'elle ne lui voulait pas de mal, ça allait mieux, son cœur battait plus lentement et un sourire avait même éclairé son visage à elle. Elle avait rabattu ses cheveux derrière ses oreilles puis avait pensé à quelque chose que Knight lui disait régulièrement tout en rosissant un peu (il fallait dire qu'elle n'avait pas l'habitude d'entendre ces mots, ou alors, ils passaient au travers d'elle-même)

« Tu es formidable, Antigone. », disait-il.

C'était quelque chose comme ça, des mots qui s'étaient gravé dans son cœur et qui ressurgissaient à ce moment précis, chargé d'émotion. Sa main se posa doucement, lentement mais sûrement sur la tête de Angst. Elle aurait voulu rire et pleurer à la fois, mais à la place, elle restait figée dans un sourire qui lui semblait bien illusoire.

Elle ne savait pas trop quoi penser, elle était elle-même un peu perdue dans ses propres pensées et ses souvenirs flous. Elle savait qu'elle devait le calmer, alors elle se comportait comme elle l'aurait fait avec son petit frère, enfin l'un d'entre eux, pas Lui. Douce et lente, comme pour instaurer une proximité un peu hypocrite.

« C'est pas grave. », dit-elle. « Pour la porte, c'est pas grave. Puis il y a souvent du passage ici, tu sais. Ils finiront par entrer et verront que c'est fermés, ils ouvriront. Il y a un bureau de prof quand... »

Et ce fut là que, du haut de sa très basse place au classement, Antigone se rendit compte : ce ne devait sûrement pas être les normes de construction du bâtiment, que de n'avoir qu'une seule sortie aux serres. Pour les bâtiments anciens, elle pouvait comprendre, mais les serres étaient récentes, il devait y avoir une autre issue, issue qui, si cela se trouvait (et sans sauter dans le vide) était sous leurs yeux.

Elle attrapa la main de Angst, la serra fort.

Elle pouvait aussi chanter, même si elle portait l'espoir au bout de ses doigts. Enfin l'espoir, comme elle lui avait dit, elle était sûre que quelqu'un leur aurait ouvert même sans, c'était obligé. Ils avaient le temps, et autant profiter de cette drôle de pause pour que Angst décompresse loin des vapeurs toxiques de cet orphelinat et de la compétition malsaine que l'on montait entre les élèves.

Sa drôle de petite voix s'éleva dans la serre alors que Gone chantait une des seules chansons qu'elle connaissait. Elle commençait à se remplir de confiance, le ton monta, elle chanta avec plus d'assurance alors que l'Ave Maria montait dans les airs.

Il était lent, certain, elle ne bafouillait pas dans ces paroles qu'elle avait déjà répétées des milliers, des millions, de fois. C'était joli, c'était beau, et elle qui n'ouvrait pas beaucoup la bouche remplissait l'air d'un son cristallin.

Quand elle eut fini, elle sortit progressivement du petit cocon qu'elle venait de créer pour oser enfin éclore d'un rire sonore.

Elle était heureuse ?
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Ven 9 Avr - 19:26

Angst évacua l'horreur et l'angoisse, la tristesse et la rancœur, toutes ces émotions noires et poisseuses comme du goudron qui s'étaient accumulées en lui sans qu'il s'en aperçoive. Cela lui faisait du bien de pleurer. Bien plus qu'il ne l'aurait cru. Mais il n'y avait pas que ça : le garçon écoutait Antigone le rassurer, lui répéter que ce n'était pas grave. Le souvenir de la main de sa mère dans ses cheveux se superposa au geste de la jeune fille.

Depuis combien de temps n'avait-il pas été réconforté ?

Ils avaient beau être dans un établissement prestigieux, encadrés des meilleurs pédagogues qui soient, être soignés, encouragés, stimulés – il avait beau être entouré par des adultes attentifs à son avenir et à sa santé, par des camarades qui vivaient la même chose que lui, il manquait néanmoins quelque chose à Angst. Il leur manquait probablement quelque chose à tous. A cet instant, Angst se sentit très seul. Plus que tout, il se rendit compte qu'il avait envie – qu'il avait besoin – d'un câlin. Il n'était qu'un petit garçon.

Angst ne réclama rien – il ne se sentait pas le droit d'en réclamer plus à Antigone, pas après ce qu'il lui avait fait subir – cependant, il serra la main d'Antigone en retour quand elle lui attrapa la sienne, et il l'écouta chanter. Il reconnut l'Ave Maria : sans se souvenir où est-ce qu'il l'avait déjà entendue, la chanson l'apaisa et résonna profondément en lui comme un vieux souvenir rassurant. Peu à peu, sa respiration se calma. Il essuya ses larmes du dos de sa main libre, se laissa bercer par la voix d'Antigone. Quand elle eut fini, tout à coup, elle éclata de rire.

C'était la première fois qu'il l'entendait rire.
Étonnamment, ce rire le consola tout autant que le chant juste avant. Une histoire de son enfance d'avant l'orphelinat traversa ses pensées : « Lorsque le premier bébé rit pour la première fois, son rire se brisa en un million de morceaux, et ils sautèrent un peu partout. Ce fut l'origine des fées. »
Peut-être qu'il y avait d'autres choses que l'angoisse et les fantômes, dans la vie, et qu'il lui fallait juste y être plus attentif. S'il avait accordé davantage d'attention à Antigone, plutôt qu'à sa peur d'elle, il l'aurait peut-être entendue rire plus tôt.

Songeur, Angst s'aperçut soudainement qu'il se sentait mieux.

« Merci », dit-il alors, un peu gêné du croassement de sa voix éraillée par rapport à celle, mélodieuse, d'Antigone. « Pour tout, ajouta-t-il en éclaircissant sa gorge d'un toussotement. Tu chantes vraiment bien. »

En d'autres circonstances, la curiosité naturelle d'Angst l'aurait poussé à la questionner (Tu chantes souvent ? Tu fais option musique ? Tu voudrais faire quoi plus tard ?) Mais la peur et les pleurs l'avaient vidé. Angst se sentait épuisé – pas de la même façon que lorsqu'il se traînait hors de son lit le matin après quatre misérables heures de sommeil, cependant : c'était une fatigue saine, apaisante. Le vent lui arracha un frisson ; il s'aperçut qu'il grelottait. Et qu'en était-il d'Antigone, trempée par la pluie ?

« Tu crois qu'on pourrait essayer de trouver un moyen pour sortir d'ici, alors ? » demanda-t-il d'une voix incertaine.
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Antigone
Sam 8 Mai - 15:13

C'était un rire qui sortait enfin de sa poitrine comme s'il y était bloqué depuis des années, emprisonné dans les dédales de son cœur et attaché comme Prométhée l'avait été à son rocher. C'était comme une tempête qui la prenait et qui se déchaînait.

Ne pouvait-elle pas être heureuse, elle ? Et Angst aussi ? Elle reprit son souffle, une brusque inspiration dans ce monde comme si elle en avait tant manqué et rit à nouveau.

Elle ne faisait plus vraiment attention à la tempête qui soufflait dehors, au vent qui filtrait par les parois ouvertes et à la pluie qui lui mouillaient les cheveux. Non, Antigone revivait, c'était un jour à marquer d'une croix blanche, comme si par ce chant, elle était devenue une autre personne, meilleure, sûrement.

Alors, sûrement aurait-elle sans doute des regrets, peut-être continuerait-elle à se réveiller en sueur et en sanglots ou à culpabiliser, seule dans le noir, mais elle saurait qu'elle aurait des personnes sur lesquelles compter, ne serait-ce que Angst, Knight, Muninn ou Georges. Des amis présents pour elle.

« De rien. », sa voix lui paraissait presque faible en comparaison à la puissance qu'elle avait entretenu peu de temps avant, avant de soudainement être prise par un tremblement, le temps venant se rappeler à sa personne.

« Euh, oui...Je...il doit y avoir...enfin dans le bureau du prof', c'est forcé... »

Elle prit la main de Angst, sa petite main toute mouillée et d'un air automatique, se dirigea à ses côtés vers le fameux bureaux. Il était obligé qu'il y ait une sortie de secours, notamment dans une serre qui pouvait contenir une trentaine d'élèves, surtout si le bâtiment était récent.

C'était obligé, et heureusement. Actuellement, Anja se sentait courageuse. Son cœur battait à tout rompre, elle n'avait qu'une hâte : prendre une douche brûlante, mais elle devait d'abord le sortir de là. Elle se sentait terriblement responsable des crises qu'il avait pu faire, comme si en s'abandonnant au malheur, elle avait causé ce quiproquo foireux.

Bafouillant, elle lui montra du doigt ce qui semblait être une porte dans le bureau personnel du professeur de botanique.

« O-ouf ! », elle fut la première à la pousser, non pas qu'elle ne faisait pas confiance à Angst, mais qu'elle ne savait pas s'il pouvait être si mal qu'il casse la clanche une nouvelle fois.

« V-voilà. », ils étaient dans le couloir, n'avaient qu'à emprunter les escaliers à présent pour se trouver de nouveau dans les dortoirs. « Je-je. Je suis désolée, c'est un peu ma faute. Il faudra que tu te sèches et mettes un gros pull, ok ? Pour ne pas que tu attrapes froid ! »

Antigone s'inclina légèrement devant lui, s'excusant de nouveau.

« Je vais y aller, ça va aller ? »
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