La musique résonnait dans les oreilles du professeur de sport. Trouver un baladeur correct alors qu'il n'en avait pas à son arrivée en Angleterre avait été facile, il lui avait suffi de piocher dans les objets confisqués, ceux que le concierge gardait à l'abri dans sa remise, au milieu des pétards et des billes trouvées dans le sol.

Le baladeur était plutôt de bonne qualité, il devait dater très facilement des années 2000 et en tout cas, il en avait le design. Il s'agissait d'un objet un peu rétro, une petite capsule dans laquelle on avait enregistré la musique et tout d'un coup, alors qu'il était ancré dans le sol de Prisme, la voix de Janis Joplin amplissait tout l'espace et lui faisait découvrir quelque chose qu'il n'avait jamais connu.

La musique.

Lorsqu'il entendait cette voix, il comprenait son ami Luca (vous aviez tous reconnu le petit nom de Dorémi) qui avait voué sa vie à cet art et resta pendant quelques secondes immobile, concentré sur cette voix formidable, avant de se prendre un ballon sur l'arrière du crâne.

« HEY PTITS CONS ALLEZ JOUER DEHORS AVANT QUE JE VOUS COLLE !!! », cria-t-il d'un ton qui était tout sauf sympathique. Les filous filèrent sans demander leur compte, Eden continua à râler sans se rendre compte que la chanson continuait et qu'habituellement, il les aurait poursuivi pour leur tirer les oreilles.

La musique l'avait rendu plus calme, si bien qu'il avait mis les mains dans ses poches puis marché jusqu'à la serre. Ce n'était pas un endroit où il aimait bien aller, surtout parce qu'il avait Tsubaki, la professeure de botanique, dans le viseur, et qu'il n'appréciait pas bien sa façon de traiter avec lui. Cette nana ne savait pas bien profiter de la vie et c'était tout, il l'avait décrété !

Eden bailla. Il traîna les pieds jusqu'à la serre qu'il trouva ouverte et c'était logique, pour que les élèves puissent s'occuper de leur plante. Haussant un sourcil, il trouva un livre de botanique sur une des tables et le ferma, le prenant sous le bras – voilà qui ne devrait pas trop manquer à son propriétaire pour le garder là, il le rendrait à la bibliothécaire un peu plus tard. Soupirant, il se dirigea vers l'extrémité de la serre.

Il avait déjà vu que sa précieuse culture avait été saccagée par l'agressive Tsubaki, mais...mais s'il fouillait un peu avec les doigts, Eden pourrait peut-être retrouver quelques plantes. Les mains dans la terre, il cherchait les pieds de plante alors que Janis chantait toujours dans ses oreilles. Ses doigts attrapèrent quelque chose et un sourire vient éclairer ses oreilles.

« Putain de merde, génial ! »

Il en profita pour mettre ce petit survivant, d'une grande bataille évidemment, dans un petit sachet qu'il abrita dans sa poche, puis se roula une clope avait un peu d'herbe séchée venant de sa propre réserve.

La serre était déserte, il pouvait bien, non ?

Il alluma la clope, inspira un bon coup avant de rejeter la fumée vers le ciel ouvert.

Ils étaient bien, ici.

La fumée, juste s'asseoir par terre et regarder la fumée partir d'un air las. C'était quelque chose qui lui rappelait assurément des souvenirs, des bons et des mauvais. Pendant ce moment de relâchement, il se dit rapidement qu'il devait aller rendre visite à sa mère, sans doute lui acheter des fleurs d'abord et s'excuser de ne pas être là plus souvent. Son travail à l'orphelinat lui prenait quasiment tout son temps, alors il se rattrapait en lui racontant des histoires.

Cette histoire sur ce gamin qui se dépassait dans son cours, même s'il était le dernier de la classe, qu'il avait de l'espoir, de cette gamine qui lançait des paillettes partout, si bien qu'elle en devenait un poil agaçante, de ce grand dadais qui faisait genre être plus fort que les autres alors qu'il n'était qu'un enfant. Eden lui racontait tout cela avec force, évitant d'abord le sujet du classement et du mal-être de certains gamins. Il voulait que sa mère aille bien, la seule chose à faire, c'était de lui raconter des histoires d'enfants, si différentes que la sienne apparemment en Russie.

Parfois, elle lui posait une main sur l'épaule, le regard fatigué et un léger spleen dans le regard. Sa mère ne sortait pas encore beaucoup mais il savait que de temps à autre, elle le faisait. Elle s'égarait de temps à autre dans le parc, il avait même trouvé des tasses usagées chez elles qui témoignaient la venue de voisins ou de voisines avides de café. Sa mère s'adaptait à leur nouvelle vie et c'était avec une fierté non feinte qu'Edgar lui parlait.

La fumée sortit de sa bouche tandis qu'il rêvait encore. Elle râlerait si elle savait qu'il faisait toujours ça, comme la première fois où elle l'avait surpris en train de le faire, en Russie. Pris dans la nasse de son rêve, Eden n'entendit pas venir la petite fée, il sursauta donc pour de bon lorsqu'il l'entendit, écrasant d'un coup sec le mégot et le fourrant rapidement dans sa poche arrière – il était bien éteint, pas de danger.

« Tu fous quoi là, gamine ? », grogna-t-il comme pouvait le faire un ours mal-léché. Les yeux toujours plissés, encore une fois plus parce qu'il était complètement myope que parce qu'il voulait avoir l'air méchant, il tenta de dévisager la fillette pour tenter de l'identifier.

Il avait reconnu une première année à sa voix, à sa taille sans doute, même si se fier au dernier point pouvait être trompeur. Plissa le nez. Elle avait un petit visage qui lui disait quelque chose, comme s'il l'avait déjà vu ailleurs, le visage, pas ses cheveux.

« Fairy. Ou quelque chose comme ça, je me plante pas ? », dit-il en posant sa main sur l'épaule de la gamine pour la dissuader de fuir et de le dénoncer. « Tu es consciente que tu ne dois pas parler de ça aux autres ? Mh ? Tu n'es pas bête, Fairy, tu es même plutôt intelligente... »

Il lui fit un sourire, pas le genre de sourire gentil, le genre insistant. S'il se faisait virer par Mercury, il devrait le justifier auprès de sa mère. Et ils devraient probablement déménager de nouveau, il ne savait pas du tout où on pourrait le muter. Sa vie tenait entre les mains de cette gamine.

« T'as compris ? »

Comme un souffle. Un souffle sur sa peau un beau matin ; inspiré par la vapeur de la cigarette c'est le souvenir qui lui revient.

Les caresses, la peau nue dans un instant de grâce, quasiment beau.

Beauté irréelle.

Elle s'évanouit comme elle était devenue et revint ce qu'elle était : rien qu'une espèce de tentation, une sirène accrochée à son rocher. Le souvenir s'estompa, il revint dans la réalité. Elle n'était pas là, fort heureusement.

Son regard redescendit sur Fairy comme s'il se rendait à nouveau compte de sa présence, de la menace qu'elle venait de faire tomber sur lui comme la lame d'une guillotine.

Pourquoi les gamins de cet âge devaient-ils être tous aussi énervants ? Avides de savoir et curieux ? Peser le pour et le contre de lui dire la vérité semblait être compliqué : d'un côté il mentait, elle réussissait à le capter, de l'autre, elle apprenait le nom de la substance, rapportait, et il était viré. Il les connaissait, les gosses !

Edgar grimaça. Ses doigts lui brûlaient presque de la cigarette précédemment fumée.

« Eden. J'sais bien que t'es une mini pouce, mais je suis ton prof' de sport, hein. Et autant moi j'ai pleins de têtes à retenir, toi, t'as pas autant de prof. », articula-t-il, lui pointant le doigt vers sa petite caboche comme si ça pouvait l'aider à retenir son pseudonyme. E-den. Ce n'était pas si dur, non ? Un comble pour un russe, d'ailleurs, de s'appeler comme ça.

« J'ai piqué une plante à Tsubaki. Aucune idée de ce que c'était. De toute façon, maintenant, y'en a plus, donc bon. Le lui dis pas, et évite de... »

Attendez.

Eden fronça les sourcils, venant seulement de réagir à un détail en particulier de ce que la môme lui avait dit.

Mercury ? Ces drôles, ils en avaient du culot !

« Attends, tu appelles la directrice Mercury ? Devant moi ou j'sais pas qui, mais si elle t'entend, tu vas te faire coller, hein ? Contente-toi de « Mrs M. », ok ? »

Mais qui était donc cette gamine pour qu'elle ait les faveurs de Mercury ? Qui était Fairy à part une petite menteuse comme les trois quart des gosses de cet orphelinat ?

Tiquant à ce sujet, il décida de laisser passer le sujet « Mrs M. », décidant trop tendu, et puis si cette gamine s'imaginait des amis, ce serait son problème lorsqu'elle se retrouverait face à la femme.

Non, ce qu'Eden retint plutôt, c'était que Fairy semblait être insupportable. C'était lui le professeur et pourtant, il était en faute devant cette petite gamine de 10 ans.

Ce gnome.

Cette fée à oreilles pointues.

Résistant à l'envie de lui faire une pichenette sur la tête pour la dégager – non, utiliser la violence était assurément une mauvaise idée, elle risquerait de gueuler comme jamais et on l'accuserait sûrement de maltraiter les gosses.

« Ouais ouais ; la prochaine fois, tu veux ? »

Il ne voyait que cette solution, en vérité : la contenter, lui dire ce qu'elle voulait entendre.

« Mais tu vois, c'était pas très bon, je trouve, alors je compte pas trop recommencer. », dit-il en secouant la tête, son léger accent russe faisant vibrer chacun de ses mains. Eden soupira, puis posa sa main sur une épaule de Fairy, d'un air auparavant bienveillant, même s'il n'avait (de manière très objective) aucune raison de l'être.

Cessant tout contact direct avec la gamine, le professeur de sport s'en éloigna un peu. Il serait sûrement temps de s'esquiver en beauté, fermer la porte de la serre et de faire comme si cette rencontre n'avait pas été lieu, mais non, Eden était prof. Il se dirigea vers le bureau de Tsubaki et piqua dans un tiroir quelques bonbons, et en jetant un sur la gamine, en espérant qu'elle le rattrapa – il n'y pourrait rien, si elle n'avait pas assez de réflexes pour le choper hein.

« Et puis tu fais quoi ici alors que tout le monde est dehors ? Tu devrais pas être avec des copains ou dans un club ? J'pense que tu es un brin trop jeune pour faire botanique hein. »

Il exprima avec étonnement la pensée qui lui trottait dans la tête depuis un petit moment déjà tout en lui montrant du doigt la sortie – non mais ça allait de l'engueuler parce qu'il fumait, mais elle s'était vu, cette sale gosse aux oreilles pointues ?

La prenant par la main, il la traîna vers l'extérieur. La serre était assez grande, maintenant qu'il y pensait, et il ne connaissait pas la moitié des plantes. À droite, il y en avait une assez géante jaune et rouge, à l'odeur un peu nauséabonde, ce qui lui fit plisser le nez, à sa gauche, quelque chose qui ressemblait assez à l'idée de ce qu'on pouvait se faire d'une plante carnivore.

Il la lâcha, regardant l'étonnant spécimen qui était en train de dévorer une mouche.

« Ah ouais. J'savais pas qu'il y avait ce genre de trucs ici. »

Elle n'aimait pas la neige, ce que c'était bizarre ça.

Eden s'arrêta dans ce qu'il faisait (à savoir regarder une banal plante) pour fixer la préadolescente. La détailler de ses yeux de myope. Il aurait été compliqué de dire qu'elle avait en réalité 10 ans, de vue, il lui en aurait donné 7 ou 8, elle aurait sûrement une poussée de croissance très bientôt. Maintenant qu'ils étaient si prêts physiquement, il avait encore plus l'impression qu'il y avait quelque chose dans ses yeux qui lui était familier.

Un air connu, comme si il l'avait déjà rencontré, ou vu quelqu'un de sa famille, sans doute ? Il ne réussissait vraiment pas à mettre le doigt dessus et sa vue était assurément trop mauvaise pour faire le lien.

Mais il était curieux, il voulait savoir.

Il grognait quand il comprit que la gamine ne voulait vraiment pas aller dehors, pire, elle semblait vraiment décidée à rester ici, en plus, le pire c'était qu'elle avait l'air de connaître sur le bout des doigts les plantes ici, comme si Tsubaki la laissait en effet entrer à sa guise.

Une vraie catastrophe ambulante, cette gamine, il laissa échapper un « mhprf, fais chier ! », entre ses dents, mais c'était Eden, même s'il était grognon, on devait admettre que lorsqu'il s'agissait du bien-être des élèves, il finissait toujours par céder.

« Mphr, m'en fous en fait. Reste ici alors...ce serait con que tu chopes la grippe et je crois que Nurse et Clown ont déjà assez de boulot. », grommela le professeur, avant de s'asseoir à même le sol. Il était vrai qu'il caillait à l'extérieur, une raison de plus pour pas la laisser sortir, pis concrètement, rien ne l'obligeait à courir dans la cours de récré.

La gamine ne paraissait pas se soucier de ses ordres, elle avait même sorti un carnet à dessin, chose qui le fit doucement lever un sourcil et il se demanda un instant si elle était aussi douée que certains ou si, au contraire, elle faisait fleurir sur le papier toute une armée de bonhommes bâtons aussi joyeux les uns que les autres.

À distance raisonnable, Eden l'observait ; il cherchait encore ce truc qui le titillait, cette question qu'il se posait depuis qu'il l'avait vue et qui ne le quittait pas : à qui lui faisait-elle penser, et c'était sûrement cette seule et unique question qui faisait qu'il ne quittait pas la serre à cette instant, car il était évident qu'il n'était pas un surveillant et surtout qu'il n'avait rien à foutre ici, surtout seul avec une gamine de 10 ans.

« T'as pas des parents qui travaillent à l'orphelinat ? À moins que tu ne sois russe, peut-être ? »

Le professeur de sport enchaîna sur un « tu parles russe ? », en russe, pas sûr qu'elle comprenne, elle n'avait pas l'air d'avoir d'accent.

En effet, elle venait de confirmer qu'elle n'était pas russe.

De toute manière, chez une enfant aussi jeune, même surdouée, il doutait de la capacité d'apprendre une langue sans accent rien qu'en claquant des doigts. Enfin peut-être pour les premiers du top, son nom lui serait plus familiers que ça si elle faisait partie des jeunes coqs en haut du classement.

La photographie de sa mère laissa en revanche Eden pantois. Pendant un instant, d'ailleurs, il songea même à lui chourrer en guise de preuve, comme pour prouver à ses collègues qu'il ne racontait pas de craques.

Lorsqu'elle disait que sa mère ressemblait à Mercury, c'était un euphémisme. Les traits de la directrice de l'orphelinat transparaissaient littéralement sur ceux de la jeune maman de Fairy, si bien qu'il eut l'impression d'avoir touché quelque chose de sensible, peut-être un secret bien caché. Accroupi à la hauteur de la fillette, Eden se fit plus calme, plus abordable. Il referma ses doigts sur la photo, puis chuchota, ne quittant pas Fairy :

« Tu sais, Fairy, je pense qu'il y a des limites à tout ici. Ici, je suis Eden, pas Edgar. Mercury a certainement une autre identité, elle préfère la cacher. Tu...ta photo, peut-être, si jamais Mercury a un lien avec toi, peut-être qu'il ne faut pas la montrer à tout le monde, tu vois ? J'ai de bonnes intentions, mais elle n'a pas que des admirateurs, il ne faudrait pas que quelqu'un te fasse du mal. »

Même si elle n'avait aucun lien avec la directrice, la confusion pourrait être vite fait, alors qu'il avait récemment été convoqué concernant le scandale lié à A, il était évident que Mercury avait des opposants. Kidnapper Fairy pourrait être un moyen de pression pour un lâche, ou pour quelqu'un qui aimerait les échecs faciles. S'il était obtus et caractériel, Eden aimait profondément enseigner et tentait de faire de son mieux pour que les enfants grandissent bien.

Malgré tout, il n'oubliait son passé de mafieux et le fait qu'il était engagé au sein du MI6. Chacune de ses actions était pensée, il savait qu'on pouvait ne pas avoir de scrupule à faire du mal à une enfant, et sans vouloir lui décrire ce qu'il avait éventuellement pu voir par le passé, Edgar, qui lui avait d'ailleurs dévoilé son prénom comme une offrande en remerciement du cadeau qu'elle lui avait fait, comme un signe de confiance, lui tapota la tête.

« Je pense que...le mieux, ce serait que tu le demandes à la concernée directement ? ...à moins que tu ne l'aies déjà fait ? »

La question qu'elle posait était complexe, et Eden se voyait mal répondre à la gamine que Mercury avait sûrement des ennemis bien plus sérieuses que les gosses frustrés de ne pas être dans le top du classement.

Oh, si Mercury était, tout comme lui, payée par le si reconnu (et pourtant si secret) MI6, elle devait avoir eu une autre vie en arrivant ici. Fairy pouvait avoir un lien avec elle comme en être dénoué, il n'était pas dans le cerveau de cette meuf et étant donné que des personnes aussi bizarres que sinistres comme Heaven (à tout hasard bien entendu) se baladaient librement dans le jardin, il pouvait comprendre qu'elle puisse protéger Fairy.

« Nan mais j'me fais sûrement des idées. Mercury a pas d'ennemis, t'inquiète. Les pires seraient sûrement les râgeux tout en bas du classement, mais même eux, ils sont mignons au fond. », se rattrapa-t-il.

Il avait levé les yeux en l'air quand elle l'avait défini comme « gentil ». Non, il n'étais pas gentil et il ne voulait pas être défini comme gentil par les élèves. C'était un coup à se retrouver avec pleins de jolies excuses pour sécher ses cours, une Fairy quatre années plus tard qui s'en servirait pour le faire chanter « parce qu'il était gentil ». Alors, dans cet orphelinat de génies, être gentil n'apportait rien, Eden pouvait le certifier.

« Tsk, le jour où les poules auront des dents, sale gosse. », et zbam, qu'il lui envoya une (autre?) pichenette au plein sur le front, suivi d'un rire qui n'avait rien de délicat.

Il se demanda sur le coup si la gosse avait déjà croisé Heaven, si elle avait déjà vu ces adultes à Prisme qui faisaient peur. Non pas qu'il nourrissait une étrange obsession pour Heaven, hein, celle-ci étant totalement justifiée, évidemment, mais plutôt que...il ne savait pas si le jardinier avait déjà rencontré la directrice en personne, il semblait évident qu'elle ne « s'abaissait » guère à faire les entretiens du petit personnel. Quelqu'un avait donc déjà constaté de cette petite ressemblance, à part lui ?

Mais trop tard, maintenant qu'il avait pensé à Heaven, la silhouette de cet homme aux cheveux longs ne le quittait guère. Comme son teint pâle ou ses yeux qui donnaient l'impression d'avoir avalé votre âme.

Eden avait peur, oui, plus que cela, il avait l'instinct de flairer un mauvais coup, il était sûr que ce type en avait contre lui...et peut-être contre le MI6, donc ? Savait-il seulement...

« ...Euh...dis-moi juste...t'as déjà croisé Heaven ? Tu vois, le jardinier un peu flippant, là...tu lui as déjà parlé, dis ? »

Ça y était, il était parti. On pouvait le voir à ses pupilles un peu dilatées et au fait que Eden lui-même ne faisait plus attention qu'avant à ce qui les entourait. Non, son regard restait centré, figé sur Fairy comme s'il attendait une réponse de la plus haute importance à sa part, à cette gamine de 10 ans.

Terriblement importante, et pourtant...l'obsession se lisait très clairement dans ses yeux, comme s'il cherchait quelqu'un pour le conforter dans sa folie, alors que tous lui disait de se calmer un peu quant à Heaven. Il lui agrippa le bras.

« Il t'a déjà parlé ? »