La brise qui soufflait sur la ville était fraiche et pourtant, des plus agréable. Les habitants, profitant de la clémente météo, avaient alors décidé de se balader en ville. Les rues étaient animées à la manière d'une fourmilière humaine et chacun vaquait donc à ses occupations. Au milieu de cette agitation, une petite tête blonde avançait, ses mèches se mouvant au rythme de ses pas tandis que son regard était fixé droit devant elle. Cette tête blonde, c'était Wave, profitant d'un week-end calme pour s'aventurer en ville et faire le plein d'énergie. En effet, il était reposant de pouvoir s'éloigner de Prisme et de son ambiance anxiogène de temps à autres.
La jeune demoiselle arriva bien rapidement à destination. Le Black Swan. Ce bar était plutôt populaire et encore plus parmi les élèves fuyards de l'académie. Des soirées jeux de société y étaient régulièrement organisées et les boissons y étaient délicieuses. C'est ce second point qui attira la jeune femme jusqu'à l'établissement. Wave était, comme à son habitude, poussée par sa curiosité. Elle voulait s'imprégner de l'ambiance et goûter un des cocktails sans alcool disponibles à la carte. "Atlantis". Le nom était accrocheur, tout autant que le descriptif ! "Un goût sucré et parfumé, aussi dur à trouver que la légendaire cité des mers ! Laissez notre cocktail vous faire voyager sans même une goutte d'alcool !. C'est ainsi que la septième année avait fini par le commander. On l'avait installé juste à côté des grandes fenêtres du pub, lui donnant le plaisir d'observer le va et vient des passants tandis qu'elle trempait ses lèvres dans le liquide bleuté dans lequel tanguait une cerise, tout cela dans un verre à martini qui brillait doucement, transpercé par les rayons du timide soleil.
C'était une belle journée. Une paisible et belle journée pour Wave.
Pause dans sa vie au moment où il était entré dans le pub et s'était fait une place au comptoir.
Ces week-end était comme une immense bouffée d'oxygène où il n'était plus Eden, le professeur de sport parfois trop dur avec ses élèves, mais Edgar, un simple client régulier de l'endroit.
Un verre de whisky entre les doigts, Edgar était perdu dans ses pensées. Cernes sous les yeux, il pensait à Fever, il pensait de ce fait un peu à l'orphelinat, à son éventuelle prochaine mutation – si seulement elle venait. S'attacher à quelqu'un, d'autant plus dans ce contexte où il était susceptible d'être muté aussi rapidement n'était pas une très bonne idée.
Que devait-il penser de Fever ? Pourquoi se comportait-elle comme ça en sa compagnie, comme s'il la troublait, pire, comme s'il était un ennemi ?
Eden ne comprenait pas, il se voyait forcé de répondre par la provocation, comme il n'avait pas le choix et qu'elle allumait la poudrière à chaque fois qu'elle ouvrait la bouche ; il sentait son désespoir, sa haine aussi, et pourtant, il se réveillait souvent à ses côtés, il ne la comprenait pas, et pourtant, il recommençait.
Edgar ne se comprenait guère lui-même, aussi ses doigts grincèrent autour de ce verre dans lequel il trempa les lèvres. Il aurait pu rester des heures comme ça, des longues heures, lorsqu'il entendit une drôle de voix, une voix familière, sinon il serait resté dans cet état catatonique. Sa tête se tourna lentement, très lentement pour voir une tête blonde familière, sans doute paraissant plus jeune que son âge, devant un verre de martini à la composition bizarre.
Grognant et se disant que Wave – oui, il connaissait les noms de tous les étudiants qu'il avait sous son aile – avait bien du culot, il se leva, son verre toujours à la main, la moitié de son contenu déjà dans l'estomac. S'assit à côté de la gamine.
« Hey. »
Il chopa son verre, le lui confisquant définitivement.
« Le patron a p'tete oublié de te le dire, mais l'alcool, c'est interdit aux mineurs, ma p'tite Wave. », dit-il, levant le verre confisqué et posant sur le bar le verre de whisky à lui. Il leva le verre et engloutit le liquide. C'était curieux, c'était comme s'il n'y avait pas vraiment d'alcool là-dedans, et Eden s'y connaissait, en alcool.
Le barman l'interpella :
- Hey Edgar, descends pas le cocktail de la p'tite, c'est l'Atlantis sans alcool là, il est super chiant à préparer quoi !!!
Moins choqué de savoir qu'il venait de s'enfiler un truc sans alcool que le barman venait de l'appeler par son vrai nom, il regarda tour à tour le verre, puis Wave.
« Ça change pas que t'as rien à foutre ici. »
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Lun 15 Fév - 22:42
Boire un verre (sans alcool)ft. Eden
Cette journée aurait pu être parfaite. Si seulement le professeur de sport n'avait pas fait son apparition ... Elle n'avait pas eu le temps de dire ne serait-ce qu'un mot que celui-ci avait dérobé son verre tout en prenant place à table avant de lui balancer une morale à deux balles et de le descendre cul sec sa boisson. Wave était dégoutée. Elle n'avait pas eu le temps de savourer ne serait-ce qu'un tiers de son verre que son plaisir lui était retiré. Le seul point positif de cette interaction fut la participation du barman qui, en précisant que la boisson n'était pas alcoolisée, glissait le véritable prénom de celui qu'elle connaissait jusque là sous le pseudonyme "Eden".
Enfin, cela n'empêcha pas le professeur de continuer à lui faire la morale. Il devait avoir perçu la lueur d'espoir dans son regard quand elle avait eu de quoi prouver la non-présence d'éthanol dans son verre car il n'avait pas tardé à lui rappeler que même sans ça, elle était mal barrée et allait devoir se justifier.
- S'il vous plaît me balancez pas ... ! Je suis sûre que vous êtes d'accord avec le fait que c'est pas sain de nous élever à l'écart de tout ! Et puis je fais rien de mal ... !
Il est vrai que Wave était loin d'être une des élèves les plus problématiques. Parfois un peu dans la lune ou excentrique, il est vrai, mais avec un potentiel et une curiosité agréable ! Elle se tourna alors vers le barman, bien déterminée à boire, même si elle abandonnait l'idée de déguster son succulent cocktail.
- Excusez moi, je pourrais avoir un jus de pomme pour remplacer mon verre s'il vous plaît ?
Puis, décidée à ne pas se laisser faire par le professeur hors de ses fonctions, Wave décida de jouer franc jeu avec lui. Ici, en dehors de l'enceinte de l'école, la barrière entre professeur et élève était bien plus fine que l'accoutumée, pas vrai ? Et puis, grâce à cela, elle pouvait poser la question qui lui brulait les lèvres depuis un moment.
- Vous dormez toujours aussi mal professeur vu vos cernes ... Est-ce que vous allez bien ?
Le ton était calme et son regard doré était plongé droit dans les yeux. Honnêtement ? Elle ne s'attendait pas à une réponse potable. Non, il beuglerait sans doute quelque chose du genre "C'est pas tes affaires gamine ! J'suis pas ton pote !" mais au moins, elle aurait tenté et ça, c'est déjà pas mal ...
Rah, c'était chiant, c'était horripilant. Edgar eut un petit râlement et récupéra son propre verre, tandis qu'il faisait glisser celui qui était vide en direction de la jeune fille.
Le pire, c'était que machin avait dit son prénom, eux qui faisaient tout pour le cacher. Si Mercury venait à apprendre sa bourde, il allait se faire déchirer. Edgar posait déjà une main sur son visage pour se lamenter comme l'acteur Shakespearien qu'il pouvait être, mais il ne pouvait pas effacer ces dix dernières petites secondes ou même tabasser la gamine tellement fort qu'elle en prendrait la mémoire.
Il ressentait en réalité un profond sentiment de lassitude, probablement lié à son manque de sommeil, à ses cauchemars nocturnes comme si un indicible mal le prenait en otage chaque soir – Fever le lui disait bien, mais il ne voulait pas l'entendre.
« Mhphr. Genre on vous élève à l'écart de tout ; c'est pas l'impression que j'avais, moi...on cède aux moindres de vos caprices et vous avez des sorties scolaires de malade ! J'te jure, tente un autre pensionnat, tu rappliqueras ici la queue entre les jambes ! »
En y pensant, il ne savait pas si certains pensionnaires avaient déjà tenté de se tirer avant leurs dix-huit ans, c'était sûrement déjà arrivé et était certainement possible, il y avait bien des parents chez les richous qui voulaient récupérer le petit chéri ou des orphelins qui retrouvaient soudainement leur famille : ce genre de chose arrivait.
Il s'était toujours demandé si les gosses étaient heureux, ici, et le classement n'était pas la seule question qu'il se posait. Oh, Eden avait bien tenté de le remettre en question, au début, mais l'engueulade avait été si sèche qu'il avait préféré se la fermer et s'y était habitué. C'était une bizarrerie, certes, ils étaient censés former l'élite, comme le disait Mercury. Son rôle à lui était surtout d'alléger le poids sur les épaules des gosses, leur permettre de s'évader, les faire courir et se défouler.
« Vas-y, fais comme chez toi ! », ça aurait été Clown, il lui aurait donné une grande claque derrière la tête, mais là, avec sa main suspendue dans le vide, il se retrouva un peu comme un con. S'il l'avait abattue sur l'arrière de la tête de l'adolescente, on l'aurait sûrement traité de tortionnaire d'enfant, alors il la posa dans ses cheveux et appuya jusqu'à ce que son nez toucha le barre, sans la blesser.
Surtout qu'elle lui avait posé des questions sur son fameux manque de sommeil, que ce n'était jamais le genre de chose qui le mettait à l'aise et évidemment, enlevant sa main et relâchant la prise, il râla à nouveau :
« J'crois pas qu'on soit pote, ma p'tite Wave. Déjà, j'te laisse boire un jus de pomme dans un pub, alors abuse pas. Si je kiffe le maquillage d'Halloween, ça ne regarde que moi, si tu te crois assez maligne pour faire la grande dans un pub, ça te regarde toi...et sans doute ton psy également. M'enfin, bref. Tu... », il lui jeta un drôle de regard. « Tu évites de dire à Mercury ce que tu as entendu tout à l'heure, hein ? J'vais m'faire encore passer un savon sinon... »
Oui, « encore », comme si Eden s'en faisait passer souvent, des savons. Mais c'était pas sa faute, ça ne l'était jamais, d'ailleurs, c'était généralement celle à Heaven, pourquoi personne ne voulait donc l'admettre ?
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Lun 22 Fév - 20:20
Boire un verre (sans alcool)ft. Eden
J'ai vécue 6 ans dans un orphelinat miteux et j'ai dormi dans la rue. J'ai déjà testé et je confirme, c'est pas fou. Mais la liberté d'aller où je veux quand je veux, ça n'a pas son pareil !
Elle avait lâché ça avec un petit rire, comme si de rien n'était. Le lit dur comme la pierre, les meubles couverts de poussière, les repas à peine nourrissants et les vêtements trop fins pour le froid vigoureux de l'hiver, tout cela à cause du manque de dons de la part du gouvernement. Et en même temps, le fait de pouvoir faire ce qu'elle voulait sans pression lui manquait. Wave aimait prisme, bien entendu ! Mais parfois, ça lu manquait d'être une personne et non pas un pseudo. Ici, on l'avait Wave. Celle qui submerge sous ses questions. Mais ce n'est pas elle mais bien qu'une partie de ce qu'elle est. Et encore, elle a la chance d'avoir son frère à ses côtés qui, quand la nostalgie les gagne, murmure son prénom. Wendy. Ce mot qui la plongeait immédiatement dans le flot de ses souvenirs ... Mais ce n'était pas le moment de se laisser aller à ses pensées !
En effet, alors que la petite tête blonde troquait feu son cocktail contre un verre de jus de pomme, son professeur se mettait déjà à paître, venant abattre sa main avec une surprenante douceur sur le haut de son crâne. Une main qui appuya petit à petit, forçant la jeune fille à courber l'échine jusqu'à ce que son nez rencontre le bois du bar dans un petit "toc" audible. Un toc qui fut suivi par une morale bien cinglante de la part du russe mais qui manquait terriblement d'originalité. Oui, Wave l'avait vu venir à des kilomètres ! Mais "faire la grande" ? C'est l'image qu'elle renvoyait avec son jus de fruit en main ? Elle n'était pas bien convaincue. Elle se redressa tranquillement, en se frottant le bout de son petit nez rougi puis elle déclara.
- Et vous ne dites rien à la directrice en échange. Vous ne m'avez jamais vu ! Si c'est ok pour vous, c'est ok pour moi !
Elle voyait mal le professeur de sport jouer aux balances mais elle préférait s'assurer qu'aucun mot à son sujet ne serait prononcé. Oh non, se faire remarquer par l'administration n'était pas dans ses projets, bien au contraire ! C'était d'ailleurs une raison de plus de ne pas dénoncer Eden ou "Edgar" comme le barman l'avait appelé. Après tout, si elle l'avait vu dans le bar, c'est bien parce qu'elle s'y trouvait et c'est justement ce qu'elle cherchait à cacher ... ! Reprenant sa joie et sa candeur habituelle, la petite blonde avait fini par demander pour relancer la discussion sur des choses plus joyeuses.
- Bon, il était comment ce cocktail en fait ? Vu que vous l'avez bu en entier à ma place, autant me décrire un peu plus le goût ... !
Le comble qu'il se retrouve à côté de cette gosse à l'écouter parler.
Le comble qu'il ne se lève pas et qu'il ne la traîne pas par un bras jusqu'à l'orphelinat, en râlant comme il en avait l'habitude.
La gamine avait vécu ailleurs, Eden leva légèrement les yeux, résistant à l'envie de lui rétorquer que ouais, en effet, ça devait être bien moins intéressant qu'ici. Mais son tact, peut-être aussi sa non envie de la faire chialer, le fit taire.
Ce n'est pas pour autant qu'il ne se frotta pas les yeux ni n'émit un grognement sonore, se souvenant de ses années à la dure en Russie : Wave était encore supportable, il ne se défoulerait pas sur elle, mais il avait toujours du mal avec les gamins qui se plaignaient des conditions pour le moins propices que leur offrait Prisme.
Le professeur de sport tapota sur l'épaule de la jeune fille, tâchant d'être un peu plus rassurant...social, également ?
« Ouais, compris. », dit-il, buvant une gorgée du liquide jaune, de toute évidence alcoolisé. « Râle pas, la mioche. D'autres de tes copains auraient commandé ça et se serait fait un plaisir d'y rajouter un fond de vodka. Considère donc ça comme un contrôle de la police. »
Eden eut un petit rire qui ne lui était pas familier, probablement sous l'effet de l'alcool qu'il était en train d'ingérer.
« Donc, ce cocktail. Il était...super bon. Un délice. Tu sais pas ce que tu as manqué, ma p'tite ! », son bras tomba à nouveau sur la tête de Wave, comme si se moquer le rendait plus tactile. « Me dis pas que tu l'avais déjà payé, hein, ce serait un comble, hahaha ! »
Il se gaussa un peu, tout seul, puis s'interrompit, prit d'une réflexion. Pourquoi celle-ci était-elle seule alors que les autres se promenaient habituellement par troupeaux ? Généralement, quand ils en chopaient au bar, c'était quand, d'humeur bravache, certains semblaient prêts à se vieillir et tentaient le diable.
Dommage pour eux que ce ne fut leur quartier général, à Fever, Clown, Dorémi et lui.
« T'as d'la chance, les autres sont pas là non plus. », il était éméché, ça lui montait à la tête. « Bon. J't'ai piqué ton verre, donc... »
D'un mouvement à peine sûr, il poussa le sien, contenant toujours un fond de whisky, sûrement pas de quoi faire la fête puisqu'il en avait bu la majorité, mais de l'alcool tout de même.
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