Depuis le temps qu'il devait le voir et qu'il reculait, comme un lâche.

Qu'il arrivait juste derrière lui, le voyait parler si gaiement avec des membres de leur cercle alors même que cette sensation de jalousie lui écrasait le cœur.

Qu'il se criait de le laisser tranquille, de cesser de le blesser, d'arrêter de lui faire du mal alors que leurs sentiments semblaient à présent si désaccordés.

Thorn avait des excuses et n'en avait pas. Il s'en voulait personnellement car il aurait dû s'excuser bien plus tôt, que ça aurait évité bien des soucis, mais il y avait eu le ramadan et il savait que son ami (pouvait-il le qualifier d'ami à présent, maintenant qu'ils étaient en brouille?). Le rouquin n'avait pas eu envie de soulever le débat en cette période charnière, voulut laisser une pause à Castor, un break, un moment de repos.

De calme.

Mais maintenant qu'il était fini, lui et ses béquilles devaient se décider à l'approcher. Castor ne semblait pas fermé, c'était juste qu'il attendait des excuses en bonne et due forme. Il n'était pas son second, avec moins son homme de main, il était un ami, quelqu'un qu'il devait traiter avec égalité.

Alors qu'il était dispensé de sport, Thorn avait claudiqué jusqu'au gymnase pour assister de loin aux cours. Thorn observait ses camarades courir autour du stade car il semblait que Eden était dans une hype toute particulière pour faire cracher de la sueur à ses élèves en ce moment, observant de loin le petit professeur en train de faire de grands gestes et encourager à coup de grands cris et de « vous pouvez le faire » ou « encore une accélération, Castor ! »

En ces temps, Thorn ne se serait pas risqué à se frotter à Eden. Il semblait particulièrement tendu, gueulait sur à peu près tout qui ne concernait pas les cours et les cernes sous ses yeux semblaient plus étendues que jamais.  Certaines rumeurs disaient qu'il s'était fait larguer, mais Thorn n'écoutait guère les rumeurs, il se contentait juste de ne pas trop lui adresser la parole, ses relations avec le professeur de sport étant déjà assez houleuses comme cela.

Le cours de sport dura le temps qu'il faudra et vers sa fin, Thorn se dirigea très tranquillement vers la sortie du gymnase. Son cœur battait si fort qu'on aurait pu l'entendre à dix mètres. Il n'attendit que la sortie de Castor des douches pour, dès qu'il le vit apparaître, l'aborder.

« Excuse-moi ? On peut parler ? Genre un peu à l'écart ? », il avait été franc, pas désagréable, sa main droite serrait la poignée de la béquille en tremblant un peu.

Logiquement, ils avaient terminé les cours de la matinée, ils étaient donc en repos plus ou moins jusqu'au lendemain.

Il faisait beau, le vent soufflait légèrement.

Il se sentait anxieux.

« Tu vas bien ? Le ramadan s'est bien passé ? »