Le 10 octobre 1990, Luca vient au monde. Son père, Antonio, grand compositeur de renom, dessine pour lui un destin tout tracé : il deviendra un musicien reconnu, comme lui. Enfant unique, il grandit dans un cadre très stricte. Sa mère lui donne tout l'amour qu'elle a mais son père, sévère, l'oblige à prendre des cours de musique et de solfège dès ses trois ans et le fait réviser quotidiennement. Fort heureusement, Luca se révèle très doué et fait la fierté de son père. Mais ses heures intensives sur les piano, violon et flûte en font un enfant renfermé sur lui-même, peu sociable et qui ne se fait pas beaucoup d'ami.es. Les rares qu'il a sont les gosses du Conservatoire et les personnes qu'il rencontre durant les concours qu'il enchaîne pour se faire une place. Et il y arrive. Bientôt, tout Venise connaît son nom. Alors quand sa ville ne suffit plus, il traverse le pays. Et quand son pays ne suffit plus non plus, il traverse l'Europe. Puis les autres continents où il peut aller. C'est durant ses traversées qu'il se met peu à peu à maîtriser l'anglais jusqu'à le parler couramment, avec toutefois un accent italien quelque peu prononcé. Pendant vingt-cinq ans, c'est comme ça qu'il mène sa vie. Il remplit des salles à travers le monde. Pas vraiment de vie sociale ou intime, cependant. Il finit par prendre son indépendance vers vingt-quatre ans où il se met à partager une colocation avec des ami.es. L'un d'eux, un marin, l'emmène parfois en mer pour se ressourcer. Là, Luca tombe amoureux de l'océan et des vagues. Il s'y découvre un pied marin et y trouve de grandes sources d'inspirations sonores, visuelles, et odorantes. Il se met à faire du bateau en parallèle de ses concerts. Ses doigts fatiguent, et son corps aussi de temps à autre, mais il ne s'arrête pas. Il ne s'arrête pas jusqu'au jour où une murène le mord à son bras gauche. Il se dit sur le moment que ce n'est pas très grave. Le médecin, lui, indique une infection qui ne peut être arrêté qu'en amputant son bras. Un choc pour Luca et sa famille. Il ne s'en remettra jamais vraiment et une douleur fantôme le prend parfois là où son bras a été enlevé. Pour cacher le membre sectionné, il se revêt toujours d'une cape. Cela dissimule mais c'est aussi classe, d'après ses dires. Ce que ça dissimule surtout, c'est son seum intégrale. Et la dépression qui s'en suivit. Mais ça, est-ce vraiment caché... Peut-être pas.
Alors la musique pour lui c'est finit. Il arrête ses concerts et quitte la scène. Durant des mois, il va palier le manque de son bras et usant surtout de l'autre comme il peut. Mais ça lui fout un gros coup au moral et il préfère tout abandonner. Son père désapprouve son choix mais il l'envoie balader et décide de déménager en Angleterre. Il n'aime pas les Etats-Unis mais a besoin de changer d'air. Londres lui permet de s'essayer à d'autres styles de musiques plus modernes et de découvrir d'autres paysages, d'autres ambiances. Il s'habitue peu à peu à l'accent très particulier des Anglais mais peine de temps à autre à se faire comprendre jusqu'à ce qu'il continue de s'entraîner de son côté pour maîtriser la langue. Il donne quelques leçons de piano à droite à gauche mais il s'ennuie. Il a besoin de quelque chose d'original. De changeant. Et puis il découvre que l'école Prisme cherche du personnel. Le nom ne lui dit rien mais il s'y essaye pour tester l'aventure. C'est à sa grande surprise qu'on le retient, toutefois, et qu'il est engagé comme professeur de musique. Une carrière très loin de ce qu'il imaginait au départ. Mais la vie est faite de surprises et c'est exactement ce qu'il est venu chercher dans cette école qui a l'air bien différente des autres... Pour le pseudo, cela dit, il s'est pas foulé.