HJ : merci GG pour l'idée, ça a moyen d'être formidable. Les morts sont évidemment permis.
Ça avait commencé par une alerte à la radio.
La radio, car la télévision ne réussissait plus à capter depuis des jours maintenant.
Seule la radio continuait à émettre, et des nouvelles qui n'étaient pas rassurantes. On disait qu'un étrange virus était dans l'air, qu'il se cantonnait pour le moment à l'Amérique, le continent tout entier. Lorsque les premiers cas avaient été détectés en Angleterre, malgré la fermeture des aéroports, ça avait été la panique.
Certains professeurs étaient partis rejoindre leur famille, les gosses, eux, étaient ici.
Thorn ne s'était pas lavé depuis des jours. Il était dans le parc, ses sens en alerte.
Hier, il y avait eu un mort à l'orphelinat. Il était tombé dessus alors qu'il voulait rendre un devoir. Il avait eu un hoquet et sa main s'était tendue pour s'assurer que...mais la silhouette de son ancien camarade de classe s'était relevée.
Ses yeux n'avaient plus rien d'humains, ils avaient une couleur délavée, certains endroits sur sa peau étaient noirs, troués presque. Il puait la mort et à côté, Yin sentait bon.
Thorn avait failli crier, encore plus lorsque la chose avait bondi sur un de ses camarades, juste à côté. Adieu la petite silhouette de Cherry, qu'il se souvenait avoir bolossé une journée innocente où il neigeait.
L'ancien 4e (car il fallait l'avouer, le classement n'avait plus aucune importance) sauta par la fenêtre. L'adrénaline courait dans chacun de ses membres.
Old heat of a raging fire Come and light my eyes Summer's kiss to electric wire But I'll never die
In the dead of the night I'm gonna loose this chain I'm gonna run and run and run and run and run
Depuis la première annonce inquiétante à la radio, Muninn était prête. Elle et Huginn avaient regardé bien trop de films de zombies ensemble, ils savaient reconnaître les premiers signes. Huginn avait prédit que ça arriverait en Angleterre tôt ou tard, et il avait eu raison. Dès les premiers cas sur le sol anglais, Muninn et son frère avaient décidé de se faufiler au gymnase pour aller y voler deux battes de baseball, histoire d’avoir de quoi se défendre le moment venu. Depuis, Muninn avait décidé de dormir dans la chambre de son frère, ne supportant pas de le lâcher des yeux.
Il est tard, et Muninn a la dalle. C’est pourquoi elle est en chemin pour la cuisine, batte de baseball à la main, essayant d’être le plus discrète possible. Elle est sûre qu’il ne lui faudra pas plus de cinq minutes pour mettre la main sur un paquet de chips et remonter en courant dans la chambre de Huginn. Cinq minutes, ça devrait le faire. C’est pas assez pour finir dans la merde. Ou du moins, c’est ce qu’elle pensait avant de se retrouver nez à nez avec un petit groupe d’élèves à l’allure étrange. En s’approchant, elle se rend compte qu’ils sont tous en état plus ou moins avancé de décomposition. Elle laisse échapper un petit couinement de surprise, et voilà que le groupe d’élèves (?) se retournent vers elle en grognant. Pendant une seconde, Muninn reste collée au sol, le sang glacé. Puis, la puanteur qui atteint ses narines la réveille d’un coup. Hors de question de finir comme eux, elle a une dignité, tout de même.
Elle agite sa batte devant elle, en espérant les effrayer, mais rien n’y fait. Elle n’est même pas sûre que ces zombies y voient quoi que ce soit, avec leurs yeux éteints. C’est quand ils commencent à accélérer le pas que Muninn commence à détaler en hurlant. “J’AI VU DERNIER TRAIN POUR BUSAN, VOUS M’AUREZ PAS COMME ÇA !” Muninn n’a jamais couru aussi vite de sa vie, Eden serait fier d’elle. S’il n’était pas déjà mort. Elle prend la direction des escaliers, avant de se rappeler qu’elle ne ferait qu’attirer les morts-vivants vers la chambre de son frère, ainsi que les chambres de tous les autres élèves. Au final, elle décide plutôt de se diriger à l’extérieur, en direction du parc. Avec un peu de chance, elle arriverait à les semer en se cachant dans un arbre, ou un truc comme ça.
Après avoir couru quelques minutes, Muninn se retourne et constate qu’elle a réussi à mettre un peu de distance entre les zombies et elles. Heureusement qu’ils étaient lents. Mais ils continuaient néanmoins à avancer dans sa direction, alors ce n’était pas le moment de ralentir. Tout à coup, elle aperçut un brin de roux du coin de l’œil, et reconnut Thorn.
“Faut dégager, vite, vite !” lui annonça-t-elle, le souffle court, sans s’arrêter dans sa course. Elle ne pouvait pas faire semblant de l’ignorer et le laisser à son sort contre ces choses.
La fin du monde est arrivée. Preuve accablante d’un échec collectif, les morts se relèvent. Ils foulent de nouveau cette terre avec une volonté animale. Les morts se relèvent et ils ont faim, ils ont ce besoin de consommer, encore et toujours, consommer pour bouger, consommer pour exister. Comme l’humain consomme. Comme il pile les ressources mises sur son chemin.
En bon croyant, Castor a commencé par prier. Puis la nouvelle des premiers cas sur le territoire anglais est tombée, et Castor a continué à prier. Il ne demande ni pardon, ni survie. Il prie juste. Mais il y a une heure pour tout, et maintenant que les zombies sont à prisme, la prière elle aussi est terminée.
Perché en haut de son arbre, le gamin réfléchit, le gamin s’inquiète. Peut-être plus pour les autres que pour lui. Pour ses amis, perdus de vue lors d’un moment de panique collective. Pour ses amis peut-être déjà morts. Et pour Thorn qu’il aurait voulu garder près de lui, pour cette princesse qu’il aurait du protéger.
Le monde est un véritable cauchemar. Avec cette insécurité, cette crainte constante que sa vie risque d’être prise à chaque seconde. Ce sentiment, le gamin ne le connaît que trop bien pour l’avoir vécu trop jeune. Et peut-être est-il prêt finalement, prêt à affronter une énième menace qui pèse sur sa vie. Ou peut-être qu’après la guerre et l’exode, il est fatigué de se battre.
— Mun ? Thorn ? Le gosse n’en revient pas. Parce qu’ils sont là, ils sont vivants, deux personnes que les zombies n’ont pas encore eu. Et Castor saute de son arbre. Par contre, me dites pas que si vous courrez comme des guignols c’est parce qu’ils vous suivent ? Comme lui, ses camarades ne sont pas assez armés pour survivre à ça. Comme lui, ses camarades ne survivront pas jusqu’à l’éventuelle arrivée d’hypothétique secours. C’est cool que vous soyez en vie, mais il va nous falloir un plan plus efficace que tout miser sur l’endurance. Vous croyez qu’on peut se cacher dans la cabane ?
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