S'occuper d'un tel orphelinat était crevant. Stressant même.
C'était l'avis de la directrice, mais également de la plupart du personnel qui adorait se donner rendez-vous en dehors de ce mieux pour faire quelques parties de billard et boire quelques bières en meilleure compagnie que celle de ces gamins râleurs et inconscients de leur chance.
Mercury, connue aussi sous le doux pseudonyme de Mrs M. qu'employait surtout les enfants était directrice depuis une dizaine d'années. En réalité, elle avait été professeur ici avant d'accéder au sommet de la hiérarchie, alors même que le précédent directeur avait dû démissionner. Pour une femme qui avait été sportive et avait toujours eu besoin de bouger à fond comme elle, se retrouver à un tel poste avait été compliqué.
On lui avait vite démontré que gérer la paperasse, consigner des dossiers et recruter le personnel qui s'occuperait de ces chères têtes blondes était plus un travail prenant. En plus de cela, Mrs M. était en relation avec les généreux mécènes de Prisme, avec diverses personnes importantes pour assurer le futur de ces enfants en tentant de ne pas oublier de leur accorder à un moment quelques vacances et la liberté d'aérer leurs esprits prometteurs.
Mercury était une femme qui aimait le travail bien fait. Elle contrôlait le navire comme si elle en avait toujours été la capitaine, jetant un œil averti sur les professeurs autant que sur le staff. Si ils faisaient chaque année une réunion de pré-rentrée, celle-ci juste après les vacances d'octobre, était aussi dans les petits papiers depuis longtemps et importante pour l'équipe. C'était là que l'on pouvait savoir comment gérer les effectifs, mettre un nom sur les éléments à problèmes – même si très honnêtement, ces derniers étaient connus depuis longtemps, proposer des idées pour améliorer le système éducatif, voire proposer un changement de spécialité pour l'un et l'autre.
Depuis dans la salle, Mercury avait le sourire aux lèvres, au milieu d'un grand buffet avec diverses spécialités de différents pays – elle les avait visités pour la plupart. Elle eut un petit rire en voyant une Forêt Noire, magnifique et mit son doigt sur le gâteau pour le tester, de manière maligne. Les premiers enseignants arrivèrent et elle salua le professeur de sport, son successeur, d'un signe de la tête. Elle appréciait cet homme qui supportait, il fallait l'avouer, cette bande d'enfants qui la mettait elle-même dans tous ses états.
Quelques minutes après qu'ils soient à peu près tous arrivés, Mercury tapa dans ses mains avec minutie. Puis elle leva un verre.
« Je souhaitais porter un verre à nos premiers mois réussis. Les anciens ont l'habitude, mais ce n'est pas le cas pour les nouveaux. Nous sommes réunis ici pour parler des élèves, de ce que nous pourrions améliorer. D'éventuels changements de spécialités concernant des têtes que vous connaissez ou d'éléments à recadrer. »
Elle eut un sourire précieux, malin, comme si elle savait parfaitement de qui elle parlait quand elle pensait à cela. En premier, Hook était dans ses pensées. Hook, toujours présent quand on ne l'attendait pas, mais qu'elle ne mentionnerait pas.
Elle passa la parole à la personne à sa gauche, ses lèvres effleurèrent le jus de pomme présent dans la coupe de champagne. Ils étaient assis en cercle, pour favoriser le dialogue. Il était 21 heures, les enfants étaient tous couchés, a priori, et ils étaient dans une salle de classe aménagée pour l'occasion.
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Dorémi
Lun 30 Nov - 17:05
Couvre-feu à 21h. Ah ! C'est pas une vie, ça. Les pauvres chous. Ça doit être pour ça qu'ils sont aussi agités, rien à voir avec leur QI ou je-ne-sais-quoi, en fait. Pas d'chance ! Nous, les adultes, jouissons d'une liberté totale et savourons chaque instant où nous n'avons pas à gérer des galopins perturbateurs. Et encore, je trouve que mon cours est encore totalement sous-estimé par ces derniers ! On leur a jamais dit que la musique adoucissait les meurs ? Pfft. En attendant, je profite d'une bonne bière en attendant que les professeurs arrivent les uns après les autres. Je suis toujours soit l'un des premiers, soit le tout dernier à venir. Pas que ces réunions soient particulièrement ennuyantes, au contraire, on s'amuse bien, je trouve, mais des fois... J'ai juste la flemme. Là je me suis bougé parce que j'avais un peu la dalle et que je savais pas quoi faire à manger ce soir. Par chance, l'intérêt de travailler dans un établissement aussi friqué permet de la bonne bouffe et nous sommes particulièrement gâtés, ce soir. Alors je n'hésite pas à prendre un des petits fours qui trônent sur la table pour commencer, même si les desserts me font de l'œil. Je salue bien évidemment la directrice quand elle passe près de moi ; littéralement l'une des seules personnes de ce bâtiment que je respecte un temps soit peu hormis mes collègues enseignants. Bon, en gros, je respecte juste très (très) peu les élèves. Au moins, sur ce point-ci, j'arrive parfois à m'entendre avec le concierge. Lorsque la réunion commence enfin et que la dirlo se met à nous expliquer (enfin à expliquer aux nouveaux profs) en quoi consiste ces réunions, j'agite mollement mon verre en scrutant du regard ceux qui auraient potentiellement quelque chose à dire. Pour au final être le premier à parler après avoir trinqué. Bah oui, c'est que j'en ai, des choses à dire, moi aussi.
« Je crois que certains de nos petits anges font plus d'efforts dans certaines matières que dans d'autres. »
Je prends une gorgée de ma boisson.
« Il n'y a que moi qui ai du mal avec un certain rouquin ?.. Je vous rassure, je ne parle pas de mon reflet. »
Un bref rire m'échappe, n'ayant pas pu m'empêcher de faire la vanne. Mon attention ne se dirigera pas entièrement vers Thorn bien sûr puisque nous avons d'autres élèves dont il faut discuter mais je n'oublie pas les partitions qu'il a osé perdre (d'après ses dires) et surtout son comportement lors de la sortie.
Mrs M.
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Mrs M.
Sam 9 Jan - 17:54
Ils n'étaient encore pas bien nombreux, ça se voyait, et d'ailleurs la plupart des sièges étaient vides. Elle pouvait évidemment comprendre les collègues qui n'étaient pas encore arrivés, elle-même, lorsqu'elle occupait cette fonction, était rarement à l'heure aux réunions de la direction. Il fallait dire que ce cher Roger était un modèle de la vieil école et si ennuyeux qu'elle menaçait parfois de s'endormir, très ponctuellement.
Enfin, elle avait tout de même quelques professeurs motivés, elle comptait ce cher Dorémi, bien sûr, qui donnait le goût de la musique à pas mal de leurs chères brebis, enfin qu'Eden, qui semblait près à sautiller sur place comme s'il n'arrivait pas à trouver une position stable sur cette chaise. Pour le connaître un peu, elle savait que leur professeur de sport ne serait que très heureux qu'ils soient enfin debout et en train de piller le buffet.
La réunion commençait et, armée de son petit carnet de note, Mercury notait consciencieusement les points pertinents. Le premier à parler fut Dorémi, et elle sourit, presque avec indulgence, lorsqu'elle aborda cet élève.
« Oh, lui ? »
Elle aurait bien voulu en dire quelques mots, pas trop longs, bien sûr, mais Eden la coupa, agitant la main comme si ce que Dorémi n'était pas très grave.
« Un élève agité, on pense sûrement au même ? Je vois pas en quoi il est un problème, au contraire, il est motivé, suffit de le canaliser. En revanche, Dodo sait p'tete pas maîtriser ses élèves, mais j'tenais à mentionner sa santé. Si il est agité, c'est probablement parce que je lui ai sorti qu'il pourrait pas rester en spé athlétisme pour raisons de santé. », dit Eden.
Eden soupira, puis se frotta les cheveux tandis que Mercury secoua négativement la tête.
« Je suis désolée si le petit Terrence a été vulgaire avec vous, professeur. J'aurais une petite discussion avec lui, sa... », elle eut l'air de réfléchir. « ...sa condition est un peu particulière, tentez d'être relativement calme avec lui et il devrait se calmer tout seul. »
Elle eut un petit sourire, puis tapota la cuisse de Dorémi d'un air familier. Son regard affûté parcourut la liste d'élèves, puis elle s'arrêta sur un autre nom, ils n'allaient pas passer l'éternité sur 4e au classement.
« J'ai entendu beaucoup de bien de la petite Hume. On m'a rapporté qu'elle voulait apprendre le piano avec vous, Dorémi ? C'est fantastique ! »
Personne ne lui avait vraiment dit, mais ce n'était pas comme si Mercury n'avait pas accès au réseau internet et ne stalkait pas gentimment les échanges entre les élèves.
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Lun 11 Jan - 9:35
Réunion de famille
La fameuse réunion que j'adorais allait commencer. J'aime voir les nouvelles têtes pas rassurées après quelques mois dans l'établissement, les élèves étaient souvent sages mais les turbulence et violence n'étaient pas anodines pour moi c'est la faute du classement et même si je le répète souvent à la directrice j'ai l'impression qu'elle ne prend pas en considération mes conseils.
Je passe le pas de la porte quelques minutes avant l'heure.
" - Bonjour à tous"
J'incline légèrement la tête quand je vois tous mes collègues ainsi que Mercury présent. Certains étaient déjà en train de discuter entre eux. Je repère un verre de jus de fruit peut je me place dans un coin pour éviter de parler en première, on va encore dire que je parle trop sinon.
C'est Dorémi, le beau professeur de musique qui prend la parole en premier. La description de l'élève vient a mon oreille et ce n'est autre que mon rouquin préféré qu'il prend en grippe. Après les paroles d'Eden et de la directrice je préfère en ajouter une couche.
" - Thorn est très appliqué dans mon cours, je m'étonne parfois à le voir parler aux fleurs. C'est le plus assidu de tous mes élèves alors je ne peux que souligner son dévouement dans ma matière "
Je préfère défendre mon petit protégé même si Eden l'avait fait avant moi. Je respectais énormément le professeur de sport même si je pense qu'il ne fait pas trop attention aux fleurs aux alentours du gymnase.
" - Knight n'est pas en reste également. Je n'ai que très peu de soucis avec mes élèves en général. Il y a pourtant un point que j'aimerais aborder est la violence dans les couloirs, encore hier j'ai dû séparer deux élèves car l'un était trop hautain avec l'autre vis-à-vis du classement et c'est vite parti en vrille "
Je soupire en prenant une gorgée de mon jus de fruit. Parler du classement et du problème qu'il engendre, ça, c'est fait.
Comme chaque année depuis que la directrice gérait l'orphelinat, cette dernière organisait une petite réunion avec tout le personnel afin de souder les liens et appréhender les plus turbulents des élèves. Nurse jouissait d'une position qu'elle trouvait tout à fait favorable, c'est qu'elle n'avait pas à forcer pour enfoncer du savoir dans le crâne des plus jeunes. Bien que la demoiselle soit patiente, elle n'avait jamais appris autrement que seule avec son silence et des livres. Elle n'aurait aucune idée de la manière de transmettre des connaissances, et de toute manière là n'était pas la question.
Il n'était que 21h, mais Nurse avait relâché ses cheveux blonds habituellement habilement tressés en un chignon compliqué. Au quotidien, sa coiffure favorite dégageait son visage de porcelaine et ses yeux toujours penchés sur une feuille ou un bandage. Elle serait plus à l'aise pour discuter avec ses collègues. Ce soir-là, ils s'étaient réunis dans une des salles de classe, où un buffet de qualité avait été dressé au fond. Nurse y jeta à peine un œil, étant donné qu'elle avait déjà grignoté après avoir fermé l'infirmerie, trois heures plus tôt. Elle attrapa une chaise et s'installa sagement, bien droite, souriant doucement à l'un ou l'autre, notamment la directrice. Elle fit un signe à Eden, qui ne prit même pas la peine de lui répondre, tout occupé qu'il était à reluquer le buffet.
Nurse nota mentalement le nom de ceux qui manquaient encore à l'appel, acceptant machinalement une coupe de jus de fruit qu'on lui proposait alors que la discussion se lançait sur "un certain rouquin". Il fallut un certain temps à Nurse pour comprendre qu'on parlait alors de Thorn. Merci à Tsubaki d'avoir éclairci la chose. Il est vrai que l'adolescent avait un caractère rebelle, typique de son âge. Elle le retrouvait souvent à l'infirmerie pour une raison ou une autre, et à chaque fois le gamin lui crachait à la figure pendant quelques minutes avant de se calmer. Il n'était pas le seul à avoir sa fierté, cela dit.
- Tsubaki n'a pas tord au sujet du classement. Ce n'est vraiment pas bon pour le moral des élèves, entre les bagarres, le stress...
La voix de Nurse mourut à mesure que les regards se tournaient tous vers elle. Avec l'habitude qu'elle avait de rester dans son coin et de se faire discrète, ça devait bien être une des rares fois où elle exprimait publiquement son avis sur la chose. Et elle avait eu le temps de le faire, son avis. Elle prit le temps de boire quelques gorgées du jus de fruit qu'on lui avait collé entre les mains, lui trouva un drôle de goût mais n'osa rien dire, avant de reprendre.
- Je veux dire, il n'y a pas plus humiliant dans un devoir que de se concentrer uniquement sur les fautes, et ne jamais féliciter l'élève de ses réussites. Il y a pleins de choses qui peuvent entrer en compte pendant un test, si l'élève a mal dormi, a ses périodes, des problèmes familiaux. Ajoutons à ça qu'on le réprimande parce qu'il a une mauvaise note. Il gardera une mauvaise estime de lui qui peuvent conduire à l'échec scolaire. Au vu de la volonté élitiste de l'établissement, c'est complètement contre productif...
Voilà, l'infirmière avait rempli son quota de parole du soir, elle se replongea aussi vite dans son verre pour se faire oublier, essayant de ne pas croiser le regard de Mercury.
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Mar 2 Fév - 18:56
21h. À cette heure-ci, il devrait déjà être chez lui en train de réfléchir à ses futures recherches avec une assiette de spécialités maisons. Au lieu de cela, il était coincé, condamné à assister à la réunion annuelle organisée par la directrice. Malik n'y avait assisté qu'une seule fois, mais ça lui était suffisant pour juger l'événement totalement inutile et singulièrement ennuyant. Les discussions autour des élèves n'avaient pas grâce à son cœur, estimant que passé 20h30, il n'était plus obligé de penser à aux gosses des autres.
Il était en retard, mais pour une fois il n'avait aucun scrupule à trainer des pieds, livres sous un bras, sac dans l'autre. Il débarqua dans la salle un peu comme une fleur, sans rien dire, saluant succinctement la petite assemblée à qui il n'accorda pas un regard. Il déposa ses affaire aux pieds d'une chaise sur laquelle il s'assit et fit un rapide état des personnes présentes. Il vit Dorémi, le rouquin professeur de musique en train de faire des remarque à propos de Thorn, un autre rouquin mais qui se trouvait parmi les 5èmes années. Un vrai cas celui-là, d'autant plus problématique que Malik état son référent cette année. Mais s'il y avait bien un vrai cas dont le nom devrait être discuté lors de ces réunions, il s'agissait bien de Castor. Lui, il cumulait les problèmes. Thorn avait encore pour lui le fait de ne pas être un trop mauvais élève. Toutefois, le médiéviste resta muet. Il n'avait pas spécialement envie de balancer un nouveau dossier sur la table, surtout si pour entendre des réponses comme celles de Tsubaki.
Malik était totalement aigri ce soir. Rien ne pouvait lui convenir du fait de sa mauvaise humeur. Il préféra plonger dans un de ses livres et faire comme s'il n'existait pas. Ce n'était pas comme s'il attirait spécialement les regards vers lui.
La question du classement vint cependant très vite dans la discussion, et là, Malik ne pouvait que balancer son petit pavé dans la marre, mais pour des raisons autre que celles évoquées par l'infirmière.
- Je suis d'accord sur ce point. J'ai tendance à accorder plus de points négatifs au classements que de points positifs. À mon avis, à par donner la motivation à certains de donner le meilleur d'eux même, je n'en vois pas d'autres. Et encore, je trouve cette motivation particulièrement malsaine car elle repose pour certains sur la volonté de montrer leur supériorité aux autres. De ce fait, où est passée l'humilité lors du rendu d'un travail? Qu'adviennent les débats entre élèves quand l'un estime que son avis est supérieur à l'autre sous prétexte qu'il est mieux classé? Tsubaki l'a dit, cela génère des conflits, et le conflit a un effet à double tranchant. Il permet un certain développement, mais cela se fait bien souvent au détriment des autres. Sauf qu'ici, tous ont des capacités hors du commun, et le devoir de professeurs est de les guider et d'essayer d'en tirer un maximum, mais cela passe par le débat et la collaboration, pas le conflit. Le conflit nuit au développement intellectuel de ces jeunes gens et le classement en est le vecteur principal.
Une fois sa longue tirade bien ennuyante balancée, il replongea dans son livre, ayant conscience qu'il venait de brasser du vent pour qu'au final rien ne change.
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Dorémi
Sam 13 Fév - 2:16
'Il sait pas maîtriser ses élèves'. Tss ! Facile à dire, pour un prof de sport, il sait que les faire courir, Eden, y'a pas vraiment besoin de beaucoup réfléchir aux cours, j'ai envie de dire. J'ignorais en revanche cette histoire de santé concernant Thorn. C'est peut-être pour ça qu'il est intenable, d'ailleurs, il a sûrement trop d'énergie à dépenser et il ne peut pas le faire dans le cours de mon cher collègue, du coup il se défoule dans le mien parce qu'on sous-estime beaucoup trop ma matière, je l'ai toujours dit, CQFD ! Mais bon, si la dirlo me dit de me calmer à son sujet... Eh bien que voulez-vous que j'vous dise, c'est elle qui remplit mon chèque à la fin du mois, je vais pas aller contre sa volonté. Cela me perturbe un peu, d'ailleurs, d'entendre le nom de naissances de nos p'tits chérubins. J'ai tellement l'habitude les appeler par leurs noms... Prismatiques. C'est ironique que Mercury les appelle par leurs noms d'avant alors que les professeurs ont droit à leurs noms d'après. Serait-ce une manière de dire qu'elle leur est supérieure ?.. Hé je divague. M'enfin bon. De plus en plus de professeurs arrivent finalement et c'est à Tsubaki de prendre la parole. Mais avoir des beau cheveux donnent pas la science infuse non plus, alors j'esquisse une mine renfrognée quand elle se met à parler. Évidemment que ce sont des crèmes, dans son domaine. Forcément, je ne peux pas en dire autant de Knight et Thorn dont elle parle puisqu'ils se sont retrouvés collés avec moi la dernière fois. Je parie qu'ils le font exprès pour m'énerver, pft... J'aurais préféré parler de Hume et confirmer à Mercury qu'elle était effectivement une élève modèle, contrairement à certains de ses petits camarades. Mais la discussion bifurque finalement sur le sujet du fameux classement et de plus en plus de membres du personnel se mettent à leur tour à exprimer leur opinion. Pour la majorité, cela semble être un système défavorable. Liguer les jeunes les uns contre les autres, on a effectivement vu meilleure idée. Mais je dois bien défendre la directrice pour me la mettre sous le coude, non ? Jouons au gentil larbin qui mériterait une petite prime pour son (faux) dévouement.
« Allons, allons... Cessons de voir les classements comme négatifs. Il y a bien une raison pour laquelle il existe à Prisme. »
J'ai profité d'un bref moment de silence où la salle n'était parcourue que de murmures pour reprendre la parole.
« Il faut bien montrer à ces petits anges comment tournera le monde quand ils auront quitté les bancs de notre école. Ce ne sont pas les plus humbles qui seront choisis mais les meilleurs. »
Je sirote mon punch tranquillement comme si je lisais les faits divers de la journée. Dans notre société, c'est bien vrai : il n'y a que le talent et les compétences, qui comptent. La bonne foi ? C'est pour prier.
« Le système de notation est déjà quelque chose de compétitif en soit, après tout. Si ce n'est pas le classement qui divisera les élèves, ils arriveront à le faire tout seul. Il est normal de récompenser les plus méritants pour les motiver à progresser, non ? »
Allez hop, c'est tout pour moi, héhé. Même si le corps enseignant venait à se plaindre du classement aussi ouvertement, qu'est-ce que ça changerait ? Rien. Nous sommes dans un établissement élitiste et c'est comme ça que ça fonctionne, dans le monde d'après. Ils sont le futur du monde et le monde ne se contentera pas de récupérer les plus honnêtes et les plus gentils d'entre eux. Il partira avec à son bord ceux qui sembleront les plus productifs et qui pourront lui apporter quelque chose. J'ai moi-même grandi dans un domaine où la compétition est très rude. Est-ce que j'en ai de bons souvenirs ? Certainement pas.
Elle assiste à ces réunions avec la curiosité malsaine de l’enfant qui épie les disputes de ses parents. Elle y assiste car elle le peut, car elle en a obtenu le droit le jour où ses idéaux l’ont poussé à infiltrer le cœur du système qu’elle souhaite détruire par le feu. Elle se contente généralement d’écouter les éloges et inquiétudes des professeurs, elle se cantonne au rôle de simple bibliothécaire tout en nourrissant ce besoin maladif de tout savoir.
Son sentiment d’imposture décroît. Chaque jour l’éloigne un peu plus de sa condition d’élève, d’orpheline réfugiée entre les murs austères de l’établissement britannique. Cette réunion n’a rien de comparable aux premières où elle entend critiquer ceux avec qui elle a grandi, ceux avec qui elle a joué. Tout est plus simple maintenant qu’ils ont tous disparu, qu’ils ont quitté prisme pour faire leur vie, alors qu’elle reste coincée dans cette école. Alors qu’elle revêt le masque de hook.
— Il est presque rassurant de voir qu’une personne ici possède encore du bon sens. Sa voix n’est que mépris. Des piques qu’elle balance directement vers l’infirmière, vers ceux qui pensent que leur parole a de l’importance.
La douceur se mêle à la niaiserie et Fever soupire. À quoi bon parler d’humiliation et des aspects négatifs du classement ? À quoi bon pointer l’absence de logique ? Rien n’énerve plus la bibliothécaire que de voir des gens stupides enfoncés des portes ouvertes. Elle a vécu la douleur de l’échec, l’annihilation de la confiance en soi. Elle a vécu l’enfer, et pire encore, à l’idée de descendre chaque semaine. Pourtant elle ne se plaint pas. Elle n’accuse pas une méthode archaïque quand tout le système est à réformer. Elle abandonne les mots, les remontrances. Elle agit.
— Le classement est, et le classement restera, le socle de prisme. Si vous êtes suffisamment stupide pour penser que de grands discours changeront quelques choses, ayez au moins la décence d’attendre qu’on soit parti. La vérité l’asphyxie. Elle déteste que cette situation. Chaque mot raisonne en elle, sa maison est pourrie jusqu’aux fondations. Il n’y a rien de bon à changer une partie de ce système en putréfaction. Ou lancez-vous dans la rédaction de pétitions, si vous avez vraiment du temps à perdre.
L’idée est risible. Elle déteste cette pratique pour son apolitisme, comme elle déteste Nurse et sa naïveté. Alors peut-être que les deux peuvent s’assembler pour devenir le défenseur absurde d’une cause qui ne réclame que la révolution. L’idée est risible et sa confiance en Mercury pour annihiler ce genre d’initiatives sans failles.
Comment aborder le sujet hook sans se trahir ? Comment pousser la directrice à dévoiler ses pistes ? Elle l’ignore. Et l’espace d’un instant, elle se surprend à regarder Eden, stupide professeur de sport.
Mrs M.
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Mrs M.
Lun 15 Fév - 10:53
S'il y avait quelque chose qui pouvait mettre Mercury de mauvaise humeur et c'était la discussion, voire la remise en question des bases de Prismes. Elle-même n'avait guère son mot à dire vis à vis du classement, il s'agissait de quelque chose qui faisait la valeur de l'orphelinat, ce pourquoi ses employeurs dépensaient tant et tant d'argent, alors enlever le classement ?
Elle eut petit rire, alors même que Fever se leva contre cette idée. Elle se méfiait de cette fille, mais il fallait avouer qu'elle n'était pas si idiote pour se liguer contre elle en pleine réunion scolaire.
Décidant de prendre son mal en patience, Mercury se tourna vers Nurse. Si l'emblème de l'orphelinat était le corbeau, elle renfermait quelque chose dans ses yeux qui devait appartenir à une vipère. Un serpent venimeux et scrutateur, attendant que sa proie se repose pour la mordre à la jugulaire.
Et pourtant, Mercury n'avait pas toujours été ainsi. Il y avait une époque où elle était plus qu'un pseudonyme, plus que Mrs M. ou Mercury. Se retrouver coincée à ce poste n'avait pas été dans ses projets, ce n'était qu'une promotion inattendu, une surprise retrouvée dans sa boîte aux lettres en même temps que la démission du précédent directeur.
« Oh, ma chère Nurse. Il serait indélicat de dire que nous ne nous focalisons guère sur leurs réussites, au contraire. Ces chères têtes blondes ont maintenant des vacances, des rendez-vous chez le psychothérapeute chez lequel ils sont censés se rendre, si, comme vous le dites, des soucis leur passent par la tête. »
Nurse était trop loin, mais Mercury, très tactile, aurait volontiers posé sa main sur son genou, pour accroître sa présence.
« Je voudrais souligner ce qu'a dit notre chère professeure de botanique. Le comportement des élèves ne dépend pas que du classement, mais surtout de vous. », elle regarda Dorémi, puis Eden, un peu consternée. « Si certains de vos élèves sont plus agités, voire font de votre vie un enfer, n'hésitez pas à en référer à certains de nos psychologues. Malik, Dorémi a parfaitement raison, nous ne formons pas la plèbe, mais l'élite de demain. C'est un fait : ils sont supérieur aux autres. Nous donnons leur chance à des enfants qui ne l'ont pas normalement et en tout cas... », cette fois-ci, elle regarda tour à tour Malik, Tsubaki et Nurse. « Ce n'est pas à vous d'en discuter. »
Mrs M. avait unis ses mains et les avait reposées sur ses genoux. Cette conversation qui n'en était pas une commençait doucement à l'énerver. Dorémi et Fever finirent de parler et Mercury se leva. Cette crispation était visible dans son regard, dans son attitude.
« Une pétition. En voilà une bonne idée. Je vous rappelle que nous étions venu pour parler des élèves, ceci dit, de leurs difficultés ou de leurs points forts. Si vous n'avez pas d'autres points à soulever dans vos dossiers, vous pouvez entamer les petits fours... », elle avait la voix de l'ennui total. « Nurse ? Une remarque ? Des élèves sont venus vous voir ? »
Et pendant ce temps, Eden tentait de résister à l'envie de se lever de sa chaise et faire le tour du cercle. On aurait dit un de ces gamins qu'il avait en cours, trop agité pour écouter les consignes...et c'était un peu vrai.
Il ne s'était pas gêné pour donner son avis sur la méthode d'enseignement de Dorémi, mais après tout, c'était son pote, il ne lui en voudrait pas trop, non, et était retourner tapoter sa jambe avec sa main le temps que la réunion passe.
Elle n'aurait pas pu passer moins rapidement que si ses collègues n'avaient pas décidé de se fritter. Eden ouvrit la bouche légèrement, relativement surprise : de la part de Malik, il s'y attendait un peu, à vrai dire, de celle de Nurse, il lui avait sans doute fallu pas mal de courage. Il l'en aurait presque applaudi, juste pour l'effort, si Mercury ne semblait pas aussi furax – de la fumée sortait presque de ses naseaux quand elle ne parlait pas – et si Fever ne semblait pas aussi méprisante.
Eden retint de justesse un petit rire à la fin de la réplique de la fille aux cheveux bruns. Une pétition. Haha, une pétition. C'était qu'elle avait le sens de l'humour, la Fever. Lui n'ajouta rien. Il se souciait bien entendu de ses élèves, mais ses cours se passaient bien, et il s'y investissait vraiment. C'était surtout avec les premières années qu'il avait du mal, ces gosses étaient parfois bien trop malins pour lui échapper, sans compter que la petite Fairy n'arrêtait pas de se barrer à gauche et à droite pendant les cours mais...mais ce n'était pas à lui d'aller les dénoncer à la vieille sorcière, il réglerait ça du mieux qu'il le pouvait, et les gosses l'en remercieraient plus tard.
Il avait bien fait de ne pas parler car Mercury semblait, en effet, d'humeur catastrophique. Il était surpris que les rebelles du dimanche n'aient pas le droit à un blâme et étant donné qu'elle proposait d'aller du côté des petits fours, Eden se leva, n'y tenant plus.
« Pour moi c'est bon. », il semblait monté sur ressorts. « Rien à dire, ce sont tous des anges. »
Avant qu'on ait eu le temps de lui reprocher quoique ce soit, il se précipita vers le banquet où il se dépêcha d'engloutir bien salement trois petits fours et 3 ou 4 différentes gammes de biscuits apéritifs.
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Dorémi
Jeu 15 Avr - 1:28
Lorsque Fever élève la voix de son ton tranchant, je me demande pendant un instant si elle évoque ce que je viens de déclarer. S'il y a bien quelqu'un avec un cerveau dans la salle, c'est elle. Pas que je doute des autres, mais assurément, si on me demandait quel est le plus sérieux de notre lot, le choix serait vite porté sur elle. Derrière ses mots se cache une fatigue ou une lassitude qu'elle ne prend pas la peine de dissimuler. Le regard plus sérieux, je la scrute alors qu'elle semble froide comparé à l'ambiance de la salle qui était chaleureuse quand j'y suis entré. Ou peut-être n'était-ce qu'une façade... Comme un bon toutou docile, je fais un sourire amical et idiot lorsque la directrice exprime l'approbation de mes paroles alors que j'ai dit ça un peu au hasard pour tenter de calmer le jeu. Peu importe de savoir si le classement est moral ou pas : brosser la patronne dans le sens du poil, c'est mon dada, et il faut bien que le chèque arrive à la fin du mois. Choix égocentrique peut-être, mais dans ce monde, on a rien sans rien, et même si les écoles élitistes passent souvent des contrats avec le diable, elles possèdent les procédés et les contacts pour faire de ces élèves de futurs adultes au-dessus de la moyenne. Il est vrai, aussi, que quand on y pense, beaucoup sont venus par la chance. Un test de QI et si l'enfant le réussit, peu importe son milieu d'origine ou son passé, il a une chambre en ces lieux. Au final, je ne saurais jamais vraiment dire si j'approuve les méthodes de Prisme, mais tant que je suis payé, comme dit la directrice, ce ne sera pas à moi d'en discuter. Après tout, s'il y a des personnes qui devraient être dérangées, ce sont bien les premiers concernés, soit les élèves eux-mêmes. Et s'ils pensent comme leurs professeurs qui les défendent bec et ongle, alors l'avenir risque d'être très intéressant à suivre. Lorsque vient la pause manger, je ne suis pas le dernier à me lever de ma chaise. En bon gourmet que je suis, je n'attends pas avant de précipiter vers le banquet -sans trop me montrer pressé non plus- et prend un des petits fours qui trônent sur la table et semblent dire 'venez nous manger'. D'ailleurs, malgré ce que je sais de lui, Eden a été bien sage et silencieux. Et je pense à lui car il a eu la même idée et s'est jeté sur la nourriture. Sa bouche pleine alors qu'il tente de parler me tire un rire franc à son encontre.
« Haha ! Eh bah dis donc, ça te met en appétit, les réunions. Ma foi, je peux comprendre. Nous sommes très bien servis. »
Je ne peux pas dire grand chose, après tout, vu que je me régale moi-même de ce qu'on nous offre pour la soirée. En même temps, c'est bien normal, nous supportons les adolescents toute l'année, alors on a bien le droit à un peu de répit de temps à autre, et surtout... de délicieuses petites gourmandises que je vois un peu plus loin sur un coin de la table. Elles sont intouchées. Et pourtant ces mini-éclairs au chocolat me donnent l'eau à la bouche, avec leur glaçage brillant par-dessus. L'intérêt aussi à Prisme, c'est qu'on profite du cadre anglais sans la mauvaise bouffe qui va avec.
« Eh bien, eh bien... Pas commode, la dirlo, elle a dû se lever du mauvais pied, ce matin. »
Je m'approche de la table en veillant à ce que la concernée ne soit -bien évidemment- pas dans les parages. J'aurais pas eu l'air fin, moi, à parler de ça avec ma pâtisserie entamée. Mais même si j'ai pris son parti, cela ne m'empêche pas de rigoler avec les autres, heureusement. Nous ne partageons peut-être pas toujours les mêmes opinions mais ils restent de bons copains.
D’un geste de la main, elle envoie valser les remarques de cette directrice. La conversation l’ennuie et elle regrette qu’ils doivent être ici à discuter plutôt qu’à descendre des verres au bar. Elle regrette ces débats houleux qui lui donnent envie de cracher sa haine au visage des naïfs. Fever choisit l’insolence comme ultime rempart face à la bêtise de ses collègues.
Elle en aurait des remarques à faire sur les élèves, des bonnes comme des mauvaises. Elle n’a pas besoin du classement pour les reconnaître. Ceux qui recherchent la réussite au point de s’en tuer la santé. Ceux qui sont perdus mais qui persistent. Ceux qui parviennent à mêler travail et bonheur. Ceux qui s’en fichent. Ces enfants fréquentent tous à un moment la bibliothèque. De là naît la rencontre avec cette femme trop sévère qui les observe du coin de l’œil, souvent pour les comprendre, pour mieux appréhender une réalité tangible pour mieux développer nowhere. Et par nostalgie.
Elle en aurait des remarques à faire, mais elle ne dit rien. Elle laisse cette tâche aux professeurs, ceux qui ont pour rôle de protéger ces enfants d’eux-mêmes. Ceux qui échouent lamentablement. Elle garde ce sourire insolent, ce sourire presque mauvais qu’elle revêt continuellement. Elle garde ce sourire comme un bouclier.
Fever tuerait pour une cigarette. À la place, elle se dirige vers ses collègues avec cet air agacé. Elle déteste les buffets, à croire qu’elle en a trop fréquenté dans ce monde universitaire pourtant si peu côtoyé.
— Tu es donc incapable de manger proprement ? Sa voix est dure alors qu’elle s’incruste aux côtés d’Eden. Peut-être fait-elle preuve d’élitisme en jugeant systématiquement sa manière de manger, mais lui laisse-t-elle réellement le choix ? Tu devrais penser à mâcher. Je sais que tu entretiens une relation privilégiée avec la nourriture, mais je te promets qu’elle ne va pas disparaître.
Elle attrape un verre avec un soupir de soulagement, lançant un regard dédaigneux aux petits fours. Elle déteste manger en public, elle déteste l’idée de se salir, de tâcher ses vêtements où que des miettes viennent détruire ses efforts à garder un rouge à lèvre parfait. Alors officiellement, elle n’a pas faim. Et si cette excuse stupide peut lui permettre de laisser plus nourriture pour que Eden puisse se goinfrer, elle s’en réjouit silencieusement.
— Tu dis ça comme si tu l’avais déjà vu commode. Son regard s’attarde sur la directrice à l’autre bout de la pièce. Et elle se demande quels secrets se cachent derrière cette femme, quels secrets hook pourrait être amené à révéler ? En tout cas, heureusement, cette réunion stupide est enfin terminée.
Son sourire ne s’adresse qu’à Dorémi. Et pourtant, c’est de Eden dont elle se rapproche. La présence de cette lamentable infirmière dans la même pièce l’irrite. Elle reste intimement persuadée que celle-ci cherche à coucher avec le russe, et elle pourrait la tuer pour ça. Alors elle surveille Eden. Au cas où.