caractéristiques physiques
Elle se prépare le matin comme on se prépare pour la guerre. Recherche incessante d’une perfection inaccessible. Son court carré noir brille sous les coups de brosse alors qu’elle guette avec horreur les moindres cheveux qui dépasseraient, prête à le couper avec la précession des plus grands démineurs. Son attention se fige sur cette peau si blanche qu’elle laisse entrevoir le bleu de ses veines, cette peau fragile qui jure avec ses aspirations si grandes. Elle la recouvre, ses cols roulés sont un bouclier. Ils protègent ce qui doit rester cacher, les fines lignes qui ornent désormais son corps, tatouages en pagailles aux significations cachées. Trop petite, elle choisit les talons comme arme, pour compenser, pour rappeler que les artifices suffissent à se hisser sur le toit du monde. Souvent, le maquillage est sa peinture de guerre, elle le manie avec délicatesse, à la recherche d’une symétrie illusoire.

caractère
Elle est la tempête qui s’abat, celle qui bouscule la grisaille quotidienne. La belle est entière. Aimer à en avoir le souffle couper ou haine viscérale, elle est l’un et l’autre, elle se refuse l’entre-deux. Ses décisions restent inflexibles, elle prend ce qu’elle désire, se sert comme si le monde lui appartient. Parce que c’est le cas. Elle provoque à s’en brûler les ailes, se meurt de passer inaperçue. Elle charme pour exister, ressent ce besoin permanent de ressentir l’intérêt des autres pour sa personne.
Elle est cette force orageuse, celle qu’on ne souhaite pas voir exploser. La colère arrive sans prévenir, sans raison pour le reste du monde. Dans sa tête se bousculent les plans exacts, millimétrés des faits à venir. L’erreur de calcul n’a pas sa place dans son monde idéal, et chaque instant qui dérive lui fait l’effet d’un éclair lui transperçant le cœur. Elle sait ne pas pouvoir commander les autres ; elle aimerait parvenir à gérer sa propre vie. Parce que ses sentiments la contrôlent, non l’inverse. La jalousie qui tonne en elle perpétuellement lui rappelle qu’elle n’est qu’une humaine. Peu importe les mensonges qu’elle livre abondamment, elle ressent des choses, et elle en a peur.
Elle est le chaos, pour elle et pour les autres. Sa vie n’est que recherche perpétuelle d’une perfection inexistante, recherche qui se heurte aux murs de l’échec. Déjà gamine, cette lutte l’obsède. La démarche se veut personnelle ; elle doit être parfaite, répondre aux attentes toujours plus brutales. Mais qui les fixent si ce n’est son cerveau intransigeant ? Et du jour au lendemain, elle choisit de changer le monde, pour l’améliorer lui-aussi. Le salut est dans l’absence de domination. Oscillation constante entre ces deux états ; entre désir tenace et besoin de relâchement. Le soir venu, il n’en est que plus difficile de lutter, d’accepter ses envies.

opinion sur le classement et nowhere
Un simple mot et la crise d’angoisse gronde dans ses entrailles. Souvenirs douloureux du rendez-vous hebdomadaire, de l’heure buttoir où chaque semaine le classement est remis à jour. Elle se souvient des terreurs nocturnes, de la dualité qui a secoué ses nuits ; de cette envie de lâcher toujours plus présent qui s’écrase face à son besoin de réussir.
Encore aujourd’hui, elle ne peut s’empêcher d’y passer, le même pincement au cœur. Elle observe ces enfants perdus, mais ce n’est plus la peine qui l’anime. Il ne lui reste que la colère.
Alors elle se connecte à nowhere, attire à elle ceux prêts à lutter. Elle est Hook car la solution se trouve dans l’anonymat, la déshumanisation pour le bien commun, pour soulever les masses et abolir les tyrans.

faits inutiles
est arrivée à Prisme à dix ans + s’habille majoritairement qu’en noir + corne les pages de ses livres pour marquer les pages + bisexuelle + aime trouver le livre parfait pour chacun + accro à la caféine depuis son adolescence + joue de l’alto à ses heures perdues + souvent une clope à la bouche + sa bibliothèque personnelle est pleine à craquer d’essais politiques + ne tient pas l’alcool + chante l’hymne russe quand elle a trop bu + docteure en histoire contemporaine + parle russe lorsqu’elle est énervée + déteste la famille royale britannique + n’est pas communiste.

ville et pays d'origine : saint-pétersbourg, russie.

comment êtes-vous arrivé ?
Elle a dix-sept ans, thèse en poche, et doit quitter l’orphelinat. Elle a dix-sept ans, elle doit faire sa vie, appartenir enfin aux grands de ce monde. Elle a dix-sept, la peur au ventre à l’idée de partir, d’abandonner ces gamins, de voir ces petits monstres avoir la même vie qu’elle. Elle a dix-sept ans et elle décide de rester, de reprendre la bibliothèque, et de préparer la révolution.

mère patrie
Sa vie n’est que privilège.
Son père est un diplomate important.
Sa mère organise des œuvres de charité pour petits-bourgeois.
Elle erre dans le manoir familial comme une princesse.
Sa vie n’est que privilège et tout explose subitement.
Accident ou assassinat ?
Les adultes mentent. La mafia a tué ses parents.

Elle se souvient avec une précision macabre de l’annonce. Elle se souvient de la chaleur de la pièce, du froid qui s’insinue en elle. Elle se souvient des larmes, de cette première confrontation à la mort ; d’avoir cherché à se raccrocher à quelque chose – à quelqu’un – malgré la certitude que rien ne subsiste. Sa vie n’est plus, et la guerre commence. Dernière volonté du père inflexible, elle quitte la mère patrie pour la grisaille britannique. Elle fuit son pays et sa mafia, ceux qui pourraient lui vouloir du mal. Elle abandonne son héritage à ceux qui veulent, cousins obscurs, pour se réfugier dans les terres de son précepteur. Personne ne lui sèche ses larmes, personne ne la borde. Tiens-toi droite et reste forte. Elle n’est arrivée que depuis quelques jours qu’elle passe déjà le test qui l’enverra à Prisme.
Et la belle Anastasya devient la dangereuse Fever.

brûlures d’adolescence
Travailler.
Pleurer.
Recommencer.
Focaliser son existence sur le classement.
À Prisme, seul compte cette compétition perverse.
Et elle explose en plein vol.
Elle explose pour mieux renaître. Plus forte. Plus déterminée.
Elle veut y mettre le feu.
Brûler les tyrans qui les dominent.

Elle garde pour cette deuxième maison un amour malsain. Parce que l’orphelinat l’a accueillie quand elle n’avait plus nulle part où aller. Parce qu’il lui a offert cette seconde famille qu’elle n’aurait jamais dû avoir. Parce qu’il l’a traînée dans la boue, rabaisser au point qu’elle envisage le pire avant de se rappeler d’où elle vient. Il faut répudier la faiblesse.
Les lectures s’enchaînent. De théories en théories, elle comprend la société. Les processus de domination gangrènent l’humanité. Il faut abolir privilèges et argent, hiérarchie et élite. Elle contemple d’un regard inquisiteur son environnement, là où naissent les grands de ce monde, là où il est opportun de frapper fort.
Mais Fever se fait patiente, elle attend son heure. Dans sa chambre s’empilent au sol ouvrages sociologiques et philosophiques. L’ordinateur souvent préféré trône sur le bureau. Chaque révolution a besoin d’un outil, et elle trouve le sien dans ce clavier.

révolution
Nowhere.
Il est ce paradis où l’illégal est permis.
Simple jeu ou début d’un grand tout.
Hook n’est plus le fantasme de la bibliothécaire.
Hook est tout le monde, et personne à la fois.
Hook est un cauchemar.
L’ombre de la révolution.

Rester dans cet orphelinat de malheur est sa meilleure décision. Rester lui permet de bouger les choses. Même si c’est long, même si c’est lent. Elle rejette en bloc ses idées les plus explosives, elle rejette la lutte armée dans les couloirs et les salles de classe. Il faut mobiliser la base, mobiliser les dominés pour renverser le système en place. Le classement paraît opportun, simple porte d’entrée pour quelque chose de plus grand. Simple porte d’entrée ou vengeance personnelle pour son tortionnaire. Alors il y a deux ans, elle lance Nowhere.
Parfois, elle oublie sa mission. Les rires et les soirées, les doux moments d’euphories adoucissent la lutte, et elle s’en veut. La culpabilité la ronge, car sa mission est grande, sa mission est importante. Et pourtant, il y a ces mêmes erreurs qui recommencent inlassablement, ces réveils difficiles dans les draps froissés du beau garçon ; celui qui la ramène bien loin, aux visites de la mafia de sa Russie natale, celui qu’elle a reconnu à la seconde où elle l’a revu, cet adolescent perdu au milieu de son salon qui a bien grandi. Distraction éphémère.
À la fin, seule subsiste la lutte.
L’avènement de la révolution.