{ Yin

Listen, listen...

art, nom masculin
certaines personnes sont des artistes. d'autres, eux-mêmes, sont l'Art.

Fade. Terne. Insipide.
Pour ses yeux d'un bleu perturbant. Pour ses cheveux mal lavés. Pour ses vêtements vulgaires.  

Yin n'a pas de charme. Ou au moins, elle n'attire pas le regard des autres. Du haut de son mètre soixante quinze, elle reste invisible aux yeux du monde. Il y a pourtant cette odeur nauséabonde coincée dans l'air lorsqu'elle avance. Cette odeur d'Art, qu'elle l'appelle.

La beauté chez Yin ;
c'est par les étincelles dans ses yeux lorsqu'elle parle de sa passion.
De son obsession.

obsession, nom féminin
réflexion qui monopolise l’attention et la concentration d’une personne qui ressasse cette idée fixe jusqu’à ce qu’elle l’ait résolue ou obtenue.

Yin, il n'y a rien qui l'intéresse mise à part l'Art. Elle excelle uniquement dans cette matière si bien que certains se demandent si elle a vraiment sa place dans l'orphelinat de Prisme.
Et puis, l'on découvre ce talent. Ou plutôt, cette obsession. Yin ne vit que pour l'Art [plutôt plastique] ; que ce soit à travers la céramique, la peinture ou encore la sculpture. C'est dans ses yeux que l'on y retrouve la folie ; des plus grands, certains diront.

Et c'est pourquoi il est rare d'entendre sa voix. Forte et cassée. Comme si elle oublie quelques fois qu'elle est mortelle. Ce qui est le cas, dans le fond. Elle oublie de se nourrir, de se laver, de communiquer avec les autres tant son obsession la tient en éveil.
Le seul besoin qu'elle respecte, c'est son sommeil. À la manière d'un robot, elle est réglée comme une horloge et pas une trace de cernes ne couvrent sa peau. Son corps, quant à lui, subit des jeûnes forcés et est ainsi habitué à manger peu. C'est d'ici qu'elle tient sa taille fine et mélangée à une forte ossature, la voilà bien formée.

yin, nom féminin
un sens profond et mystérieux de la beauté de l'univers qui déclenche une profonde réponse émotionnelle.

Image de la philosophie ;
de la pensée chinoise.

Le Yin.
C'est la lune, l'obscurité ;
l'hiver, l'inconscient.

Yin.
C'est l''illogisme, le rêve ;
la solitude, la passivité.

On y voit toutefois les reflets d'une petite âme à la mémoire, semble-t-il, éternelle. L'importance des souvenirs, de l'enfance et des traditions est centrale. De là s'expliquent ce sérieux et cette humilité.

Cependant ;
on ne comprend pas cette loquacité lorsqu'on lui adresse la parole. Comme si elle ne parlait jamais et n'avait pas beaucoup d'amis si ce n'est aucun.
Yin, quand elle se rend compte des autres, elle est toujours seule. Très seule. Et c'est alors beaucoup de tristesse qui l'envahit. Pour s'évader, elle rêve énormément. Elle s'échappe dans un monde où elle peut faire taire ce sentiment et ce sont certainement les étoiles qui lui sied le mieux. D'où ce choix de spécialité qu'est l'Astronomie.

Par crainte de dégoûter :
elle ne s'énerve jamais contre les autres ;
elle ne vante jamais son talent ;
elle ne dit presque jamais la vérité ;
elle a toujours ce sourire sur les lèvres quand on lui parle.
Au final, Yin a très bien conscience du dégoût qu'elle inspire aux gens.

classement, nom masculin
désiré, mais jamais aimé.

16ième.
Un chiffre honorable lorsque l'on connaît sa relation avec les autres matières. Elle n'apporte toutefois pas plus d'intérêt au classement qu'à ces dernières matières. Non par conviction mais par manque de temps.
Yin est loin d'avoir conscience de la pression qui repose sur ses épaules. Autrement, sa peur de l'échec assombrirait certainement ses journées.

Il en va également de même pour NOWHERE. Bien qu'il s'agit d'une autre forme de peur. La peur des conflits qui pendent au nez de ceux qui s'aventurent dans ces eaux sombres.
Quelques fois… Quelques rares fois, il lui arrive cependant d'être foncièrement attirée par ce danger-là. Il lui arrive de s'imaginer pouvoir échanger avec d'autres enfants sans l'étiquette de la loufoque sur le dos.

Quel drôle de rêve !

One upon a time there was a little soul

ville et pays d'origine : née à Huanggang, Chine et grandi à Oxford, Angleterre.  

Yu ne se souvient pas.
Il n'y a que cette odeur, cette si mauvaise odeur dans sa mémoire. Ces couleurs chaudes qui lui donnent l'impression que le soleil caresse encore délicatement ses cheveux. Et puis, les contours de visages qu'elle est persuadée de connaître.
Voilà donc ce qu'il lui reste de ses parents.

Pour le reste, il n'y a eu qu'une longue et terrible solitude. Privée d'un amour qu'elle a oublié, la petite fille n'a jamais rien connu d'autres que des histoires d'autres enfants qui, comme elle, ont vécu bien plus qu'il ne le faut à leur âge.

Rien n'a jamais retenu l'attention de la petite fille morne. Rien sauf cette odeur nauséabonde, une odeur qu'on lui somme d'oublier mais qui la hante, l'obsède chaque heure, chaque minute, chaque seconde de son existence.
Et alors, au détour d'une journée, elle sent quelque chose qui s'y rapproche : elle sent ce qu'elle appelle l'Art.  

Or ;
l'Art est élitiste et n'est qu'à la portée de ceux qui en ont les moyens. Alors, Yu, du haut de son petit mètre, qui aimait, aimait et aimait tant cette discipline, devait se satisfaire du néant car ni sa mère ni son père ne pouvaient lui offrir ses rêves sur un plateau d'argent. Après tout, ils étaient déjà loin.
L'Art fait désormais partie de ces choses incomprises, de ces choses qui répugnent. L'élite se targue d'aimer ces choses-là et de pouvoir en vivre. Seulement, les autres, ceux qui n'obtiennent pas les mêmes droits à la naissance, doivent se contenter d'enseigner dans des lycées ou simplement, de faire taire leur passion.

comment êtes-vous arrivé ? Au mépris de cette réalité, pour Yu, il ne s'agit pas de passion. Il s'agit d'obsession. Les autres enfants, les autres adultes ne comprennent, ne comprennent pas ce qu'elle sent. Et ces mêmes autres commencent à s'inquiéter face à leur ignorance. Les yeux d'un bleu dérangeant sont le reflet de sa personne : la petite fille est perturbante, ferait presque peur. On cherche donc à donner une explication à l'étincelle dans ses yeux démentiels, mais plutôt que de trouver un problème, on trouve un potentiel.