Des caractéristiques physiques ?

Classement des plus beaux mecs de Prisme.

« Déjà, on met Clown en première position directe.
- De ouf. 
- Qui est-ce qu’on doit placer encore ?
- Alors, il reste Castor, Knight, Orqu…
- Knight purée il est trop beau, on dirait un mannequin, viens on le met un peu après Clown…
- Ok… Haemon on le met où ?
- Plus bas.
- Beaucoup plus bas, ptdr. Elle l’avait dit littéralement, ptdr : à voix haute, chaque lettre. Puis une quatrième voix :
- Quand même, il a de beaux cheveux…
- Tu déconnes, il les coiffe même pas.
- A se demander s’il les lave…
- Nan mais j’pense, c’est ses cheveux qui veulent ça - genre - ils se disciplinent pas quoiqu’il fasse, c’est tout. Pis ça fait son charme un peu, nan ?
Le silence qui s’ensuit n’est pas très engageant. Elles n’arrivent pas à se décider où le mettre. La dissidente complique les choses.
- Et oui, on dirait qu’il a pas dormi d’puis sa naissance, mais s’il se reposait un peu…
- Nan mais attends là.
Le ton était tout de suite beaucoup plus autoritaire. Elles ne peuvent plus permettre la déviation de leur pote comme ça. Il faut réagir, elle fait totalement fausse route. Si elle continue comme ça, c’est clair et simple, elles ne pourront plus traîner avec elle.
- T’as vu tous ses boutons dégueulasses sur son front ? Ses points noirs sur le nez ? Ses cicatrices d’acné sur les joues ? Ses veines sur les bras qu’on dirait qu’elles vont éclater ? Son petit corps tout maigre ? Et en plus il est même pas si grand ? Je continue encore longtemps comme ça ou t’as compris ?
Haemon sera bas dans le classement et c’était sans appel.

Caractère :
Tu réponds pas à mes messages.
Purée t’es chiant, faire genre t’en as quelque chose à foutre.
Tu donnes grave l’impression en fait t’as pas besoin de nous.
Haemon comprend pas. Pour une fois, y’a une lueur dans ses yeux, et c’est de l’incompréhension, franchement.
Nan mais c’est vrai, il est pas toujours très réactif. Oui bon d’accord, il pourrait faire un effort. Mais les effusions de bons sentiments, c’est fatigant un peu nan ? Quand même. Nan je vais pas te taper dans le dos, t’entourer les épaules du bras, et te rappeler à chaque fois qu’on se dit bonjour qu’on est amis. ‘Fin je sais pas c’est plus solide que ça quand même, y’a pas besoin à être rassuré tout le temps comme ça ? Nan mais, oui, bien sûr, je t’apprécie, c’est pas la question, je remets pas en doute ça. Oui c’est bon ! D’accord ! Je ferai plus d’efforts !

Narrateur : no you won’t.

Pis tu pourrais être plus sympa avec Antigone, vas-y c’est bon elle t’a rien fait.
Bah c’est bon moi non plus je lui ai rien fait, je vais pas être hyprocrite non plus.

Pis elle est chelou un peu nan ?

Opinion sur le classement et NOWHERE : il est totalement pour NOWHERE et songe à mettre à disposition ses compétences en informatique pour aider Hook - et ce même alors qu'il ne connait pas son identité. Quant au classement, il trouve que c'est un concept terriblement anxiogène et déshumanisant, ce qui fait que la pensée d'Haemon est totalement en adéquation avec celle de NOWHERE. Toutefois, il ne revendique pas pour autant haut et fort ces réflexions, et il ne peut pas prétendre à de réelles revendications. Cette inclination de la part de l'adolescent résulte davantage d'une certaine lassitude de Prisme, que d'une véritable construction idéologique et politique de sa part.  

Ville et pays d'origine : angleterre
Comment êtes-vous arrivé ?

6ème année, juin 219, Haemon a 15 ans et le coeur de l’été est en avance cette année.

Il essayait de se faufiler vers la sortie sans se faire voir, mal à l’aise dans le costume qu’on lui a prêté. Il tirait sur le col avec les yeux collés au sol quand il se fit repérer et qu’une grosse voix aiguë l’appela dans son dos. Il retint avec grande peine une grimace de lassitude et de désespoir, avant de se retourner, mais ses yeux qui rencontrèrent ces autres yeux, exprimaient probablement une telle tristesse, sans qu’il s’en rende compte, qu’on le prit en compassion. Ca signa sa fin et en même temps, le début d’une soirée qui allait être déterminante pour la suite.

« Enfin Haemon, ne vous enfuyez pas comme ça ! Venez avec moi, on va arranger ça. »

Ce qui était à arranger était obscur pour Haemon et on le guida par le bras au milieu des danseurs inconfortables, et des jeunes adolescents maladroits, qui se vérifiaient dans les miroirs accrochés tout le long des murs. C’était le bal de fin de scolarité des dernières années, tout le monde était convié, personne ne voulait être là. Encore moins le petit groupe de jeunes filles à l’abri derrière une grosse plante verte, et qui profitaient de ne pas se faire voir pour parler de tout et juger tout le monde. L’une d’elle écoutait sans rien dire, était terriblement fine et les cheveux courts au-dessus des épaules. On le mit dans ses bras et on les incita tous les deux à danser.
Ils se glissèrent en silence jusque sur la piste. Ils ne s’étaient pas présentés. Ils ne disaient rien, et ils se plièrent au devoir qu’on leur avait assigné sans se dire un mot, avec une rigidité toute surprenante pour de si jeunes corps. Elle avait les mains sur ses épaules, lui, les siennes, sur sa taille qui n’en finissait pas de finesse. Elle sentait un peu la sueur en même temps que les fleurs - un parfum, très certainement, plutôt qu’un savon ou un lait - et il sentait sous sa robe, sa peau devenir moite d’avoir trop chaud. Ce n’était pas si désagréable que de rencontrer un corps, ainsi, dans ces circonstances : ils n’avaient - encore - rien dit et ça aurait tout gâché s’ils avaient échangé ne serait-ce qu’un seul mot. Haemon rapprocha sa joue de ses cheveux et ferma les yeux. Bien qu’il guidait, avec une infinie maladresse, il avait l’impression d’être bercé, et qu’il pourrait s’endormir là, contre ses cheveux, d’un sommeil long de juste. Elle se laissait porter, toute légère qu’elle était, terriblement conciliante et docile, apportant d’elle-même à leur deux coeur et à leur deux respirations, un calme depuis si longtemps recherché. Ils ne connaissaient peur leur nom, c’était très bien ainsi. Il allait même se prêter à sourire, quand elle rompit tout le charme du moment. Elle s’était mise à rire comme on éclate un verre au sol, avec violence, et s’était éloignée de lui.

« En fait, tu n’as pas plus envie que moi de danser. »

Haemon ne comprenait pas.

« Viens, suis-moi. »

À nouveau, on le prend par le bras ; à nouveau, on le guide dans la grande salle, et ils se dirigent vers ces mêmes grandes portes qu’il avait cherché à franchir discrètement plus tôt. A deux, c’était plus facile, et personne ne firent attention à eux. À nouveau, elle se taisait, mais les choses avaient changé. Il sentait son petit corps menu comme parcouru d’éclairs électriques, qui donnaient à chacun de ses pas et de ses regards une tension un peu inconfortable. Il avait du mal à comprendre comment c’était possible après la danse qu’ils avaient partagé. Probablement que s’ils n’avaient pas commencé par là, il ne l’aurait pas suivi, mais ça avait fini de l’intriguer, alors il se laissa faire.

Dans le parc, elle s’installa sur un muret qui délimitait un coin de jardin fleuri, les branches d’un arbre au-dessus d’elle.

« Je me souviens de toi. »

Il la regarda vraiment pour la première fois. Il remarqua la spécificité de ce visage, large au front, étonnamment longiligne vers le menton, et les yeux qui s’enfuyaient vers les tempes. Ses sourcils étaient étonnamment épais, fournis, denses et noirs, pour une fille, et elle avait un grand nez busqué. Elle n’était pas très jolie, en somme, et son regard avait quelque chose de bizarre, sans qu’il puisse se l’expliquer. Mais surtout, elle ne lui disait rien, et il dût avoir un visage qui l’exprimait car elle-même dû se sentir mal à l’aise : elle amorça autrement en parlant d’autre chose.

« Je suis Sherazade, je suis classée 18ème, et je pars cette année. Je me suis spécialisée dans les langues orientales, je parle couramment le farsi et l’arabe, et je vais continuer des études jusqu’à devenir traductrice-interprète pour des organisations internationales et gouvernementales. »

Il hocha de la tête. Ça l’ennuyait. Il n’aimait pas cette façon trop commune à Prisme de se présenter. Mais il s’y pliait souvent, et il allait justement le faire quand elle reprit.

« Toi, tu es là grâce à ton père. »

Il se détendit comme un ressort, se redressa de toute sa maigre carrure et ses yeux envoyèrent des éclairs, pris dans un orage qui allait éclater d’un moment à l’autre. Encore une fois, elle le désarçonna en riant :

« Tu as frappé Tournesol en 4ème année à cause de ça. »

L’orage de ses yeux devint confus, entre honte et colère. Il ne savait pas comment réagir, et il n’avait toujours pas pu placer un mot. La compagnie de Sherazade commençait à lui peser et il regrettait de l’avoir suivie, d’avoir dansé avec elle, de s’être laissé faire et guidé jusqu’à elle.

« Il t’avait provoqué parce que tu étais l’un des rares à avoir la chance d’avoir encore un parent. Au moins un parent, toujours vivant. »

Il fallait qu’il la fasse taire, mais il ne savait diablement pas comment s’y prendre. La gifler n’était pas concevable, parce que c’était un garçon, un jeune garçon encore stupide, emprunt de codes sexistes et genrés qui mêlaient autant de règles que de contradictions.

« Comme il travaille ici, tout le monde a cru que tu étais un pistonné qui ne devait sa place que par son père, et que tu n’avais en réalité pas l’intelligence requise. Alors que c’est faux. Tu as autant ta place ici que Tournesol ou que moi. Et tu as redoublé d’efforts pour améliorer ton classement, tant et si bien, toujours un peu plus. Grade après grade. »

La démone. Elle disait tout ça bien trop calmement, et même, en souriant un peu. La baffe va partir, ça lui picotait dans les doigts. Sauf qu’heureusement, elle finit par la fermer enfin. Le silence créa un gouffre immense entre deux, les séparant définitivement, et on pouvait comme voir, si et seulement si on avait l’œil fin - ce qu’elle avait -, comme des vents contraires et tourbillonnant entourant le corps d’Haemon, avec plein de points noirs, et qui le coupait totalement et définitivement du reste du monde.

« Tu sais, ma mère est femme de ménage ici. »

Elle avait toujours un train d’avance sur lui, elle le prenait systématiquement de court, comme si elle savait lire dans l’avenir, prévoir ses réactions et ses pensées, et le monstre de contrôle que représentait Haemon détestait ça. Il détestait qu’en une phrase, elle ait pu faire sauter le verrou, disperser les nuages, calmer l’orage, qu’elle avait elle-même initié. Il la regarda à nouveau, à nouveau il fut mal à l’aise. Elle avait un truc dans les yeux, c’était bizarre.

« On te critique parce que tu te mêles qu’à moitié aux autres, n’est-ce pas ? C’est étrange, hein, comme on veut bien de nous, mais seulement à moitié, et puis après c’est eux-mêmes qui nous reprochent de ne pas être totalement avec eux. »

Ce n’était pas dit clairement, il y avait des problèmes de formulation et c’était un peu trop abstrait. Pourtant ça le toucha direct et il la comprit tout de suite. Il commençait à se laisser faire, à être plus docile, à arrêter de se débattre. Elle le bousculait pour qu’il veuille bien l’écouter pour de vrai, et ce n’est que maintenant qu’il commençait à comprendre sa démarche. Peut-être un peu agressive.

« Tu sais, moi, je pense que c’est plutôt bien comme attitude que tu as. T’es dans ta bulle, t’as pas vraiment vraiment besoin des autres, tu te construis tout seul. Ça peut sembler triste, c’est sûr mais… » Elle faillit dire quelque chose mais se ravisa : c’était la conclusion. Ce sera pour plus tard. « Comment dire ? C’est vrai que c’est pas tout à fait normal. Je veux dire : se sentir en décalage comme ça, un peu sur le bord de la route, c’est un sentiment qu’on est censé avoir qu’avec les autres. »

Les autres ? Interrogèrent les yeux d’Haemon.

« Mais si, tu vois bien : ceux qui ne sont pas comme nous. Tout le reste du monde. Tout le monde extérieur à Prisme. Là-bas, dehors. »

« C’est avec eux qu’on doit se sentir mal, mais surtout pas entre nous. »


« Sauf pour toi. Toi, tu te sens mal dedans, et tu te sentiras mal dehors, pour toujours. »



« Et pourtant, et probablement sans le savoir, tu as choisi la bonne attitude à adopter face à ce genre de situation : tu l’acceptes, tout en la contrôlant dans la mesure du possible. »



« Un pied à moitié dedans, l’esprit à moitié sollicité, le coeur à moitié rempli ; c’est le seul moyen de se préserver et de se préparer à ce qui nous attend. »




« Il ne faut pas chercher à être heureux, c’est pas pour nous, on n’a pas le temps pour ça. On n’est même pas fait pour ça. On n’est pas né pour un jour le devenir. »





« Il ne faut pas chercher à être heureux. Nous, les gens de Prisme, on se trompe là-dessus. Il faut chercher à maintenir son calme. Tu seras triste, oui, peut-être frustré. Mais c’est probablement, à force d’efforts, que tu réussiras à apaiser ton coeur de toutes ces angoisses. »






« Tu ne seras pas heureux et tu ne dois pas chercher à le devenir. Mais tu seras calme, et c’est le meilleur qu’on puisse se souhaiter. Nous ne serons jamais heureux, mais nous aurons une vie passionnante. »







Sherazade a obtenu son diplôme de fin d’année et est partie définitivement à Oxford pour continuer ses études. Parfois, Haemon la recontacte, mais elle ne répond jamais à ses messages.

La soirée aura été déterminante. Sans que personne ne s’en aperçoive, une petite révolution advint et Haemon se montra beaucoup moins insolent, que ce soit avec ses camarades ou avec les professeurs. La crise d’adolescence est passée, et bien qu’il y ait encore ici ou là quelques réminiscences, ce ne sont que des incidents mineurs, peu remarquables. Quant à ses relations avec les autres, elles se sont apaisées sans pour autant gagner en solidité.
Haemon ne se lit toujours pas avec les autres.

Sherazade avait un strabisme divergent.

Autre ? désolée mais je rends jamais les devoirs facultatifs, je suis hyper paresseuse. Donc non, rien d'"autre". :((